Douleur et tendresse pour les familles endeuillées et si dignes, fierté de voir ma mère et mon père (la France et Israël) en harmonie. Avec, cependant, une note de malaise, tout d'abord à l'égard de Netanyahou, comme toujours excellent communicateur, mais dont une partie du discours était empreint d'arrière-pensées électoralistes.
Et aussi à l'égard du président français qui assurait les adolescents présents que les lieux de culte et les écoles juives seraient sous protection policière aussi longtemps qu'il le faudra.
Si les Juifs doivent être protégés lorsqu'ils prient c'est donc bien la preuve que la démocratie ne fonctionne pas si bien que cela en France, en dépit des belles paroles. Car si c'était le cas, si la Liberté était totale, si l'Egalité était réelle, et si les Français faisaient preuve de Fraternité, alors "mon père et ma mère" n'auraient pas eu besoin de se retrouver à Toulouse.
Bien sûr, j'aurais pu m'insurger contre la farce judiciaire d'Istanbul si ridicule et déshonorante pour la Turquie qui "juge", par contumace, quatre commandants de Tsahal pour l'affaire de la flottille contre lesquels ont été requis 18.000 (il n'y a pas faute de frappe…) années de détention.
Mais j'ai plutôt envie, cette semaine, de partager avec vous un autre regard sur Israël, celui qu'on évoque plus rarement, différent de ce pays habituellement diabolisé et caricaturé que la communauté internationale ne connaît qu'au travers des attentats qui s'y commettent et des actions militaires pour la survie de son peuple et la défense de son territoire.
Car il y a aussi l'Israël de tous les jours, celui d'une culture débordante, d'un art de vivre, de la tolérance (oui, oui), de la responsabilité citoyenne, du respect de l'environnement et il y a même, je vous assure que c'est vrai, un Israël avec des jours où il ne se passe strictement rien.
Parmi les 100 musées les plus visités au monde, Israël en possède 2 (Musée d'Israël à Jérusalem et Musée d'Art moderne de Tel Aviv).
Israël détient le record mondial du nombre d'abonnements de théâtres et d'orchestres philarmoniques par rapport à son nombre d'habitants.
Les films israéliens collectionnent les succès en salles comme les prix dans les festivals, les Césars et les Oscars.
Ce n'est pas pour rien que nous sommes le Peuple du Livre : la littérature et la poésie israéliennes ont depuis longtemps acquis leurs titres de noblesse.
Cette semaine encore, Avraham B. Yehoshua, a été couronné par le prix Médicis étranger pour Rétrospective, un roman mélancolique sur les mystères de la création artistique. David Grossman, avait reçu le Médicis étranger en 2011.
Toujours cette semaine, une chercheuse israélienne, le Dr Sarit Sivan du Technion de Haïfa est l'un des trois lauréats du nouveau prix Marie Curie de la Commission européenne, qui récompense des avancées majeures dans le domaine de la recherche. Je n'évoquerai pas les prix Nobel ni l'accumulation des récompenses dans tous les secteurs d'activité, ce serait fastidieux.
Bref, Israël est dans le groupe de tête des pays qui contribuent le plus à l'évolution du bien-être de l'humanité.
Justement, ici, la qualité de vie est devenue un art. On profite de l'instant, les Israéliens sont les rois de l'insouciance, et c'est tant mieux.
Les vendredis et samedis, les cafés et restaurants sont pris d'assaut, on sacrifie à la tradition du brunch, en famille, entre amis. Les buffets israéliens sont légendaires, d'ailleurs le petit déjeuner d'un célèbre café-librairie de Jérusalem a été primé, cette semaine, par le guide Lonely Planet, comme étant un des dix meilleurs du monde.
On adore les excursions et les ballades, et les sites ne manquent pas. Il y a quelques jours, Lonely Planet (encore lui) a classé le désert du Néguev comme étant la deuxième destination mondiale à visiter, après la Corse.
Des éco-villages, des spa et même des vignes surgissent de nulle part.
L'écologie est devenue une priorité nationale. Il y a encore beaucoup d'efforts à faire, mais les Israéliens prennent de plus en plus conscience de la nécessité de devenir des éco-citoyens.
Plus de 50% des bouteilles sont recyclées, soit un pourcentage plus important qu'aux Etats-Unis ou en Europe. Même au sein de Tsahal, chaque unité dispose maintenant d'un officier du développement durable chargé de concilier activités opérationnelles et respect de l'environnement.
Oui, il y a dans ce pays le sens du civisme qu'il n'y a peut-être nulle part ailleurs.
J'en veux pour preuve ce document amateur diffusé aux infos. Vendredi dernier, dans le sud de Tel Aviv, un salaud (il n'y a pas d'autre mot) s'approche d'un migrant africain, hurle qu'il n'aime pas les Noirs et commence à le tabasser. Immédiatement une femme s'interpose, prend elle-même des coups, mais ne renonce pas à protéger la victime. Un motard s'arrête et tente, sans le frapper, d'éloigner l'agresseur, ce qu'il parvient à faire au bout de quelques instants. D'autres personnes interviennent et alertent la police. L'assaillant sera arrêté et risque plusieurs années de prison ferme.
Ici on n'hésite pas, on ne reste pas passif, à la différence des autres pays où les gens auraient poursuivi leur chemin en détournant le regard.
C'est plutôt rassurant de vivre dans ce pays qui se transforme, en dépit de l'hostilité et de la situation explosive de la région.
Les Israéliens vivent dans un havre de paix au milieu d'un océan de haine.
Leur arme absolue est leur goût de la vie, leur victoire, c'est lorsqu'il ne se passe rien dans le pays, oui, cela arrive aussi et c'est toujours cela de pris.
"Il n'y a pas de nation qui mérite autant qu'Israël qu'on s'y attache" (Yevamot 79a)
Marc Femsohn
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