10 octobre 2008
Voici, la Paracha de Yom Kippour
Attention ! Votre extase doit être tempérée.
C’était le lendemain de Yom Kippour. Yankel, le voleur du village pénétra dans la maison du Rabbin. Yankel était «renommé» pour être un voleur très doué. Bien que tout le monde connût son occupation obscure, il n’avait jamais, tout au long de sa longue carrière, été pris la main dans le sac ! Ce jour là, il portait deux sacs débordant d’objets volés en or : des candélabres, des bijoux, des antiquités, bref, tout ce qu’on peut imaginer emplissait ses sacs.
«Rabbi, s’écria Yankel en larmes, j’ai été si ému par les offices d’hier que j’ai décidé de rendre tous ces objets à leurs véritables propriétaires. Voulez-vous m’aider à les restituer?»
Le Rabbin, enchanté, félicita Yankel pour cette démarche droite et courageuse et se mit à rendre les objets de larcin à leurs propriétaires, ravis. Quand il revint chez lui, il vit que son bureau avait été dévalisé. Envolé tout l’argent mis de côté pour être distribué aux pauvres pour la fête de Soukkot!
Le Rabbin se précipita vers la maison de Yankel.
«Comment as-tu pu faire une pareille chose ? Qu’en est-il de tous tes remords et de tes bonnes décisions?» gronda-t-il.
«Rabbi, répondit Yankel, Yom Kippour est Yom Kippour mais les affaires sont les affaires…»
La lecture de la Torah que l’on fait à Yom Kippour évoque le service du Grand Prêtre, dans le Temple, lors de ce jour le plus saint de l’année. Elle commence par les mots : «L’Eternel parla à Moché après la mort des deux fils d’Aharon, quand ils s’approchèrent devant D.ieu, et ils moururent».
Quelle relation peut bien avoir ce verset initial avec notre service personnel de Yom Kippour ? L’examen attentif du «péché» qui conduisit à la mort prématurée de Nadav et Avihou répond à cette question.
Le Tabernacle avait été inauguré par une révélation Divine à laquelle avait assisté la nation entière. Le Peuple Juif avait alors poussé un soupir de soulagement collectif, réalisant que D.ieu leur avait entièrement pardonné le péché du Veau d’Or. A ce moment historique et saint, les deux saints fils d’Aharon furent saisis d’une extase divine. Leur élévation spirituelle les fit se précipiter dans le Saint des Saints avec une offrande d’encens et là, leur âme fut saturée de Divinité et s’échappa pour être absorbée dans le Saint Feu qui jaillit pour accueillir ces âmes pures.
Alors que d’autres religions, toutes axées sur la poursuite de spiritualité, auraient récompensé un acte si imprégné de sainteté, le Judaïsme, quant à lui, considère «de travers» leur acte. Les élévations spirituelles sont exaltantes et inspirantes mais elles ne constituent pas la raison pour laquelle nous avons été créés. Nous avons été créés pour imprégner de Divinité notre environnement matériel, et ce, par les Mitsvot, actions apparemment très concrètes. Toute élévation spirituelle qui ne se concrétise pas, par la suite et matériellement, dans la vie quotidienne est certes enivrante mais elle reste virtuellement inutile.
Quelle leçon importante à garder en tête le jour de Yom Kippour !
«Les affaires sont les affaires» ne peut tout simplement pas avoir de sens après Yom Kippour. Le but suprême de ce jour saint, le jour où nous sommes comparés à des anges vêtus tout de blanc, est de donner du sens et de la sainteté aux «affaires» de tous les jours.
Comment pénétrer dans le Saint des Saints
A ‘Hanouccah, nous allumons la Menorah et à Pessa’h, nous mangeons de la Matsa. Mais de quoi s’agit-il à Yom Kippour ? Bien qu’il y ait un certain nombre d’interdits associés à ce jour le plus saint de l’année, manger, boire, porter du cuir, se laver, etc., Yom Kippour est principalement associé à la prière, aux longues prières qui occupent presque toutes les heures de la fête.
