Voilà arrivée l'heure des bilans et des rétrospectives à l'aube de la nouvelle année civile 2012. Nombreux furent les faits marquants, en 2011, qui nous rendirent si fiers, comme chaque année, de notre Israël, jeté en pâture aux médias étrangers dès que le moindre fait divers s'y produit, dont on ne parlerait pas s'il s'agissait de n'importe quel autre pays. J'ai préféré, pour ma part, évoqué quelques personnes, des héros, certains célèbres, d'autres totalement anonymes, comme on n'en trouve que chez nous, qui m'ont fait aimer Israël en 2011. Le choix est forcément subjectif, car des héros, il n'en manque pas ici.
1. Le fils d'Israël de retour à la maison : la libération de Guilad Shalit
On l'avait tellement espéré, tellement attendu et il est enfin arrivé. Nous avons vécu avec ses parents pendant cinq ans et demi, il est devenu le fils de tout le Peuple d'Israël. Et il est apparu tel que nous nous l'étions imaginé, conforme à l'Israélien, c'est-à-dire héroïque face à l'infâme interview de la télévision égyptienne, empreint de toute la dignité de Tsahal, lorsqu'il salua le Premier ministre Binyamin Netanyahou et tout simplement un enfant juif lorsqu'il retrouva sa famille à Mitspé Hila.
2. Le réveil de l'espoir : la jeunesse israélienne exige la justice sociale
Dans le plus grand calme, à la différence de tous les autres pays où l'on a constaté le même phénomène, mais déterminés, des centaines de milliers de jeunes manifestent à plusieurs reprises durant l'été pour exiger plus de justice sociale, davantage de reconnaissance et de respect. Qui peut affirmer qu'Israël n'est pas un pays tolérant et démocratique.
Les choses commencent à changer, les politiciens et les décideurs économiques comprennent, trop lentement certes, que plus rien ne sera comme avant, que cette jeunesse demande des comptes, qu'elle en a assez d'être "freier" (des pigeons). Un certain nombre de réformes sont mises en place, nous n'en sommes qu'au début. Les grands groupes économiques, quant à eux, doivent maintenant prendre en considération les consommateurs qui ont pris conscience de leur force et n'hésitent plus à brandir l'arme du boycott.
3. La fierté : un nouveau prix Nobel, Dan Shechtman
Dan Shechtman, professeur au Technion de Haïfa, a reçu le prix Nobel de chimie pour sa découverte des quasi-cristaux. Le professeur Shechtman est une pure production du savoir israélien. En 63 ans, nous avons eu 10 prix Nobel, qui dit mieux ? Certainement pas l'Iran (78 millions d'habitants) avec un prix Nobel de la Paix en 2003, Shirin Ebadi avocate des dissidents au régime des mollahs. Certainement pas non plus la Turquie (75 millions d'habitants) avec un seul Prix Nobel de littérature, en 2006, Orhan Pamuk qui n'est pas en odeur de sainteté dans son pays, car mis en examen et menacé pour avoir "admis l'existence du génocide arménien". Pourquoi avons-nous tant de prix Nobel ? Parce que notre démocratie éclairée nous fait bénéficier de l'éducation. A méditer chez nos voisins arabes… La paix passe par l'&eacut e;ducation et le savoir.
4. Religion et tolérance : le combat du député et rabbin Haïm Amsellem contre l'obscurantisme
Haïm Amsellem est rabbin et député du parti ultra-orthodoxe séfarade Shass, il est né à Oran, il a 8 enfants. Il est en délicatesse avec son parti qui le considère comme un "frondeur". Il a déclaré que les jeunes "harédim" qui ne sont pas faits pour les études, doivent aller travailler. Il s'est élevé contre le silence de son parti dans l'affaire des jeunes filles séfarades interdites d'entrée dans les écoles ultra-orthodoxes ashkénazes. Il a fustigé les dérives antisionistes de son parti.
Il a été le premier à apporter son soutien à cette petite fille de 7 ans, agressée, la semaine dernière par des extrémistes ultra-orthodoxes, à Beit Shemesh, condamnant la discrimination dont les femmes sont victimes dans cette frange de la population. Il me fait aimer cette religion que trop de Juifs dévoient, par ignorance, par superstition, par sectarisme, par extrémisme. Il y a deux autres hommes auxquels je veux rendre hommage, qui démontrent au quotidien qu'on peut concilier religion et tolérance : Uri Orbach et Zvoulon Orlev, tous deux députés de "Bayt Hayehoudi" (le Foyer juif), l'ancien "Mafdal", parti national-religieux. Ils représentent ce judaïsme sioniste, tolérant, ouvert sur le monde, moderne, ils combattent l'obscurantisme, l'intégrisme et les préjugés. Amsellem, Orbach et Orlev sont l'honneur d'Israë ;l et du judaïsme.
5. Tsahal ou le don de soi : Damian, 34 ans, commandant de brigade
Damian a 34 ans, marié, 3 enfants. Il est directeur de société. Il est lieutenant-colonel, réserviste d'une unité d'élite du Génie, commandant de brigade, ce qui a pour conséquence l'abandon de son travail entre 80 et 90 jours par an. Mes employeurs, dit-il, sont compréhensifs et fiers, et puis on s'arrange, c'est plus facile aujourd'hui, avec les nouveaux moyens de communication, je suis présent à mon travail en cas de nécessité, même en plein milieu du désert.
Damian a été grièvement blessé par un "tir ami" lors de l'opération "Plomb durci" contre Gaza. Il aurait pu être exempté de "milouim" (période de réserve militaire), il a refusé et repris son commandement. Ah oui, j'oubliais un "petit" détail : Damian se bat contre un cancer. Ses supérieurs lui ont proposé de raccrocher l'uniforme. Il répond sur le ton de la plaisanterie : "lorsque j'ai été blessé par le tir ami en 2009, c'était la faute à Tsahal et je n'ai pas arrêté. J'ai un cancer, c'est la faute à personne, ce n'est pas maintenant que je vais laisser tomber Tsahal"… Il ne se considère pas comme un "freier", un pigeon, il pense juste qu'on peut toujours trouver des prétextes pour renoncer, mais alors qui fera le boulot, qui défendra Isra ël ?
Damian, un héros anonyme, ordinaire, un Israélien comme des milliers d'autres en 2011.
Marc Femsohn
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