Pierrefitte@Venir

Interview sur le JDD.fr

Raoult:

Droit dans ses bottes, le député-maire UMP du Raincy (Seine-Saint-Denis), Eric Raoult, défend bec et ongles le tour de vis sécuritaire imposé par Nicolas Sarkozy. Interview.

Pour Eric Raoult, la gauche "baisse les bras" face à l'insécurité. (Maxppp)

Le gouvernement affronte actuellement une pluie de critiques sur la sécurité. Nicolas Sarkozy n'est-il pas allé trop loin?
Non! Ce n'est pas Nicolas Sarkozy qui créé l'opinion. Lors de son discours de Grenoble, le chef de l'Etat n'a fait que répondre à des situations de négation de l'autorité. Et il rappelle avec fermeté la nécessité pour l'Etat d'assurer l'ordre public.

Les expulsions de Roms suscitent la polémique. Dominique de Villepin parle de "tâche de honte sur le drapeau" français. Que lui répondez-vous?
Dominique de Villepin fait du Chevènement de droite. C'est bien beau de parler du haut de l'Arc de Triomphe, mais il faut également parler du bas de la cage d'escalier. Et je rappelle qu'il était secrétaire général de l'Elysée quand a été décidée l'évacuation de l'église Saint-Bernard par Jacques Chirac et son ministre de l'Intérieur, Jean-Louis Debré (en 1996, ndlr).

"La gauche a oublié le peuple"

Justement, l'Eglise s'émeut également de la situation, à commencer par le pape. Cela ne vous inquiète pas?
L'Eglise a toujours été du côté des malheureux, mais je ne vais pas être excommunié parce que je soutiens la politique de mon gouvernement! La règle est simple: il faut entrer sur le territoire national avec des règles de vie et des règles d'existence. On ne peut pas avoir dans notre pays une sorte de colonisation de l'intérieur de la part de populations nomades. La réponse à apporter à ce phénomène ne peut pas être franco-française, elle doit se prendre au niveau européen. Et puis, malgré les critiques, la France est tout de même le seul pays à avoir mis en place une logique de droit au retour. Le seul à accorder 300 euros par personne et une prime de 3.600 euros pour le rapatriement de ces familles.

Soutenez-vous Brice Hortefeux dans ces attaques contre "la gauche milliardaire" sur ce sujet?
La gauche n'a plus les pieds sur Terre, elle a oublié le peuple. Poussée par son antisarkozysme primaire, elle développe des réflexes pavloviens. C'est vrai dans beaucoup de domaines et d'abord sur la sécurité, un terrain sur lequel elle est particulièrement mauvaise.

Nicolas Sarkozy est également accusé de vouloir, une nouvelle fois, siphonner les voix du FN…
Mais tout le monde devait applaudir le fait qu'un président de la République veuille réduire l'audience du Front national. Le jour où Marine Le Pen sera au chômage, j'en serai très heureux! Et puis, il ne faut pas se voiler la face: oui, nous avons des problèmes d'insécurité dans notre pays, liés notamment à l'explosion du trafic de drogue dans les quartiers sensibles. La crise a également rendu plus aigu le problème de l'immigration. Les préoccupations du Front national sont le révélateur des problèmes des Français. Je préfère avoir des électeurs du FN qui choisissent la liberté en revenant vers l'arc républicain, plutôt qu'ils restent coupés de toute réalité en votant Le Pen.

"Pour un Pinte, il y a 360 Raoult!"

Quitte à lier délinquance et immigration; comme Nicolas Sarkozy l'a fait à Grenoble?
Il ne faut pas se tromper. Le discours de Grenoble vient en réaction à quatre nuits d'émeutes dans un quartier de cette ville et des tirs contre des policiers! Ce discours est surtout le révélateur d'une droite qui veut se retrousser les manches face aux problèmes d'insécurité, contre une gauche qui, sur ces sujets, fait preuve de naïveté et préfère baisser les bras. Entre "on va tenter quelque chose" et "on ne sait pas quoi faire", je choisis la première solution.

Pour certains, les démantèlements de camps roms renvoient aux heures sombres de notre pays…
Face à l'insécurité, notre République doit faire preuve d'autorité. Quand le président de la République fait le discours de Grenoble, je ne sais pas s'il est écouté à Bucarest ou Sofia, mais, je le dis très clairement, je préfère que les Roms aillent en Italie ou en Espagne, plutôt qu'en France. Quant à ceux qui osent le parallèle avec la Seconde guerre mondiale, il s'agit d'une instrumentalisation scandaleuse de la situation. Les expulsions ou les reconduites à la frontière obéissent à des logiques républicaines. Il s'agit d'abord de trouver des solutions à des gens qui souffrent.

Visiblement, que l'image de la "France, terre d'accueil", soit écornée, cela ne vous dérange pas trop…
Je préfère un Sarkozy qui fronce les sourcils pour dire "vous n'êtes pas les bienvenus si vous êtes en situation irrégulière", plutôt qu'un Jospin qui dit "j'ai été naïf" sur les problèmes d'insécurité ou d'immigration.

Il n'empêche, certains élus de la majorité s'opposent à la politique menée…
Mais pour un Pinte, il y a 360 Raoult! Il ne faut pas accorder trop d'importance à des gens en mal de notoriété qui veulent à tout prix faire parler d'eux, quitte, comme Dominique de Villepin, à taper sur leur propre camp! L'immense majorité de la population et des parlementaires UMP sont conscients que le dossier de l'immigration nécessite des réponses adaptées, qui tiennent compte, à la fois, de la dignité humaine et des impératifs d'ordre public.

Nicolas Moscovici - leJDD.fr