Pie XII : Le Vatican attaque, Marco Tossati

Conformément aux nuances que j'ai cru devoir apporter précédemment [*], à la nouvelle, assortie de titres sensationnalistes - tel, entre autres, celui-ci: "Benoît XVI ne béatifie finalement pas Pie XII" -, il semble qu'il y ait lieu de ne pas trop vite sonner la fin de l'alerte. Pour permettre à nos lecteurs de se faire leur opinion, j'ai choisi de traduire l'interview du jésuite Peter Gumpel, zélé "watchdog" de tout ce qui s'écrit à propos de Pie XII. On peut lui faire confiance pour entretenir le feu du philopacellisme, même s'il faut, pour les besoins de la cause, jeter en pâture à une opinion publique médusée, une vieille insulte antichristique que les Juifs persécutés ou méprisés de génération en génération se sussurraient à l'oreille comme le font et le feront encore tous les humiliés de la terre pour se venger de leurs dominateurs... Je vous cite (en rougissant) l'allusion - pas tout à fait innocente - qu'y fait le jésuite Gumpel : Il est des juifs «qui continuent à attaquer l’Eglise catholique, en disant que le Christ était le fils d’un soldat et d’une prostituée»... Un ange passe. (Menahem Macina).
 

[*] Voir : "Cherche Juifs 'post-holocaustistes' pour témoigner de la 'judéophilie cachée' de Pie XII".


18 octobre 2008

La Stampa

Original italien : "
Pio XII, il Vaticano attacca".


Traduction française : Menahem Macina, pour upjf.org

 

   Body8500oWzMBAmRnIiLMOT  Le postulateur de la cause de béatification de Pie XII, le père jésuite Gumpel, critique le rabbin de Haïfa, qui s’était exprimé contre la béatification de Pacelli.

Le Saint-Siège se livre à une forme de 'pression' sur le cas Pie XII, et l’on peut supposer que dans les Palais Sacrés, on n’a pas apprécié l’intervention du Grand Rabbin de Haïfa, premier non-chrétien invité à parler dans un Synode, et qui a profité de l’occasion pour attaquer la personne et l’agir d’Eugenio Pacelli. C’est ainsi qu’il échoit au "postulateur" de la cause, le père Peter Gumpel, d’exprimer des sentiments largement répandus dans les hautes sphères du Vatican et d’enlever une épine du pied tant à lui-même qu’à d'autres. Nous vous proposons, ci-après, l’intégralité de l’interview accordée à ANSA.

La cause de la béatification de Pie XII, désormais bouclée et à laquelle ne manque que la signature de Benoît XVI, ne se débloque pas parce que le Pape « veut avoir de bons rapports avec les juifs ». C’est le postulateur de la cause de béatification du Pape Pacelli, le père Peter Gumpel, qui le dit, dans un entretien avec l’[agence de presse] ANSA. Le Pape « veut se rendre en Israël le plus tôt possible », mais c’est « impossible tant que la légende qui illustre la photographie de Pie XII au musée de Yad Vashem - une falsification historique indéniable -, n’aura pas été enlevée », a dit le P. Gumpel à l’ANSA [il a été démenti depuis. Note d'upjf.org]. La photo de Pie XII est exposée dans le nouveau musée de Yad Vashem, inauguré en 2005. La légende, qui comporte une dizaine de lignes, affirme :

« élu en 1939, le Pape, a écarté une lettre [en fait un projet d’encyclique] contre l’antisémitisme et le racisme, préparée par son prédécesseur. Alors que des rapports sur les massacres de juifs parvenaient au Vatican, il n’a pas émis pas de protestations, écrites ou verbales. En 1942, il ne s’est pas associé à la condamnation expresse par les Alliés du meurtre des juifs. Quand ils furent déportés de Rome à Auschwitz, Pie XII n’est pas intervenu ».

