Parmi les cibles prioritaires de Tsahal : les infrastructures qui fabriquent et stockent des missiles qui depuis huit ans tuent, blessent et terrorisent les habitants du Néguev. L’aviation israélienne a également bombardé un réseau de 40 tunnels de contrebande le long de l’axe de Philadelphie. Et Tsahal a indiqué que toute habitation abritant armes et roquettes serait découverte.
Le Premier ministre israélien a rappelé qu’Israël ne mène pas une guerre contre les Palestiniens. Des convois humanitaires ont d’ailleurs été autorisés à passer à Gaza : ambulances, médicaments, vivres sont distribués aux habitants de Gaza, appelés à se désolidariser du Hamas. Ehoud Barak a donné à nouveau son accord pour qu’une centaine de camions chargés de nourriture et de médicaments passe à Gaza lundi 29 décembre.
Le Hamas, plus que jamais enfoncé dans sa stratégie victimaire, a reconnu qu’il avait été pris par surprise par les raids de Tsahal. Malgré le choc des premières frappes israéliennes qui ont mené plus de 250 raids, le Hamas a répondu en tirant 150 missiles sur Israël depuis samedi matin. Dimanche 28 décembre, ils sont tombés sur Sdei Nitzan, Gvoulot, Sheitoulim, Bnei Darom, Gan Yavneh, Sdot Néguev, Ein Hashlosha où une personne a été blessée et onze autres commotionnées, dans les kibboutz de Zikim et Aloumim, et dans la ville d’Ashqelon.
Les équipes de Guysen sillonnent en permanence la région du Néguev occidental et la pointe côtière, au Nord de Gaza. Souvent premiers témoins d’une action, ils multiplient les points d’information, parfois quelques minutes avant ou après les déflagrations provoquées par les tirs ; nos équipes alimentent aussi le fil d’information de Guysen. Il se passe rarement plus d’une minute entre un tir de roquette et la rédaction d’une nouvelle dépêche.
Il faut également constater que peu de journalistes de la presse étrangère sont en mission dans la région. Peu de reportages sont diffusés sur la situation des Israéliens dans le sud du pays. La défense civile est pourtant sur le qui vive. Les casernes de pompiers et les ambulanciers du Maguen David Adom, les services de secours ambulanciers israéliens, sont en état d’alerte maximum. C’est une sorte d’état d’urgence qui est mis en place dans les communes limitrophes de la bande de Gaza, jusqu’au 31 mars, ce qu’on appelle en Israël le « système Melah » : des mesures économiques prises pour assurer un minimum vital pour tous ceux qui sont directement inquiétés par les tirs du Hamas. Les agriculteurs du Shaar Hanéguev ont été priés de cesser leur travail. Les établissements scolaires situés dans un rayon de 20 kilomètres autour de la bande de Gaza ne rouvriront pas leurs portes mardi 30 décembre, au terme des congés de Hanoukka. Les habitants des villes de Yavneh, Guédéra et Beer Sheva ont été appelés à se préparer à descendre dans les abris. La déclaration solennelle du Président israélien Shimon Pérès sonne comme un appel au rassemblement pour soutenir une opération qui risque de durer : Le peuple est uni autour de l’opération à Gaza car elle est justifiée, et parce que nous n’avons pas d’autre alternative ».
Sur le plan des opérations militaires, la Commission parlementaire des affaires étrangères et de la défense a approuvé la demande du ministre de la Défense de mobiliser les réservistes pour une éventuelle offensive terrestre, confirmant l’ordre du gouvernement de mobiliser 6500 réservistes supplémentaires, tandis que des milliers d’autres ont déjà été appelés sous les drapeaux. Soulignons que pour la première fois depuis un an, Tsahal a déployé une batterie d’artillerie près de la bande de Gaza, qui appuiera l’infanterie au moment de l’offensive terrestre.
La riposte du Hamas à la riposte d’Israël porte désormais un nom : « opération tâche d’huile », c’est-à-dire l’ouverture d’autres fronts, voire le déclenchement de nouvelles opérations suicides qui répandraient à nouveau la terreur dans les zones urbaines principalement, une « troisième Intifada » qu’appelle de ses vœux le chef politique du Hamas, Khaled Mechaal depuis son exode syrien.
Le « cercle de feu » du Hamas pourrait aussi s’étendre dans les quartiers arabes de Jérusalem, en Judée et en Samarie. La rédaction de Guysen a dénombré, dimanche 29 décembre, pas moins de quinze agressions et autant de tentatives d’actes terroristes, en réaction aux raids de l’aviation israélienne sur la bande de Gaza. Jets de pierres et de pneus enflammés à Wadi Ara, à Dir El Assad en Galilée, à Wadi Joz ou dans le quartier de Shouafat à Jérusalem, Hébron, Kiryat Arba. Emeutes et affrontements au barrage militaire de Kalandya près de Ramallah ou à Oum el-Fahem. Il n’y a pas que des Palestiniens qui sont tentés par la violence. Par la violence, des Arabes israéliens ont aussi affirmé leur solidarité avec les Palestiniens de Gaza.
Si la rue arabe en Syrie ou au Yémen s’enflamme, si des manifestations ont été organisées à Dubaï ou à Paris, si les rituels de la démonisation d’Israël et de l’Amérique ont été respectés, il est difficile de dire que le monde arabe se mobilise fortement contre l’opération israélienne à Gaza. Certains pays, comme l’Egypte, ont des comptes à régler avec le Hamas et les extrémistes palestiniens en général. A Beyrouth, dans les zones palestiniennes, Hosni Moubarak est qualifié de traitre, l’ambassade égyptienne a été caillassée, obligeant l’intervention des forces de la police libanaise.Le Hamas affirme que l’opération militaire a été orchestrée en bonne intelligence avec Israël. L’Arabie Saoudite et la Jordanie soutiennent ouvertement la politique de Mahmoud Abbas, qualifié de « traitre de la Mouqata » par Fati Hamad, le chef du Hamas pour le nord de la bande de Gaza.
Les pays arabes modérés exhorteront certainement Israël à cesser les opérations ; le leader du Fatah a même qualifié l’offensive israélienne de « lâche », en attribuant toutefois la responsabilité de l’escalade de la violence au Hamas qui « aurait pu éviter le massacre à Gaza ». Il n’en reste pas moins que pour ces pays modérés, Gaza représente un syndrome. L’ensemble des leaders arabes modérés craignent que dans leurs pays, des organisations terroristes et islamistes déploient à l’instar du Hamas une véritable stratégie de conquête du pouvoir.
L’ONU n’a pas condamné l’opération lancée par l’Etat d’Israël. C’est un simple communiqué qui appelle les deux parties à la retenue. L’ambassadeur américain à l’ONU a même indiqué que le Hamas était seul responsable des violences à Gaza. Dénoncée officiellement par tous, deux jours après le début des opérations, l’offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza semble être, pour une fois, comprise.
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