Pour qui penche le cœur d’Avigdor Lieberman ?


Par Julien Bahloul pour Guysen International News

  P90_lieberman  Mercredi 18 février, une fois les résultats officiels des élections publiés, le président Shimon Peres commencera la consultation des partis politiques. L’enjeu est de taille car se joue le nom du prochain Premier ministre du pays. En attendant la décision du président, Kadima et Likoud affutent leur stratégie et comptent leurs alliés. Jusqu’à présent la réussite de B. Netanyahou, fort du majorité de droite à la Knesset, semblait acquise. C’était sans compter A. Lieberman et ses 15 députés qui vient d’annoncer être en accord à 90% avec T. Livni.

Les médias israéliens l’avaient qualifié de « faiseur de roi » au lendemain des élections, il est aujourd’hui au centre de toutes les attaques et de toutes les convoitises.

Tout le monde croyait Avigdor Lieberman idéologiquement proche du Likoud. D’une part à cause de ses positions politique et d’autre part du fait que son parti s’est créé après un shiisme au Likoud. Mais contre toute attente, c’est avec Kadima qu’il semble le mieux s’entendre.

Dans un document transmis au Likoud et à Kadima, le président d’Israël Beitenou a fait connaitre ses principales intentions. A savoir la destruction du régime du Hamas, le vote d’une loi co

 

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ntraignant les citoyens arabes à jurer fidélité à Israël, le changement du système politique israélien, l’établissement d’un comité interministériel d’urgence pour régler les problèmes d’intégration et enfin l’assouplissement des conditions de conversions ainsi que l’établissement du mariage civil.

En réponse à cette demande, Haim Ramon (député du parti Kadima), la formation centriste a annoncé lundi 16 février que son parti était en accord avec « 90% des exigences d’Avigdor Lieberman » et que la plupart de ces points figuraient déjà dans le programme de Kadima.

La divergence serait celle de la citoyenneté. A. Lieberman souhaite en effet faire signer un serment de fidélité à l’Etat d’Israël aux citoyens arabes.
Aux yeux de Kadima « dans la nation juive que vous voulons, les minorités n’ont pas à exprimer leur attachement à l’expression nationale. Ceux qui servent l’Etat d’une autre manière que par l’armée n’ont pas à effectuer un service militaire ».

Le parti centriste a d’ailleurs annoncé son souhait d’étendre le principe du service civil selon le principe que « tous les jeunes israéliens doivent souscrire à la sécurité de l’Etat et la société où ils vivent à travers l’armée ou un service civil reconnu par l’Etat ».

La raison de ce rapprochement entre A. Lieberman et T. Livni est aussi à chercher dans leur volonté commune de faire barrage aux partis orthodoxes. Un tel projet aiderait à la fois la chef du parti Kadima, qui sait que les partis religieux ne la soutiendront pas, mais également le chef d’Israël Beitenou qui connait l’aversion des orthodoxes pour ses idées.

Il s’agirait aussi pour A. Liberman de rendre sa présence indispensable à la formation d’un gouvernement. Toutefois, des sources d’Israël Beitenou ont annoncé qu’ils ne conseilleraient au président Peres aucun candidat en particulier.
L’intention du parti russophone serait plutôt de pousser à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale dans lequel le parti orthodoxe séfarade Shaas serait exclu (ce que devrait refuser le Likoud).

Mais les démarches de Tsipi Livni sont loin de faire l’unanimité au sein de ses potentiels alliés. Ainsi le chef du parti travailliste Ehoud Barak a assuré, qu’en raison des négociations entre Kadima et Israël Beitenou, il ne conseillera pas la nomination de T. Livni au Président Peres.

Aux yeux de H. Oron du parti de la gauche radicale (Merztz), « les électeurs de Kadima ont été floués. Moins de sept jours après les législatives, ils sont en train de découvrir la façon dont ils ont été escroqués par Livni, qui les a convaincus qu'elle représentait une barrière contre un gouvernement Bibi-Lieberman » avant d’ajouter que «celui qui ne voulait pas que Bibi soit Premier ministre, recevra le même Bibi enveloppé dans Livni et Lieberman ».

Il n’en reste pas moins que l’absence de soutien d’Avigdor Lieberman à Benjamin Netanyahou est un sérieux camouflet pour le dirigeant de la droite israélienne.

Depuis l’accord informel entre A. Lieberman et T. Livni, la pression est d’ailleurs montée d’un cran au Likoud. Un officiel du parti est allé jusqu’à qualifié la volonté du chef d’Israël Beitenou d’obtenir le ministère de la Défense ou des Affaires étrangères « d’insolente ».

« Il n’y a aucune légitimité pour un parti de 15 sièges de réclamer des ministères aussi importants. Cela ne s’est jamais vu dans le passé et je ne comprends pas pourquoi Lieberman le mériterait »a-t-il affirmé sous couvert de l’anonymat.

« La nomination de Lieberman à un important ministère affectera l'avenir d'Israël » a estimé de son côté l'ex-ministre de la Défense Moshé Arens et membre du Likoud. Il a expliqué que la désignation du chef du parti Israël Beitenou au gouvernement transmettra un mauvais message au public arabe qui représente un cinquième de la population israélienne.

Un peu plus tôt, Avigdor Lieberman avait en effet fait savoir son intérêt pour l’un de ces deux portefeuilles plutôt que pour celui de l’économie. Face à cette situation, la tâche du président Peres s’avère extrêmement complexe.

Selon le système politique israélien, c’est à lui que revient le devoir, après consultation des partis, de confier à un député le soin de former un gouvernement. Il, ou elle, aura 42 jours pour y parvenir.

Invité à dire quelles étaient ses intentions, le président israélien a expliqué vouloir « respecter l’avis du public et ne prendre une décision qu’après la publication officielle des résultats et consultation de l’ensemble des partis ».

A la question de savoir s’il contraindra T. Livni et B. Netanyahou de former un gouvernement d’union nationale il a assuré que « le peuple ne m’a pas demandé d’imposer quoi que ce soit. Les électeurs attendent d’un président qu’il respecte le résultat du scrutin et qu’il agisse avec intégrité et respect de la loi. Je ne peux pas prendre de décision dans l’immédiat ».

Un avenir qui s’annonce donc très confus et instable pour Israël, soulignant encore une fois l’urgente nécessité de réformer le système politique israélien. Projet mainte fois évoqué et avorté au cours des dernières années.

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