Karen Taieb : associer le nom d’Ilan Halimi a la mémoire de Paris c’est redire notre extrême vigilance
Thème: Ilan Halimi
Sur l’initiative de Karen Taieb, conseillère municipale de Paris, le conseil de Paris a voté mardi 9 février à l’unanimité en faveur de son vœu de dédier un lieu dans le XIIème arrondissement de Paris à la mémoire d’Ilan Halimi. Karen Taieb fait part de sa « grande fierté et de beaucoup d’humilité » à la newsletter du CRIF.
Quelle est votre première réaction ?
A la fois une grande fierté et beaucoup d’humilité car j’aurai préféré ne jamais avoir eu à proposer un tel vœu qui raconte le kidnapping, la séquestration, la torture et l’assassinat d’un jeune parisien parce que juif. Et puis, un profond respect pour une maman, Madame Ruth Halimi qui malgré une douleur infinie est exemplaire de dignité et de courage. Je voudrais également remercier Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo et Michèle Blumenthal pour leur soutien immédiat et entier.
Que représente selon vous Ilan Halimi dans la conscience des Parisiens ?
Lors de la manifestation pour Ilan Halimi en février 2006, 200 000 personnes ont défilé entre République et Nation. Comme beaucoup, j’ai pu regretter que l’immense majorité des personnes venues témoigner leur effroi étaient issues de la communauté juive. Qu’en était-il alors de la conscience des parisiens ? Je me suis posé la question. Ce vœu a justement pour objet de dépasser la seule communauté juive et d’alerter l’ensemble des parisiens. Comme je l’ai dit dans mon intervention, associer le nom d’Ilan Halimi à la mémoire de Paris, c’est dire et redire notre intransigeance, notre extrême vigilance pour le respect des valeurs républicaines et notre combat contre toutes les formes de racisme. Il faut que les parisiens sachent qu’Ilan a été tué parce que juif, au nom d’un préjugé : "les juifs ont de l’argent".
En tant qu’élue de Paris, quelle est votre action personnelle pour le vivre ensemble ?
Je crois beaucoup à l’action culturelle. L’art, le théâtre, la musique n’ont pas de frontières. Il faut s’en servir le plus souvent possible car l’art ne demande ni carte d’identité, ni carte de validité, ni âge. Vivre ensemble, c’est vivre avec les différences de l’autre. J’ai ainsi créé plusieurs festivals, mis en place des rencontres théâtrales, fait entrer la culture à l’hôpital, multiplié les manifestations gratuites. Je crois fondamentalement qu’il faut surtout et toujours s’efforcer d’être l’élue de tous les parisiens et non d’ une partie. Penser au vivre ensemble dans chaque action.
Quels sont les projets de la ville de Paris ?
Paris est en permanente recherche d’une vraie mixité sociale, générationnelle, culturelle... Les projets sont multiples : c’est donner toute la place aux personnes porteuses de handicap, c’est créer des lieux intergénérationnels, c’est cette exposition qui retrace l'histoire de l’immigration depuis 150 ans actuellement autour de l'Hôtel de Ville …
Quelle est votre évaluation de l’antisémitisme à Paris ?
L’antisémitisme n’a jamais vraiment cessé. Il est protéiforme et hélas jamais tari. En ce moment, il trouve sa source dans un antisionisme désinhibé. La grande majorité des juifs de France exprimant une grande solidarité avec Israël, pour ma part à juste titre.
Que peut-on faire pour le faire reculer ?
Continuer à donner toute sa place à la mémoire et Paris est exemplaire en la matière. Les plaques à la mémoire des enfants déportés dans chaque école et collège parisien en sont un bel exemple. Mais il est important de faire en même temps comprendre la légitimité d’Israël, patrie du peuple juif, rempart à l’étoile jaune. S’adresser au x amis mais tenter de convaincre les ennemis. Et garder espoir en l’Homme !
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