La scène se passe à Montréal, il y a quelques jours, en pleine période d’achats de cadeaux de Noël. Monsieur Archambault se dit harcelé par des manifestants anti-israéliens auxquels s’associe son propre député, Amir Khadir. Que reproche-t-on à ce commerçant "criminel" ? De vendre quelques paires de chaussures israéliennes.
Chaudement vêtu, le député distribue des tracts, chaque samedi, devant cette boutique, en compagnie de militants anti-israéliens du PAJU (Palestiniens et Juifs unis) dans le cadre d’une campagne plus vaste, appelée Boycott Désengagement Sanctions (BDS), qui sévit également en Europe et plus particulièrement en France et en Belgique.
Le commerçant québécois, qui n’a pourtant rien d’un militant sioniste israélien, est outré par le député Amir Khadir qui apostrophe les passants tentant d’entrer dans la boutique : "Vous n'allez quand même pas entrer dans un commerce qui vend des produits israéliens"? "Il ne leur demandait pas de ne pas acheter de produits israéliens; il leur demandait carrément de ne pas entrer dans notre commerce!" s’insurge M.Archambault.
Le député a refusé de répondre aux questions des journalistes pour expliquer sa présence devant ce commerce de son arrondissement.
La mésaventure de ce malheureux commerçant canadien nous rappelle d’autres temps, pas si lointains, ceux du boycott et des autodafés. De cette époque où des SS montaient la garde devant des commerces juifs avec les mêmes pancartes autour du cou : "Kauft nicht bei Juden" (N’achetez pas chez les Juifs). Aujourd’hui, c’est "Boycott Israël".
Israël, le Juif des nations. Rien n’a changé, la bête est toujours là et Berthold Brecht avait raison d’écrire cette phrase prémonitoire dans "la résistible ascension d'Arturo Ui": "le ventre est encore fécond d'où est sortie la bête immonde".
Mais cette bête immonde a mué, se faisant plus pernicieuse, plus sournoise, plus politiquement correcte, se forgeant une soi-disante vertu en intégrant des Juifs dans leurs organisations, pour parer aux accusations d’antisémitisme.
Le PAJU en est la preuve très symbolique. Il prétend rassembler des Palestiniens et des Juifs, surtout pas des Israéliens. En fait, il réunit des altermondialistes, souvent originaires de pays musulmans et des "alterjuifs" qui ne revendiquent leur judéité que lorsqu’il s’agit de délégitimer, de démoniser Israël. Ils participent à l’entreprise même de négation de l’Etat d’Israël. Sur son site, le PAJU demande le retrait des chaussures Beautifeel, fabriquées, non pas dans les territoires de Judée-Samarie, mais à Rishon LeTsion, au cœur d’Israël.
Les "alterjuifs" sont les collabos d’aujourd’hui. En France, les chantres de la haine de soi juive et de l’antisionisme sont très nombreux et le lecteur saura de qui il s’agit, la loi nous interdisant de les citer.
Lorsque la critique d’Israël, légitime, démocratique, saine, justifiée et même nécessaire, verse dans la détestation d’Israël et sa remise en cause en tant qu’Etat, alors ces "alterjuifs", qui en sont les apôtres, n’échappent pas, eux non plus, au qualificatif d’antisémite dans la mesure où ils nient le droit fondamental du Peuple Juif à réaliser son destin national, donc à disposer de son Etat.
Mais que ces hérauts de la haine prennent garde. Ils pourraient être un jour eux-mêmes victimes de cette fureur antisémite dont ils auront été les complices. Ceux qui les manipulent n’hésiteront pas à les éliminer lorsqu’ils ne leur seront plus utiles.
Je voudrais leur conter une petite histoire à ces ennemis de l’intérieur.
Nous sommes en 1943 à Bruxelles. Rywka a 37 ans. Elle est dénoncée aux Allemands par un juif prénommé Jacques, collabo notoire.
Elle est déportée à Auschwitz et subit les cruautés de kapos juifs.
Jacques et les kapos finirent dans les fours crématoires lorsque les Allemands n’eurent plus besoin de leurs "services".
Rywka survécut miraculeusement.
Elle était ma grand-mère.
Elle est ma mémoire, elle est celle d’Israël.
Nos pensées, à l'aube de cette nouvelle année civile 2011, vont à Guilad Shalit, détenu depuis 1650 jours par le Hamas. Ses parents sont toujours sans nouvelles. Les visites, même celles de la Croix-Rouge, lui sont interdites…
Marc Femsohn
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