« Tant que cette légende, dont même l’érudit juif, Sir Martin Gilbert, illustre historien de la Shoah, a demandé la suppression, reste dans le musée, a ajouté Gumpel, Benoît XVI ne peut se rendre en Israël, parce que ce serait un scandale pour les catholiques. »

Et le père Gumpel de faire remarquer :

« L’Eglise catholique fait son possible pour avoir de bons rapports avec Israël, mais des liens amicaux ne peuvent se nouer que s’il y a réciprocité. Or, nous voyons, par exemple, que, faisant preuve d’une grande hospitalité, le Pape a invité un rabbin comme auditeur au synode, et que celui-ci, abusant de notre gentillesse, a, par trois fois, attaqué Pie XII. Le rabbin peut dire ce qu'il veut, certes, mais qu'il parle de cette façon alors qu'il est invité, n'aide pas à l'amélioration de nos rapports ».

Le père Gumpel tient à préciser que ces mêmes juifs « sont très divisés » à propos de Pie XII. Il en est « qui continuent à attaquer l’Eglise catholique, en disant que le Christ était le fils d’un soldat et d’une prostituée », tandis que « d’autres reconnaissent que personne n’a sauvé autant de juifs que le Pape Pacelli ».

Mais quelles sont les vertus héroïques que l’Eglise catholique reconnaît à Pie XII, et qui justifient la cause de béatification ? Sur ce point, le postulateur répond que « le concept de vertu héroïque est une affaire intérieure de l’Eglise », pour laquelle « nous n’avons pas besoin de l’approbation des protestants, des calvinistes, ou d’autres ». Les vertus héroïques du Pape Pacelli sont « une affaire théologique » et « c’est à l’Eglise et non à d’autres qu’il incombe d’en juger », estime Gumpel.

Enfin, revenant aux rapports avec les juifs, il affirme que « beaucoup d’entre eux disent qu’il leur faut étudier les documents des Archives Secrètes du Vatican, et contestent le fait qu’elles ne soient consultables que jusqu’à l’année 1939 ».

Et Gumpel de s’interroger :

« Mais pourquoi aucun d’entre eux n’est-il venu consulter les archives qui sont accessibles pour les années antérieures à 1939, quand Pacelli était secrétaire d’Etat ? »

Les documents qui témoigneraient de l’attitude ambiguë de Pie XII envers les juifs sont un « bluff » et font partie d’ « une campagne de dénigrement ». C’est ce qu’affirme ce spécialiste qui a à son actif 20 ans d’études sur Pie XII, et qui, interpellé par l’ANSA, explique comment des documents, « connus et évalués par nous, les chercheurs, à de très nombreuses reprises », constituent des « falsifications ».

Le père Gumpel répond sur le fond aux deux 'accusations' contre le Pape Pacelli, qui proviennent des documents d’archives, anglais et américains.

A propos de la première, relatant la rencontre, qui s’est produite deux jours après la rafle du ghetto de Rome, entre le pape et l’envoyé extraordinaire de la Grande-Bretagne près le Saint-Siège, et au cours de laquelle Pie XII aurait gardé le silence sur ce qui s’était passé : selon Gumpel, sa date est erronée.

« Cette rencontre a eu lieu, mais deux jours avant la fameuse rafle, le 14 (non le 18) octobre 1943. Dans ce cas, comment le Pape pouvait-il parler d’une chose qui ne s’était pas encore produite ? Mais cela, nous l’avons déjà dit tant de fois. »

Concernant la seconde d’accusation – une conversation que Pie XII aurait eue, le 13 décembre 1943, avec l’ambassadeur allemand Ernest von Weiszäcker -, le postulateur réplique :

« Il est de notoriété historique que les ambassadeurs allemands, et von Weiszäcker en particulier – et il existe aussi une étude scientifique à ce propos – écrivaient ce qui plaisait à Hitler, sinon, ils étaient révoqués. »


Marco Tossati

 

Sources: ANSA et La Stampa

Mis en ligne le 19 octobre 2008, par

M. Macina

, sur le site upjf.org

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