10 octobre 2008
Jean-Paul Kauffmann : «Ne pas confondre otage…”
«Dès lors que l’on détient un être humain comme gage pour obtenir quelque chose en échange, cet homme-là, en bon Français, est un otage. Otage, prisonnier de guerre, quelle importance, dira-t-on. Tout est là, précisément. Les ravisseurs peuvent objecter que le jeune soldat capturé n’est qu’un prisonnier de guerre mais, justement, ils n’objectent rien, ayant choisi depuis le début de se taire. Ce silence et le mystère qui entourent la détention de Gilad Shalit affichent clairement l’intimidation. Un prisonnier de guerre n’est pas l’objet d’une menace. En principe, il n’est pas au secret et peut communiquer avec l’extérieur par l’intermédiaire d’organismes comme la Croix-Rouge. L’incertitude n’a pour autre but que de susciter la peur et le désarroi. C’est donc bien un chantage. Officiellement les kidnappeurs ne réclament rien mais le black-out inquiétant constitue à lui seul une pression intolérable. Un prisonnier « ordinaire » possède des repères, connaît les échéances. Un otage n’a rien de tout cela. Le soldat Shalit est un otage. Il est et se sent constamment en péril. Il ignore qui sont ses ravisseurs et ces derniers ne veulent pas que le monde extérieur puisse les identifier. Ce flottement, ce flou angoissant, que les kidnappeurs entretiennent à dessein, s’adressent en réalité aux parents et aux proches du jeune homme enlevé. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de s’en tenir aux mots justes et de proclamer que Gilad Shalit est pris en otage. Il se trouve qu’il est aussi d’origine française. Or, jusqu’à présent, dans toutes ces affaires, la République n’a jamais abandonné ses enfants. Le président de la République, qui a montré son implication dans la libération des infirmières bulgares et dans l’affaire Betancourt, doit intervenir encore et toujours pour sauver le soldat Shalit. »
Propos recueillis par Ivan Levaï
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