DISCOURS DE NOTRE PREMIER MINISTRE SUR LE DECLENCHEMENT DE LA SECONDE GUEURRE MONDIALE

Mesdames et messieurs,



L’Europe est forte de sa mémoire ; forte de son unité culturelle et morale ; forte de l’histoire commune que les épreuves lui forgent.

A Gdansk, où le 1er septembre 1939, la seconde Guerre Mondiale s’embrasait, la Pologne a fait l’expérience du sacrifice et de la douleur. Mais c’est pour l’honneur de l’Europe tout entière qu’elle a lutté - comme elle a lutté de nouveau, en 1980, sous les couleurs de Solidarnosc.

L’émotion qui nous rassemble ici est profonde. Elle est complexe. Elle se nourrit de chagrin, de fierté, de remords, d’admiration et d’espoir. Elle reflète les destins changeants d’un continent déchiré, puis apaisé ; divisé, puis uni.

De la presqu’île de Westerplatte sont partis les premiers cris d’un conflit terrible, le plus sanglant que l’humanité ait connu.



Aux obus d’un cuirassier ennemi, 200 soldats polonais ont répondu par la formidable leçon de foi et d’héroïsme que leur pays oppose, depuis plus de deux siècles, aux cruautés de la guerre et aux rigueurs de l’autoritarisme.

Dès la première heure du conflit, une résistance polonaise se dressait, plus durable que le béton des blockhaus.

Quelques semaines plus tard, l’armée polonaise était vaincue.

Neuf mois plus tard, le général de Gaulle voyait la France à son tour « foudroyée par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l’ennemi ».



Entre France et Pologne, l’histoire ravivait dans le sang une solidarité séculaire. Nos deux pays ont toujours combattu côte à côte pour leur liberté et celle de l’Europe.

Le 20 décembre 1939, le gouvernement polonais en exil s’installait en France, à Angers, où le général Sikorski mettait sur pied une armée polonaise libre de plus de 80 000 hommes, avant que la défaite française de juin 1940 ne le contraigne à gagner l’Angleterre.



Le gouvernement polonais en exil débarquait dans la capitale britannique le 18 juin 1940, le jour même où le général de Gaulle déclarait au micro de Radio Londres : « Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ! »



Pendant six ans, dans nos deux pays, des hommes et des femmes épris de liberté ont lutté contre la barbarie.

Soldats Français, Polonais et Franco-Polonais ont exposé leur vie à Narvik, à Tobrouk, à Arnhem. Ils l’ont exposée au Mont Cassin, enlevé le 18 mai 1944 par les volontaires polonais du général Anders. Ils l’ont exposée sur les côtes de Normandie, où combattit héroïquement la 1ère division blindée du général Maczek..



Je rends un hommage ému au peuple polonais et à ses combattants ; aux hommes et aux femmes qui, dans le secret de l’Armia Krajowa, l’armée de l’intérieur, dans la résistance, au sein des églises, des écoles, des universités clandestines, ont tout risqué pour accomplir ce que l’honneur leur dictait.

Je pense à ceux qui, surmontant l’abattement indicible où ils étaient plongés, ont participé au soulèvement du ghetto et à l’insurrection de Varsovie.

Je pense aux grandes figures polonaises, aux héros de la communauté juive et aux Justes parmi les nations ; à Marek Edelman, qui fondait il y a 66 ans l’Organisation juive de combat avec ses camarades ; à Irena Sendler, qui sauva plus de 2 000 enfants juifs ; à Wladislaw Bartoszewski, étudiant catholique de 17 ans, devenu l’interprète majeur de l’exigence morale et intellectuelle du pays.

Nous n’oublierons pas la lumière que leurs actes ont projetée dans un temps de ténèbres ; et c’est sous leur égide que nous voulons aujourd’hui parler d’avenir.



Mesdames et messieurs,

L’idéal européen de paix nourri par les meilleurs esprits des siècles passés s’incarne à présent dans nos institutions européennes.

Après la guerre, l’Allemagne renouvelée a joué dans leur naissance un rôle majeur. Et la Russie, aujourd’hui transformée, dialogue avec elles.



Cette union européenne a pour socle une volonté politique commune.

Elle a pour rempart des valeurs intangibles, au premier rang desquelles le respect des souverainetés nationales, la dignité de la personne humaine, l’inaliénabilité des droits individuels, le refus absolu de toute discrimination par la race, le sexe, l’origine ou la croyance.

Pendant des siècles, au sein de la Hanse, Gdansk a symbolisé tout ce que l’entente et le contact des peuples pouvaient bâtir.

Avec l’enthousiasme de Solidarnosc, et la force d’âme de Lech Walesa, elle est devenue un des bastions de nos libertés civiques.

Ici sont nées plusieurs des convictions intimes qui nous permettent de vivre et de travailler ensemble.

Nous nous trouvons aujourd’hui, non pas aux marges, mais au cœur de l’Europe ; au sein d’un grand pays d’Europe, dont l’élection de Jerzy BUZEK à la présidence du Parlement européen vient de consacrer l’intégration exemplaire.



C’est ensemble que nous affrontons une série de défis communs: crise économique, réchauffement climatique, promotion des technologies d’avenir, sécurité sanitaire, sécurité énergétique, lutte contre le terrorisme, maîtrise des flux migratoires…

L’Union Européenne dispose de solutions à ces défis, pourvu que ses membres aient la volonté politique de les mettre en œuvre.



Je sais la contribution ambitieuse que la Pologne peut y apporter.

Marquée par le souvenir des guerres et des souffrances, elle doit être, avec notre appui et notre amitié, un lieu d’invention de l’avenir.

Au cœur même de Gdansk, face aux quais anciens, existent des terres libres où la Pologne saura créer et construire.

Alors, la tragédie qui s’ouvrait ici même, il y a soixante-dix ans, n’aura pas seulement trouvé sa fin : elle aura reçu sa réponse.

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