Ilan Halimi: 3 ans : Interview de sa maman
Elle a révélée, lors d’une interview accordée dimanche 19 février au quotidien Haaretz, que la police avait demandé à la famille de ne pas tenir compte des tentatives de contacts initiés par le gang pendant les 5 jours critiques qui ont précédé celui où Ilan a été retrouvé agonisant, en banlieue parisienne.
Elle accuse également la police d’avoir ignoré les motivations antisémites de cette affaire, afin de ne pas s’aliéner la population musulmane.
« Si Ilan n’avait pas été juif, il n’aurait pas été assassiné » affirme-t-elle.
Des amis et des proches sont venus soutenir la famille. Ilan vivait dans l’appartement de sa mère Ruth avec ses sœurs, Yaël et Anne-Laure ; leur père vit ailleurs.
La famille est venue du Maroc il y a 25 ans. Ruth dit que récemment Ilan avait parlé d’émigrer en Israël. « Il voulait d’abord travailler un peu pour économiser de l’argent pour ce voyage » dit-elle, la voix cassée.
La communauté juive de Paris est encore sous le choc après l’enlèvement et le meurtre d’Ilan Halimi, qui a commencé il y a un mois, lorsque le gang a dépêché une jolie fille pour l’attirer à un rendez-vous.
« La dernière fois que j’ai vu mon fils, c’était le vendredi 20 janvier, juste avant qu’il parte pour ce rendez-vous, raconte Ruth. Il voulait sortir avec des amis mais comme ils ont annulé la sortie, il a accepté le rendez-vous avec cette fille. Samedi soir il a appelé en disant qu’il avait été kidnappé et que nous devions consulter nos Emails. »
La famille a alors découvert une image d’Ilan scannée, les yeux bandés, un revolver pointé sur sa tête.
La famille a alors contacté la police, qui a installé des policiers en faction devant leur domicile et a commencé à enquêter.
Durant trois semaines les kidnappeurs ont négocié avec Ruth, avec le père d’Ilan, avec son ex-petite amie, et avec des personnalités de la communauté juive. Ils utilisaient les mails, les téléphones portables, ce qui a mené la police jusqu’à eux ; mais elle n’a pas réussi à les capturer.
« Huit jours avant son meurtre, révèle Ruth, la police a tenté d’arrêter un des suspects, dans un cybercafé, mais ils ont tout simplement été incapables de l’attraper. »
Selon une des sœurs d’Ilan, le suspect a pu avertir ses complices que la police se rapprochait.
Ruth révèle que la police a demandé à la famille de cesser toute communication téléphonique avec les kidnappeurs, afin d’obliger ceux-ci à reprendre contact par Email. « Cinq jours avant qu’on ne retrouve Ilan, la police nous a ordonné : ne répondez au téléphone, ne répondez pas aux textos. Nous avons reçu des douzaines d’appels des ravisseurs, sans décrocher. Et Jeudi, Ilan a été retrouvé agonisant. »
Les membres de la famille d’Ilan se reprochent amèrement d’avoir obéi aux injonctions de la police. « Il est certain que si nous leur avions répondu, Ilan n’aurait pas été exécuté ».
La famille d’Ilan exprime aussi sa colère contre le refus de la police de reconnaître ici un meurtre antisémite.
« Nous leur avons dit qu’il y avait déjà eu au moins trois tentatives d’enlèvement de jeunes Juifs, déclare Ruth, mais ils insistaient sur le seul motif crapuleux de ce crime. »
« Ils ont peur de déclencher une confrontation avec les Musulmans » ajoute un des oncles d’Ilan.
« Nous savons qu’il y a quelques mois une jeune fille juive de 16 ans a été enlevée, confie la famille, mais ses parents ont décidé de ne pas s’adresser à la police et ils ont payé 100.000 euros de rançon. »
Les Halimi déclarent qu’ils n’ont jamais été en possession de tels moyens financiers.
Titre original 'If he hadn't been Jewish, he wouldn't have been murdered' © Haaretz, Primo pour la traduction française
www.primo-europe.org
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