Bernard Debré (UMP) : "Il y a un désamour entre les catholiques et Sarkozy !"
Le Point.fr : Y a-t-il aujourd'hui un problème entre les catholiques et le chef de l'État ?
Bernard Debré : Il existe un véritable désamour entre l'électorat catholique et Nicolas Sarkozy.
En parlant régulièrement à des Catholiques pratiquants et à des curés, je constate à chaque fois qu'il y a un flottement.
Comment l'expliquez-vous ?
Les Catholiques - qu'ils soient de gauche, du centre ou de droite - sont surtout déboussolés et bouleversés par la politique du gouvernement à l'égard des Roms et à cause du virage sécuritaire opéré cet été.
Cette fusion nucléaire a interloqué les catholiques !
S'ils sont d'accord pour appliquer les lois de la République, la stigmatisation des Roms les a beaucoup choqués.
L'humanisme de la République en a pris un coup.
Selon vous, Benoît XVI a-t-il condamné la politique française vis-à-vis des Roms en affirmant début octobre qu'il fallait "savoir accueillir les légitimes diversités humaines" ?
Il y a eu des interprétations trop poussées des propos du pape.
Je pense que Benoît XVI n'avait pas la volonté de stigmatiser le président de la République.
La reconquête de l'électorat catholique est-elle possible d'ici à 2012 ?
Après l'été, deux solutions s'offraient à Nicolas Sarkozy : revenir sur ce qui a été dit et fait ou bien donner des signaux aux Catholiques.
C'est bien la deuxième voie qui a été choisie comme le montre la visite de Nicolas Sarkozy au Vatican.
Cette audience avec Benoît XVI devrait être plus sobre que celle de décembre 2007. Cette dernière avait été désastreuse en termes d'image, Nicolas Sarkozy ayant été notamment surpris en train de consulter son portable.
Quoi qu'il en soit, beaucoup de mal a été fait.
Est-ce que Nicolas Sarkozy, seulement par l'apparence, arrivera à reconquérir l'électorat catholique ?
Sûrement pas.
Mais la visite du chef de l'État au Vatican est un premier pas.
Nicolas Sarkozy recommence à tisser sa toile en vue de 2012.
Source : Le Point
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