LA RECONNAISSANCE ETERNELLE DE RAV CHAKH (Longue mais belle histoire)
Un après-midi, en décembre 1976, un Rav vint trouver le Rav Chakh, mais on lui réponditqu'il ne pourrait pas s'entretenir avec lui. Le petit-fils de Rav Chakh lui expliqua que son grand-père se reposait d’une journée fatigante qu’il avait eue la veille. Il lui raconta alors l'histoire suivante.
La veille avait été une journée froide et de mauvais temps, avec une pluie battante et du vent, à Bnei Brak. Rav Chakh appela son petit-fils et lui dit :
- ''S'il te plait, appelle-moi un taxi. Je dois aller dans une ville qui se trouve près de 'Haïfa.''
Son petit-fils protesta disant qu’il ne pouvait pas sortir sous un tel temps. ''Si tu ne m'appelles pas un taxi, dit Rav Chakh, ''j'irai prendre le bus. Je dois me rendre à une lévaya (à des funérailles) près de 'Haïfa.''
''Qui est mort ?'' demanda son petit-fils. Il n'avait entendu parler de la mort d'aucun éminent Roch Yéchiva ou d'aucun Rav, qui aurait pu justifier que Rav Chakh fît un voyage si éprouvant de deux heures.
''Une certaine femme est décédée et je dois aller à sa lévaya'', dit Rav Chakh. ''S'il te plaît, appelle un taxi ». Son petit-fils se rendit compte que son grand-père était très sérieux et il appela un taxi immédiatement. Quand il l'interrogea sur l'identité de la femme,le Rav refusa de lui donner la moindre information. Le voyage prit plus de deux heures.
Le petit-fils était certain qu'ils trouveraient une foule imposante venue offrir un dernier hommage à cette femme importante. A son grand étonnement, il ne se trouvait là à peine que de quoi constituer un minyan Pourquoi son grand-père avait-il tant insisté pour assister à cet enterrement ?
En posant quelques questions, le petit-fils apprit que la femme n'avait pas d'enfants et peu de parents. Quelques parents éloignés et des voisins s'étaient rassemblés pour un dernier hommage. Quand ce fut fini, Rav Chakh récita le Kaddish. La pluie battait, accompagnée des sifflements du vent sur la vaste étendue du cimetière. Le petit-fils de Rav Chakh raccompagna son grand-père jusqu’au véhicule qui les avait amenés. Soudain, le Rav Chakh s'arrêta de marcher. I1 lâcha la main de son petit-fils et ferma les yeux. Ses épaules se voûtèrent sous le froid, tandis que la pluie dégoulinait de son chapeau et de son manteau. Son petit-fils attendit quelques instants, puis essaya de le
faire avancer jusqu’à la voiture. Le Rav secoua la tête, indiquant qu’il n’était pas encore prêt à partir. Il resta debout sous la pluie, tremblant, plongé dans ses pensées, puis il se dirigea vers la voiture.
Tout le long du chemin du retour, le Rav Chakh ne parla pas. Quand ils arrivèrent à la maison, le petit-fils ne pouvait plus contenir sa curiosité.
''Grand-père'', dit il. ''Qui était cette femme et pourquoi t’es-tu senti concerné par sa lévaya ? »
Rav Chakh raconta à son petit-fils une histoire que peu de gens connaissaient. Alors qu’il était à peine âgé de douze ans, Rav Chakh intégra une Yéchiva de « ilouïim », de génies.
Le Roch Yéchiva était extrêmement sélectif et chaque candidat était minutieusement examiné et testé. Chaque élève était informé que s’il ne pouvait se louer une chambre, il devrait faire avec les maigres ressources de la Yéchiva. Ce qui signifiait que les garçons
les plus âgés auraient le ''luxe'' de pouvoir dormir sur les bancs, tandis que les autres devraient dormir à même le sol. La nourriture était maigre mais mangeable. Rav Chakh avait douze ans et était l'un des plus jeunes, mais en dépit de son âge, on lui permit de dormir sur un banc, du fait de son assiduité dans l’étude. La situation était extrêmement difficile et les conditions de vie difficilement acceptables. Il était exténué par le manque de sommeil. Un mercredi, il reçut une lettre de son oncle. ''Viens me rejoindre dans mon commerce ». L’oncle, le frère de sa mère, était un forgeron prospère. Il n'avait pas
d'enfants et commençait à prendre de l'âge. I1 assura son jeune neveu qu'il lui enseignerait les rudiments de son travail et qu'à la fin, l’affaire serait à lui. Durant plusieurs jours, Rav Chakh retourna le contenu de la lettre dans sa tête. Le jeudi, il finit par se convaincre que son oncle avait raison. Tout était trop dur à la Yéchiva.
Il décida de rester à la Yéchiva pour le Chabbat et de partir juste après la Havdalah. Vendredi matin, une femme entra dans le Beth Hamidrach et parla au Roch Yéchiva.
