Le gouvernement israélien s’est réuni en secret samedi 3 janvier pour décider de l’offensive terrestre. Tous les ministres ont approuvé la procédure à l’exception d’Elie Yshaï et Haïm Ramon, qui se sont abstenus. Ils tenaient à ce que l’objectif de cette nouvelle phase de l’opération soit défini comme « la chute du Hamas »…
Les responsables politiques, décidés, savent qu’ils peuvent compter sur une armée préparée. Le chef d'état-major de Tsahal, Gabi Ashkenazi, a déclaré à ses troupes qui s’apprêtaient à passer à l’offensive : « Je compte sur vous, j'ai confiance en vous et je vous soutiens. Le peuple d'Israël ne pouvait disposer d'une meilleur équipe de commandants et de combattants ». L’enjeu est crucial pour la sécurité d’Israël, mais aussi pour l’image de son armée dans un Moyen Orient instable.
Les soldats d’Israël sont entrés à Gaza vers 18H30. Quelques heures plus tôt, l’artillerie israélienne pilonnait des positions palestiniennes à l’intérieur du territoire. Des premiers témoins palestiniens communiquent l’information à la presse une heure plus tard. Des véhicules de combat appuyés par des hélicoptères progressent dans la bande de Gaza. Peu avant 20 heures, des chars israéliens ouvrent le feu. Le Hamas répond avec des obus de mortier, et annonce ses premiers blessés. Des dizaines de milliers de réservistes supplémentaires sont appelés par l’armée. Vers 22 heures, Tsahal annonce que plusieurs dizaines de Palestiniens armés ont été tués. Les soldats de Tsahal ne se sont pas vus opposer de ''résistance massive'' ; aucun incident inhabituel n'a été signalé.
L’opération sera « longue et difficile » a annoncé le ministre israélien de la Défense. Il sait que le Hamas n’est pas la seule organisation terroriste armée à Gaza. Les Brigades Ezzedine El Qassam, la branche armée du Hamas, ont annoncé « la poursuite des combats jusqu’à la dernière goutte de sang ». Le Djihad islamique, dont le QG a été bombardé, demeure une menace réelle.
Toutes ces organisations prônent une guerre sainte contre Israël. Elles sont responsables des attaques quotidiennes sur le Néguev occidental. La riposte d’Israël est bien issue d’une stratégie de défense, non d’attaque.
Car il ne s’agit pas non plus de se tromper de mots. Israël a entamé une deuxième étape de son offensive militaire, mais il s’agit bien d’une riposte à des attaques quotidiennes ; c’est une guerre défensive qui a été lancée. C’est précisément ce que la ministre israélienne des Affaires étrangères a déclaré au Secrétaire général des Nations-Unies pour l’informer de la décision de son gouvernement de passer à une offensive terrestre : « plus la communauté internationale comprendra que les démarches entreprises par Israël sont défensives, plus le Hamas devra reconnaître que la situation a changé ».
Il n’en reste pas moins que le travail d’information sur la riposte d’Israël exige plus que jamais une vigilance accrue. Des manifestations contre les opérations militaires à Gaza ont été organisées partout en Europe au cours de la journée de samedi 3 janvier. A Marseille, Perpignan, Lille, Toulouse et Mulhouse, mais aussi à Londres, Chypre, Salzbourg et Athènes où, comme à Paris, des drapeaux d’Israël ont été brûlés. Organisées par des mouvements d’extrême gauche notamment, les manifestations ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes. Banderoles injurieuses. Slogans insultants. Tout le monde n’a pas saisi le sens de l’opération israélienne à Gaza. D’ailleurs la France a condamné l’intervention militaire, tout comme le secrétaire général de l’ONU qui a dit sa « déception » au Premier ministre Ehoud Olmert, tandis que l’Amérique rappelle les souffrances des Israéliens du Néguev et la nécessité de mettre fin à des années de terreur, soucieuse de préserver les populations civiles.
Dimanche 4 janvier, des convois humanitaires en provenance de Turquie et de Syrie notamment, transportant plusieurs centaines de tonnes de vivres et de médicaments, traverseront Israël et seront acheminés aux Gazaouis. Dimanche 4 janvier, des blessés palestiniens seront soignés dans des hôpitaux d’Israël.
Samedi soir, les équipes de Guysen TV étaient postées au barrage d’Erez, non loin du point d’entrée des troupes israéliennes au nord de la bande de Gaza. Seules trois autres équipes de journalistes étaient présentes. Dans la nuit noire et le froid humide, nous avons entendu les premiers tirs immédiatement après l’offensive. Puis nous avons attendu le feu vert des autorités pour diffuser la nouvelle.
Puis les tirs se sont intensifiés, déchaînant un vacarme qui nous plongeait dans le souvenir de la guerre du Liban.
La dépêche relative au discours provocateur d’Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah libanais, est tombée. Il avait menacé d’intervenir en cas d’offensive terrestre de Tsahal. Il exhorte le Hamas à mener un combat héroïque contre Israël… Le ministre de la Défense israélien a répondu qu’il n’avait pas l’intention d’ouvrir un nouveau front, mais que les armées d’Israël sont aussi prêtes à intervenir, à la frontière Nord.
Tard dans la nuit, les fantassins de Tsahal poursuivaient leur progression dans le nord de la Bande de Gaza, conformément aux plans établis.
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