Une exposition et un vernissage à ne pas louper !

 
 
D.R.

Jean-Paul Ney emprisonné à Abidjan : "gardé là-bas comme moyen de pression"


Originaire de Bourg-Madame, le journaliste Jean-Paul Ney est emprisonné depuis 9 mois en Côte-d'Ivoire. Devant la passivité des autorités françaises, sa famille a fait appel à M e Collard. Pour la première fois, le père du reporter raconte le calvaire de son fils et les mois d'angoisse.

C 'est un homme abattu qui ouvre la porte de la petite maison de Bourg-Madame. Abattu, mais digne. Malgré les neuf mois d'attente, les centaines de jours sans nouvelles, et le silence imposé par les autorités, Paul Ney ne pliera pas. Un père qui attendra, debout, que son fils Jean-Paul vienne s'effondrer, de soulagement, sur son épaule.
Saviez-vous que votre fils se rendait en Côte d'Ivoire ?
Non, je ne savais pas qu'il était là-bas. D'après ce que j'ai compris, cela s'est fait assez rapidement. Il a remplacé l'un de ses confrères sur un reportage en Côte d'Ivoire, destiné à l'agence Gamma, et il a dû partir précipitamment. Il a dû apprendre par un réseau quelconque qu'il y avait un scoop à faire, qu'Ibrahim Coulibaly s'apprêtait à tenter un coup d'Etat.
Comment avez-vous appris sa détention ?
Par des copains journalistes, qui m'ont annoncé qu'il était emprisonné en Côte d'Ivoire depuis le 27 décembre. Il a été interpellé par la police ivoirienne alors qu'il photographiait des bâtiments de la télévision nationale. Or, au même moment et à quelques pas de là, il y a eu des affrontements entre rebelles et forces de l'armée nationale, je crois que ces affrontements ont même fait dix morts. Et Jean-Paul a été suspecté.
Suspecté de quoi ? De coup d'Etat ?
Oui. C'est la DST qui s'en est occupé. Ils l'ont pris pour un espion, au départ. Et la presse ivoirienne s'en est emparé. Il a été détenu à la maison d'arrêt d'Abidjan, pour des chefs d'accusation que je trouve sans fondements. Notamment, pour "atteinte à la sécurité de l'Etat"...
A partir de ce moment, vous avez remué ciel et terre pour l'en faire sortir ?
Non, car le ministère des Affaires étrangères nous a dit de n'en rien faire. C'était une quinzaine de jours après l'arrestation de notre fils, le Quai d'Orsay m'a appelé. "Ne vous inquiétez pas, on le sortira de là", m'ont-ils dit. Mais une semaine plus tard, le ton avait changé. Un nouveau contact m'a appelé pour me dire : "Votre fils va bien, nous avons de ses nouvelles qui nous sont parvenues par le biais du consulat à Abidjan, mais on ne pourra rien faire pour lui. Prenez un avocat". Depuis, plus rien. Et c'était il y a neuf mois... Vous êtes les premiers à venir jusqu'ici.
Pourquoi n'avoir rien fait durant ces neuf mois ?
Parce qu'on a eu plusieurs amis, qui allaient dans le même sens que le Quai d'Orsay. J'ai eu un procureur général, un avocat international, tous deux connaissaient bien le pays... J'ai même eu un avocat qui, pendant de nombreuses années, a été l'avocat du président Gbagbo. Tous nous ont demandé d'attendre, et d'observer la plus grande discrétion jusqu'à une possible libération au mois d'août. Que cela aurait été dangereux pour Jean-Paul. Nous avons attendu jusqu'à début septembre, puisque les vacances judiciaires en Côte d'Ivoire se terminent fin septembre. Nous avons attendu jusqu'à il y a 15 jours, lorsque j'ai appris qu'il avait été convoqué chez le procureur, qui lui a signifié qu'ils se reverraient en mars 2009 ! C'est à ce moment que nous avons décidé de médiatiser.
Pourquoi pensez-vous que rien n'a été fait auparavant, comme pour d'autres affaires récentes ?
Je me pose la question. Mais nous entrons dans un domaine qui concerne la politique, et cela me dépasse largement. C'est un domaine de rumeurs, de suppositions... C'est politisé, point à la ligne. Tout ce qui compte pour nous, c'est qu'il revienne. Et puis, on ne peut pas comparer avec d'autres affaires, pour la bonne raison que les relations entre la France et la Côte d'Ivoire sont très mauvaises. Moi, je pense qu'il est gardé là-bas comme moyen de pression. Qu'imaginer d'autre ? Il était là-bas uniquement pour un reportage journalistique, il est innocent !
Avez-vous de ses nouvelles ?
Par l'intermédiaire du canal consulaire, oui. Il a fait une tentative de suicide, pour alerter les consciences. Il a des problèmes de santé, la fièvre typhoïde, le paludisme... Il est à l'isolement à La Maca, dans un quartier particulier où ils sont deux par cellule. On m'a dit qu'il la partageait avec un pasteur.
Et vous, comment vivez-vous la situation ?
On le vit très mal. J'ai la tête à l'envers. On ne dort pas. C'est là, tous les jours, cela nous taraude. Il nous tarde d'avoir du concret, qu'on nous laisse espérer une libération. S'il est jugé, il y a deux éventualités possibles : soit ils estiment que les neuf mois qu'il a faits sont suffisants, soit il est condamné à des années de prison, et on demandera l'extradition, on ne peut pas le laisser.
Avez-vous pensé à vous rendre sur place ?
On nous l'a proposé, mais sans nous offrir la certitude que l'on verrait notre fils. Et puis, aller là-bas pour le voir seulement dix minutes, ce serait trop dur. Non, il faudra bien trouver une solution. Jusqu'à présent, on a écouté tout le monde. Mais là, on ne peut plus continuer comme cela...
Recueilli par Barbara Gorrand
 

Source: L'Indépendant.com

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