Elle expliqua qu’elle sortait des 7 jours de deuil de son mari.
''Mon mari était commerçant », dit-elle au Roch Yéchiva, « il vendait des couvertures et j'en ai quelques unes avec moi. Je ne pourrais pas les vendre et je n'en ai pas besoin. Prenez-les pour vos élèves. »
Elle apporta plusieurs grosses couvertures garnies de duvet d'oies et les donna au Roch Yéchiva. Ce dernier en remit une au Rav Chakh. ''Ce vendredi soir-là, j'ai ressenti plus de chaleur que je n'en avais jamais ressenti de tout l'hiver, dit Rav Chakh, ''et quand je me
suis réveillé le lendemain matin, j'ai vu qu'avec cette couverture, si épaisse, je pourrais supporter le froid de l'hiver et je suis donc resté à la Yéchiva. J'étais sur le point d'abandonner l'étude, mais du fait que cette femme avait apporté les couvertures à ce moment précis, je suis resté. Depuis ce moment-là, il n'a plus jamais été question de
rediriger ma vie. Cette femme a eu une vie triste. Elle est retournée dans sa ville d’origine et malheureusement, ne s’est jamais remariée. Plus tard, elle déménagea en Erets Israël et j'ai entendu dire qu'elle vivait près de 'Haïfa. Quand j'ai su qu'elle était décédée, je me suis dit
que je devais être présent à sa lévaya. »
Le petit-fils lui demanda alors : ''Mais grand-père, pourquoi après la lévaya tu n’es pas allé tout de suite dans la voiture ? Pourquoi es-tu resté debout dehors, dans le froid et la pluie ? »
La réponse du Rav Chakh est exemplaire et instructive. ''Cela fait tant d'années depuis cet épisode des couvertures, lui dit-il. Au cours des années, on a tendance à oublier comment sont les choses, aussi, je voulais rester à l'extérieur dans le froid pour me rappeler à quel point j’avais froid en cette période. Ainsi, je pouvais être en mesure de ressentir un véritable sentiment de Hakarat hatov (de gratitude) envers cette femme pour tout ce qu'elle avait fait ».
De sa manière douce et digne, le Rav Chakh nous a montré l'intensité et la sincérité qui doivent accompagner de tels sentiments.
On ne peut qu’imaginer la récompense céleste qui attendait cette femme, qui, dans une certaine mesure, a non seulement protégé ce géant de la Torah et dirigeant du Klal Israël, mais aussi grâce à l’influence de Rav Chakh et donc de cette femme, des millions de personnes ont pu étudier la Torah.
Shabbat chalom à tous !
La veille avait été une journée froide et de mauvais temps, avec une pluie battante et du vent, à Bnei Brak. Rav Chakh appela son petit-fils et lui dit :
- ''S'il te plait, appelle-moi un taxi. Je dois aller dans une ville qui se trouve près de 'Haïfa.''
Son petit-fils protesta disant qu’il ne pouvait pas sortir sous un tel temps. ''Si tu ne m'appelles pas un taxi, dit Rav Chakh, ''j'irai prendre le bus. Je dois me rendre à une lévaya (à des funérailles) près de 'Haïfa.''
''Qui est mort ?'' demanda son petit-fils. Il n'avait entendu parler de la mort d'aucun éminent Roch Yéchiva ou d'aucun Rav, qui aurait pu justifier que Rav Chakh fît un voyage si éprouvant de deux heures.
''Une certaine femme est décédée et je dois aller à sa lévaya'', dit Rav Chakh. ''S'il te plaît, appelle un taxi ». Son petit-fils se rendit compte que son grand-père était très sérieux et il appela un taxi immédiatement. Quand il l'interrogea sur l'identité de la femme,le Rav refusa de lui donner la moindre information. Le voyage prit plus de deux heures.
Le petit-fils était certain qu'ils trouveraient une foule imposante venue offrir un dernier hommage à cette femme importante. A son grand étonnement, il ne se trouvait là à peine que de quoi constituer un minyan Pourquoi son grand-père avait-il tant insisté pour assister à cet enterrement ?
En posant quelques questions, le petit-fils apprit que la femme n'avait pas d'enfants et peu de parents. Quelques parents éloignés et des voisins s'étaient rassemblés pour un dernier hommage. Quand ce fut fini, Rav Chakh récita le Kaddish. La pluie battait, accompagnée des sifflements du vent sur la vaste étendue du cimetière. Le petit-fils de Rav Chakh raccompagna son grand-père jusqu’au véhicule qui les avait amenés. Soudain, le Rav Chakh s'arrêta de marcher. I1 lâcha la main de son petit-fils et ferma les yeux. Ses épaules se voûtèrent sous le froid, tandis que la pluie dégoulinait de son chapeau et de son manteau. Son petit-fils attendit quelques instants, puis essaya de le
faire avancer jusqu’à la voiture. Le Rav secoua la tête, indiquant qu’il n’était pas encore prêt à partir. Il resta debout sous la pluie, tremblant, plongé dans ses pensées, puis il se dirigea vers la voiture.