Il est intéressant d’observer que la prière est à peine mentionnée dans les commandements bibliques à propos de Yom Kippour. Au lieu de cela, la Torah consacre un chapitre entier à la procédure du service de Yom Kippour dans le Temple, un service comparable à ceux d’aucune autre fête, en termes de longueur, de difficulté et de détails. Le point central de ce service était la convergence entre les éléments les plus saints du temps, de l’espace et de l’être vivant. Le jour le plus saint de l’année, la personne la plus sainte, le Grand Prêtre, pénétrait le lieu le plus saint de la terre, le Saint des Saints dans le Sanctuaire, là où il allait prier pour le bien-être de tous ses frères et assurer leur pardon.
Aujourd’hui, nous n’avons plus de service dans le Temple, au lieu de cela, nous prions. Avec nos prières, nous tentons de reconstituer, en termes spirituels, le service du Temple et espérons ainsi produire le même effet, obtenir le même pardon que ceux que nous assuraient ces célébrations.
Chaque Juif est un Temple potentiel pour D.ieu et chaque individu est le Grand Prêtre qui officie dans son Temple personnel. Le but de la prière de Yom Kippour est d’accéder au Saint des Saints de son Temple privé.
Le Saint des Saints abritait l’Arche d’or qui contenait les saintes Tables de la Loi. Leur spécificité consistait en ce que les Dix Commandements y étaient gravés, contrairement à un rouleau de la Torah où les mots sont écrits à l’encre. Sur les Tables, les paroles de D.ieu faisaient partie intégrante du matériau et n’étaient pas un composant ajouté. En effacer les mots aurait signifié détruire les Tables elles-mêmes.
Tout au long de l’année, nous servons D.ieu avec nos facultés «extérieures», conscientes. Nous nous lions à Lui par notre esprit, en tentant de Le comprendre ainsi que Ses messages. Nous travaillons à créer une relation chaleureuse et émotionnelle avec Lui en contemplant Sa grandeur et Sa bonté à notre égard. Mais l’esprit et le cœur humains sont versatiles, au meilleur des cas, ce sont des «logiciels téléchargés» et non l’âme elle-même. La relation qui résulte de leurs efforts est donc semblable à l’encre sur le parchemin, sujette à pâlir, voire à s’effacer.
Toutefois, la «chambre» la plus intérieure de l’âme juive, son essence du Saint des Saints, partage avec D.ieu une relation comparable aux Tables de la Loi. A l’intérieur de nous-mêmes, nous sommes liés à D.ieu, sans que nous n’ayons à fournir aucun effort, sans qu’il y ait besoin de cultiver cette relation. C’est ce que nous sommes : «une véritable partie de D.ieu Lui-Même».
Et le jour de Yom Kippour, nous est accordée cette possibilité d’accéder à ce lieu normalement hors de la portée de notre conscience. Ainsi nous ravivons notre relation avec D.ieu pour l’année à venir et suscitons en Lui un effet réciproque. Il Lui est rappelé que cette relation avec nous fait aussi partie de ce qu’Il est. Il ne peut nous oublier pas plus que nous ne pouvons L’oublier. Et ainsi, quelles que soient les transgressions de l’année précédente, D.ieu accorde à Ses enfants le pardon et les inscrit dans le Livre de la vie et de la prospérité.
Tout au long de l’année, le Grand Prêtre revêtait un habit de splendeur pour accomplir ses devoirs, un habit orné d’or, de pierres précieuses et de matériaux les plus raffinés. Mais quand il pénétrait le Saint des Saints, le jour de Yom Kippour, il n’était vêtu que d’habits de lin simples et blancs. Aucune touche de grandeur ni d’éclat.
Ne pensons pas, de façon erronée, que nous manquons de qualifications, d’actes extraordinaires ou d’impressionnantes connaissances en Torah, pour entrer dans le Saint des Saints, ce Yom Kippour. Tout ce dont il est besoin est la pureté du cœur et de l’esprit et le désir de tout bien recommencer.
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