12 octobre 2008
Le grand Rabbin de Haïfa invité au Vatican |
| Par Julien Bahloul pour Guysen International News |
| Ouvert dimanche, le deuxième synode du pontificat de Benoît XVI réunissait théologiens du monde entier afin de réfléchir sur le thème : « La parole de Dieu dans la vie et la mission de l'Église» (en latin : «Verbum Domini in vita et missione Ecclesiae»). Et pour la première fois dans l’histoire de ces rassemblements solennels, un rabbin a été invité ce mardi 7 octobre à venir s’exprimer au Vatican. |
| L’honneur est revenu à Shear Yashuv Cohen, grand rabbin de Haïfa et co-président de la commission chargée des relations entre Israël et le Vatican. L’occasion pour lui de demander l’annulation du projet de béatification de Pie XII, pape qui est resté silencieux durant la guerre face aux crimes de la Shoa. Mais le rabbin a également tenu à attirer l’attention des responsables religieux sur le danger que constituent l’Iran et son président. Shear Yashuv Cohen a commencé son propos en évoquant « l'histoire faite de sang et de larmes entre les juifs et les responsables et les fidèles de l'Eglise catholique ». S’écartant de son discours écrit et dans une allusion au pape Pie XII, il a dénoncé le silence des responsables religieux sur le sort des Juifs durant la Shoah : « Nous ne pouvons pas oublier le fait douloureux que de grands leaders religieux ne se soient pas élevés pour sauver nos frères et qu'ils aient choisi de garder le silence. Nous ne pouvons pas pardonner et oublier cela. J'espère que vous comprenez notre peine », a-t-il déclaré devant les évêques réunis face à lui. Pie XII, qui dirigea l'Eglise de 1939 à 1958, est accusé de silence face aux crimes nazis et fascistes. « Il se peut qu'il soit intervenu secrètement pour un grand nombre de réfugiés et de victimes mais on se pose toujours la même question : N'aurait-il pas dû élever la voix et cela aurait-il pu être utile ? Nous, en tant que victimes, nous estimons que oui. Je n'ai pas été investi par les familles des millions de victimes pour déclarer : ‘Nous avons oublié, nous pardonnons’ ». Benoît XVI, en revanche, n'avait pas hésité à rendre hommage le mois dernier à Pie XII, assurant que ce pape controversé n'avait « pas épargné ses efforts » pour sauver les Juifs de l'extermination. Le procès en béatification de Pie XII, ouvert en octobre 1967, est un sujet de tensions avec les organisations juives. Alors que le dossier était quasiment bouclé, le pape Benoît XVI a créé en décembre 2007 une commission spéciale pour l'étudier avant de prendre sa décision. « Nous sommes opposés à la béatification de Pie XII, nous ne pouvons pas oublier ses silences sur l'holocauste », a dit Shear Yashuv Cohen, selon le quotidien italien La Stampa. « Il ne doit pas être pris comme modèle et il ne doit pas être béatifié parce qu'il n'a pas levé sa voix face à la Shoah. Il n'a pas parlé, car il avait peur ou pour d'autres raisons personnelles », a ajouté le rabbin, selon le journal. Le 9 octobre prochain, une messe en l’honneur des 50 ans de la mort de Pie XII doit être célébrée. Ce nouveau différend intervient quelques mois après les tensions qui ont marqué les relations entre l'Eglise catholique et la communauté juive. En effet, en juillet 2007, Benoit XVI avait réinstauré un rite ancien de l'Eglise, qui comprend, outre la messe en latin, une prière pour la « conversion des Juifs ». Benoît XVI avait alors suscité la désapprobation de religieux juifs et de spécialistes du dialogue judéo-chrétien. Le pape avait par la suite accepté de modifier les termes de la prière en février 2008, mais il y est toujours demandé que « Dieu éclaire le cœur des Juifs, afin qu'ils connaissent Jésus-Christ ». Le rabbin Cohen a toutefois qualifié sa présence de « signal d'espoir et un message d'amour ». Les relations entre le Judaïsme et le Christianisme ont d’ailleurs été abordée par le Grand rabbin de Haïfa lors d’un entretien à La Repubblica, journal italien. Il a estimé que le dialogue entre les deux religions repose sur « le respect réciproque », espérant que « le soupçon que l'on veuille nous convertir n'a plus de raison d'être ». Le Rav Shaar Yashouv Cohen a enfin abordé des problématiques directement liées à Israël. Ainsi, sans citer le nom du président iranien qui a prononcé une allocution particulièrement virulente contre Israël devant l'Assemblée générale de l'ONU il a appelé à sa condamnation. « Je suis ici pour vous demander, en tant que leaders religieux, d'élever votre voix et, avec l'aide du monde libre, de protéger, de défendre et de sauver Israël de ses ennemis ». « Ces diatribes antisémites ont ravivé les souvenirs douloureux des souffrances de notre peuple, ceux des victimes de la Shoah, alors que nous prions pour que cette tragédie ne se reproduise plus jamais ». |
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