Tout le long du chemin du retour, le Rav Chakh ne parla pas. Quand ils arrivèrent à la maison, le petit-fils ne pouvait plus contenir sa curiosité.
''Grand-père'', dit il. ''Qui était cette femme et pourquoi t’es-tu senti concerné par sa lévaya ? »
Rav Chakh raconta à son petit-fils une histoire que peu de gens connaissaient. Alors qu’il était à peine âgé de douze ans, Rav Chakh intégra une Yéchiva de « ilouïim », de génies.
Le Roch Yéchiva était extrêmement sélectif et chaque candidat était minutieusement examiné et testé. Chaque élève était informé que s’il ne pouvait se louer une chambre, il devrait faire avec les maigres ressources de la Yéchiva. Ce qui signifiait que les garçons
les plus âgés auraient le ''luxe'' de pouvoir dormir sur les bancs, tandis que les autres devraient dormir à même le sol. La nourriture était maigre mais mangeable. Rav Chakh avait douze ans et était l'un des plus jeunes, mais en dépit de son âge, on lui permit de dormir sur un banc, du fait de son assiduité dans l’étude. La situation était extrêmement difficile et les conditions de vie difficilement acceptables. Il était exténué par le manque de sommeil. Un mercredi, il reçut une lettre de son oncle. ''Viens me rejoindre dans mon commerce ». L’oncle, le frère de sa mère, était un forgeron prospère. Il n'avait pas
d'enfants et commençait à prendre de l'âge. I1 assura son jeune neveu qu'il lui enseignerait les rudiments de son travail et qu'à la fin, l’affaire serait à lui. Durant plusieurs jours, Rav Chakh retourna le contenu de la lettre dans sa tête. Le jeudi, il finit par se convaincre que son oncle avait raison. Tout était trop dur à la Yéchiva.
Il décida de rester à la Yéchiva pour le Chabbat et de partir juste après la Havdalah. Vendredi matin, une femme entra dans le Beth Hamidrach et parla au Roch Yéchiva.
Elle expliqua qu’elle sortait des 7 jours de deuil de son mari.
''Mon mari était commerçant », dit-elle au Roch Yéchiva, « il vendait des couvertures et j'en ai quelques unes avec moi. Je ne pourrais pas les vendre et je n'en ai pas besoin. Prenez-les pour vos élèves. »
Elle apporta plusieurs grosses couvertures garnies de duvet d'oies et les donna au Roch Yéchiva. Ce dernier en remit une au Rav Chakh. ''Ce vendredi soir-là, j'ai ressenti plus de chaleur que je n'en avais jamais ressenti de tout l'hiver, dit Rav Chakh, ''et quand je me
suis réveillé le lendemain matin, j'ai vu qu'avec cette couverture, si épaisse, je pourrais supporter le froid de l'hiver et je suis donc resté à la Yéchiva. J'étais sur le point d'abandonner l'étude, mais du fait que cette femme avait apporté les couvertures à ce moment précis, je suis resté. Depuis ce moment-là, il n'a plus jamais été question de
rediriger ma vie. Cette femme a eu une vie triste. Elle est retournée dans sa ville d’origine et malheureusement, ne s’est jamais remariée. Plus tard, elle déménagea en Erets Israël et j'ai entendu dire qu'elle vivait près de 'Haïfa. Quand j'ai su qu'elle était décédée, je me suis dit
que je devais être présent à sa lévaya. »
Le petit-fils lui demanda alors : ''Mais grand-père, pourquoi après la lévaya tu n’es pas allé tout de suite dans la voiture ? Pourquoi es-tu resté debout dehors, dans le froid et la pluie ? »
La réponse du Rav Chakh est exemplaire et instructive. ''Cela fait tant d'années depuis cet épisode des couvertures, lui dit-il. Au cours des années, on a tendance à oublier comment sont les choses, aussi, je voulais rester à l'extérieur dans le froid pour me rappeler à quel point j’avais froid en cette période. Ainsi, je pouvais être en mesure de ressentir un véritable sentiment de Hakarat hatov (de gratitude) envers cette femme pour tout ce qu'elle avait fait ».
De sa manière douce et digne, le Rav Chakh nous a montré l'intensité et la sincérité qui doivent accompagner de tels sentiments.
On ne peut qu’imaginer la récompense céleste qui attendait cette femme, qui, dans une certaine mesure, a non seulement protégé ce géant de la Torah et dirigeant du Klal Israël, mais aussi grâce à l’influence de Rav Chakh et donc de cette femme, des millions de personnes ont pu étudier la Torah.
Shabbat chalom à tous !
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