C'est immuable. Ils y sont habitués, c'est ainsi, cela fait partie de la vie. Dès que le crépuscule tombe sur le sud d'Israël, les terroristes palestiniens de Gaza vont au boulot. Alerte rouge, les habitants, des gosses aux personnes âgées, ont 15 secondes pour se réfugier dans un abri. Les roquettes explosent, puis, si on a eu de la chance, chacun retourne vaquer à ses occupations. C'est la routine.
Les Israéliens considèrent qu'il s'agit d'une violation de leur souveraineté ou, tout au moins, du calme.
Et chacun d'y aller de sa déclaration du genre "Retenez-moi ou je fais un malheur". Attention, cette fois-ci, on va y aller, cela ne se passera pas comme cela. Les terroristes vont payer le prix fort. Cela me fait penser à la pub pour cette compagnie d'assurances : "Je l'aurai un jour, je l'aurai".
Nous ne prenons pas l'initiative, les raids de Tsahal tentent seulement de prévenir, d'anticiper, d'empêcher les tirs de roquettes. Notre but, c'est le calme, mais c'est tout sauf le calme, ce n'est qu'une pause avant le prochain round
Pour les terroristes de Gaza, c'est aussi la routine, celle de la résistance et du combat contre "l'entité sioniste". Mais ce sont eux qui décident du planning, de l'ordre du jour et nous nous laissons entraînés dans ce processus diabolique dans cette guérilla, cette guerre d'usure dont on ne voit jamais le bout.
Israël doit donc prendre une décision stratégique et pas seulement tactique.
La décision tactique relève des militaires et est plutôt simple : quand, comment et où attaquer, cela Tsahal sait faire.
La décision stratégique, par contre, dépend des responsables politiques qui doivent déterminer dans quel sens nous voulons aller et il n'y a que deux possibilités qui s'offrent à nous.
La première est l'option politique : reconnaître qu'il y a dans la bande de Gaza un gouvernement autonome, légalement élu, avec lequel, par le passé nous avons eu des contacts, parfois de gré, parfois de force.
La position actuelle d'Israël est la suivante : "qu'ils nous reconnaissent d'abord".
Mais on sait bien à Jérusalem, comme ailleurs, que lorsqu'on définit une ligne politique, on trouve les moyens de l'appliquer.
La deuxième option est militaire : mener une opération beaucoup plus musclée encore que celle de "Plomb durci", mais en terminant le travail, en nettoyant la bande de Gaza de toutes les poches terroristes. Ce lopin de terre de 50kms de long sur 15kms de large ne constitue pas une tâche insurmontable pour Tsahal, mais il y a un prix à payer.
En outre, pour mener à bien cette opération, il faut aussi que soient réunies un certain nombre de conditions politiques et diplomatiques dont il n'est pas sûr qu'elles soient remplies actuellement.
Israël va donc devoir choisir entre ces deux alternatives à un moment ou à un autre.
Avec quelques éléments négatifs par rapport à Plomb durci. L'Egypte islamiste de Morsi n'est pas celle de Moubarak, le "printemps arabe" est passé entre-temps, la Turquie n'est vraiment plus notre amie, Obama vient d'être réélu.
La marge de manœuvre d'Israël est par conséquent considérablement étroite. Cependant la situation pourrait encore s'empirer dans les années à venir.
Il faut donc que Netanyahou décide dans un sens ou dans l'autre. Et il ne manquera pas de prendre en considération un élément primordial : les tensions sécuritaires ont toujours favorisé la droite à la veille de scrutins.
Petit rappel historique :
En 1977, on a attribué la victoire historique de Begin à la "révolution sociale" (Hamaapakh Hahevrati); C'est vrai, mais on oublie que quelques jours auparavant, lors d'un entraînement dans la vallée du Jourdain, 54 militaires ont été tués dans le crash d'un hélicoptère. Le Likoud publiait immédiatement après la tragédie un communiqué qui devint un de ses slogans de campagne : "Mais que doit-il encore se passer ?", rendant indirectement responsable, dans l'esprit des électeurs le Maarakh travailliste, qui était au pouvoir.
En 1981, alors que les sondages le donnent perdant, Begin ordonne, trois semaines avant les élections, la destruction du réacteur nucléaire irakien Osirak,
En 1988, un jour avant le scrutin, un cocktail Molotov est lancé par des terroristes palestiniens contre un autobus israélien à Jéricho dont on extrait les corps d'une mère et de ses trois enfants brûlés vifs. Pérès est vaincu par Shamir.
En 1996, quelques jours avant les élections, les attentats du Hamas mettent à feu et à sang le pays. En outre, Pérès, qui a ordonné l'opération "Raisins de la colère" contre le Hezbollah, est rendu responsable de la bavure de Kfar Cana, au cours de laquelle plus de 90 Libanais sont tués. Pérès perd les voix des Arabes israéliens qui votaient généralement pour les Travaillistes et apportent leurs bulletins aux listes arabes. Il est vaincu par Netanyahou.
Fin 2008, au summum de l'opération "Plomb durci", les sondages font passer Ehoud Barak de 11 à 17 mandats, à la fin de l'opération, il retombe à 13.
Netanyahou sait aussi que lorsqu'on entend le bruit des canons, l'économie et le social se taisent.
J'écrivais, à l'annonce des élections, il y a un peu plus d'un mois, que si la situation sécuritaire continuait de se dégrader, elle relèguera à l'arrière-plan les dossiers socio-économiques d'Israël, on ne parlera plus des prix du fromage "Cottage" et des logements.
Une pluie de roquettes sur le front sud, quelques obus de mortiers sur le Golan et l'Israélien moyen reprend ses réflexes sécuritaires.
Netanyahou remonte dans les sondages ainsi que Naftali Bennet (Foyer juif, national-religieux), alors que Shelly Yechimovitch d'Avoda plonge, c'est mécanique.
Au moment d'aller se coucher, une nouvelle "Alerte rouge", des roquettes s'abattent sur les localités frontalières israéliennes.
Puis le bruit des drones et des hélicoptères, des tirs, des explosions.
"Alerte rouge", nuit blanche, telle est la routine des enfants du sud d'Israël.
Jusqu'à quand, Monsieur le Premier ministre ?
Apparemment, Monsieur le Premier ministre vous avez pris votre décision.
Et nous, citoyens de l'Etat d'Israël, au-delà de nos sensibilités politiques différentes, sommes tous unis derrière vous.
Deux informations de dernière minute qui prouvent que certains n'ont pas peur du ridicule :
• L'Iran a condamné jeudi l'opération israélienne sur Gaza qu'elle qualifie de "terrorisme organisé". "L'Iran considère l'action criminelle de l'armée israélienne qui tue des civils comme une du terrorisme organisé et la condamne fermement", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast
• La Syrie a publié une déclaration condamnant l'opération "Pilier de défense" en ces termes
" Nous appelons la communauté internationale à faire pression sur Israël pour arrêter l'agression animale contre les Palestiniens
Marc Femsohn
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