Les joueurs «ne comprendraient pas»

Raymond Domenech fait l'unanimité... auprès de ses joueurs. Alors que le conseil fédéral se prononcera le 15 octobre sur son avenir, Thierry Henry, Jean-Alain Boumsong et Bakary Sagna ont assuré dimanche qu'ils «ne comprendraient pas» que le technicien ne soit pas reconduit à la tête des Bleus. La physionomie de la rencontre en Roumanie qui a vu l'équipe de France remonter un handicap de deux buts (2-2) est, à leurs yeux, un gage suffisant pour le maintenir dans ses fonctions. Boumsong évoque ses «mots justes» à la mi-temps, mais aussi «la force de caractère» dont ses joueurs ont fait preuve pour revenir dans le match. «Ça peut être un acte fondateur». Pour Sagna, les résultats enregistrés lors de la Coupe du monde 2006 continuent de plaider en la faveur du sélectionneur. «Il faut lui laisser du temps. L'équipe est en reconstruction». Pour Henry, c'est la question même de sa reconduction qui ne devrait plus se poser. «A un moment donné il faut que ce soit clair et qu'on arrête avec ce débat. Ce que je ne comprends pas, c'est que si le coach est reconduit, il est reconduit». L'attaquant de Barcelone pointe du doigt l'obligation de résultats -la fameuse barre des cinq points- qui aurait été imposée à Domenech. «On ne reconduit pas quelqu'un avec des si».

L'ancien Gunner n'a pas tenu à polémiquer sur la position bancale de la Fédération française, qui n'a jamais manifesté un soutien clair à Domenech. Il a, en revanche, assuré que les joueurs de l'équipe de France étaient aujourd'hui «tous derrière» le sélectionneur. «On a joué pour lui, pour nous et pour le football français», souligne-t-il en écho aux déclarations de Franck Ribéry qui avait dédié ce match nul au sélectionneur. «Inconsciemment ou consciemment, il y a eu cet effort supplémentaire pour un entraîneur pour qui on a envie de mettre le bleu de chauffe et de mouiller le maillot», reprend Boumsong. Les deux joueurs assurent ne pas avoir été briefés ou influencés par des possibles discours de Domenech en interne. «On a travaillé sans qu'il mette en avant sa situation délicate» (Boumsong). «Le coach est costaud. Il ne montre rien» (Henry).

Henry : «Un acharnement sur le coach»

Si Domenech semble imperméable aux critiques, Henry se charge pour lui de dénoncer «l'acharnement» dont il est victime depuis l'échec de l'Euro. «A un moment donné, il y a un acharnement sur le coach qui n'est pas facile à gérer, surtout pour nous qui avions un match à préparer, indique-t-il. On ne se cherche pas d'excuses, mais ça serait mieux s'il y avait pas tout ça. Ça devient pesant. Les gens oublient que le coach reste un être humain, qu'il a une famille, des amis. Ce qui lui arrive, ce n'est pas évident à accepter. Personne n'aurait aimé vivre ça». L'international raconte qu'il pensait que cette situation «prendrait fin» après le succès contre la Serbie (2-1), le 10 septembre dernier. Il constate que rien «n'a changé». «Si on avait gagné en Autriche, peut-être que ce serait arrêté et encore... Quand tu es à notre place, tu espères toujours que tu vas enfin pouvoir travailler tranquillement». Comme Boumsong, il estime que le match amical contre la Tunisie, mardi, ne sera pas décisif pour l'avenir de Domenech. Dans un sens comme dans l'autre. «Même si on gagne avec panache, je ne sais pas ce que ça va changer».

Emery TAISNE, à Clairefontaine