Un résumé de Sochaux/PSG

Primo et le Canari dans la mine.(Histoire d'une folle semaine)

Primo et le Canari dans la mine
(Histoire d'une folle semaine)

Février 2006, un meurtre particulièrement horrible vient bouleverser la société française : Ilan Halimi est enlevé, torturé et mis à mort.

Primo est particulièrement saisi par l’importance des témoignages durant cette période. Sous l’impulsion d’un membre de notre association, Yaël König, par ailleurs éditrice, nous écrivons un livre qu'elle édite (Editions Yago), le Canari dans la mine.

L’équipe Primo s’est mobilisée pour l’écriture du livre, sa vente et sa distribution. 11.000 euros ont pu être ainsi récoltés. La réponse des internautes a été magnifique et nous voulons vous en remercier.

Fidèle à nos exigences de transparence avec vous tous qui nous lisez, nous avions dès le début annoncé que les recettes de la vente du livre seraient affectées à une œuvre travaillant pour la paix et la réconciliation.


Léa Sangler, Joëlle Chemla, David König, Josiane Sberro, Liliane Messika,
François Zimeray, Maha, Jean-Pierre Chemla, Guila, Joe Toledano, Elie Roubah

Vous connaissez la suite. Sinon, vous pouvez la consulter ici.

Depuis, Primo n’a eu de cesse depuis de travailler à la venue de nos amies de l'Ecole Hattie Friedland, Gilah TATAR YITSHAK et Maha ABU KTESH. Après plusieurs mois d’effort, notre petite équipe a pu accueillir les deux directrices, toutes les deux israéliennes, l’une juive, l’autre arabe, pour une semaine de folie.

L’organisation d’une telle semaine dépassait de loin nos possibilités financières. Quelques amis nous ont aidés. Nous remercions Claude Baruch qui a financé une grande partie du voyage. Léa Sangler, artiste peintre, a trouvé la salle. D'autres amis nous ont aidés, soutenus. La mobilisation de tous les instants d'une toute petite équipe a vu la consécration de ses efforts et lui a permis de goûter à des moments d’une fraternité exceptionnelle.

Histoire d’une folle semaine

10 avril 2008 : dès vingt heures nous sommes à l'aéroport. Comme toujours pour les avions en provenance d'Israël, l'heure d’atterrissage est approximative. Au bout de trois heures, les premiers passagers accèdent à la sortie. Bouquets de fleurs en mains, nous guettons pour tenter d'apercevoir Guila et Maha sans les avoir jamais vues. Les questions se bousculent. Saurons-nous les reconnaître? Comment sont-elles? Qui sont-elles?

Les passagères attendues sont les deux directrices de l'école Hattie Friedland, de Jérusalem. Guila est juive. Maha est arabe. Elles sont les invitées de Primo et des Editions Yago. Elles viennent recevoir le « Prix Yago-Primo » pour le travail pédagogique et éducatif exemplaire de leur établissement.

Une longue préparation

Cette arrivée est pour l'équipe de Primo le couronnement de dix-huit mois de travail acharné. Trouver les fonds, monter des dossiers, trouver une salle, s'occuper des invitations, essayer d'intéresser des journalistes. Et chacun dans la petite équipe a pris sa part.

Il a fallu monter un dossier auprès des services de communication de l'Hôtel de Ville de Paris. En effet, la Mairie ayant accepté d’être partenaire de l’opération, Primo espérait présenter aux médias cette école pas comme les autres dans une salle officielle.

Mais de promesse en tergiversation, tous les organismes et politiques qui trouvaient « formidaaaable » notre initiative ont déclaré forfait. Qu’importe, l'opération a été montée et financée avec les maigres moyens dont nous disposions.

Mais il reste à payer l'hôtel, le séjour, les voyages de nos deux amies. France Israël Dijon leur organise une conférence en Bourgogne. Elles découvrent une province française ou des bénévoles les accueillent pour une journée magnifique à leurs yeux.

Le reste des dépenses sera en partie couvert par notre trésorerie. Car nous avons refusé d'amputer la somme récoltée par la vente du livre pour financer cette opération. C'était pour nous une simple question de dignité.

Un emploi du temps chargé

Dès leur arrivée, Guila et Maha, les deux directrices sont happées par un réseau de relations, resté absent et silencieux jusque-là. Elles courent d'invitation en réunion.

Trois temps forts de ce périple.

L'école Hattie Friedland dépend de l'Alliance Israélite Universelle, fondation internationalement reconnue pour son action culturelle dans les pays sous-développés.


Conférence à Dijon le 12 avril puis rencontre à l'AIU le 14 avril avec Eva Labi, Gilah YITSHAK, Maha ABU KTESH

Maha et Guila sont reçues dans l'une des écoles de l'AIU en région parisienne. Outre les élèves juifs de cette école, une classe d'un lycée professionnel de l'Education nationale, accompagnée d'une professeur franco-marocaine les accueille. La rencontre et le repas partagé vont bien plus loin qu’une simple réunion.

Au siège social de l'AIU, le staff se présente à nos invitées. Au cours de la visite de l'imposante bibliothèque, elles découvrent dans les archives les premières photos de leur école de Jérusalem. Une copie de cet émouvant dossier leur sera remis au départ.

Le soir même, pour clore cette journée bien remplie, M. Enten, directeur du cinéma l'Atalante à Maisons Laffitte nous ouvre ses portes. Annulant le film du jour, il nous permet de projeter celui d'Elie Roubah "N'est pas sourd celui qu'on croit" sur l'école Hattie Friedland, en présence d'un public nombreux.

Projection suivie d'un débat sans concession avec la salle. Jacques Myard, député-maire de la commune, présent ce soir là, repart enchanté, dit-il, de la qualité de la rencontre et de l'échange. Promesse est échangée entre Primo et lui de reprendre le dialogue à d’autres occasions.


Michel Enten, Elie Roubah, Jacques Myard, Guila, Josiane Sberro, Maha,
après la projection du film au cinéma L'Atalante, à Maisons Laffitte

La soirée Yago-Primo

Mardi est la grande journée de remise du prix. L'équipe de Primo s'active. Les postes sont répartis, notre infatigable secrétaire, Joëlle, veille au grain et amortit les chocs.


On met la dernière main au programme et on prépare le chèque
Liliane Messika, notre porte-parole, Pierre Lefebvre, Elie Roubah (de dos), Maha et Guila, Jean-Pierre Chemla

Dans les Salons du Cercle Républicain, la soirée commence par une immense bonne surprise: alors qu’on s’apprête à excuser l’absence de François Zimeray, en déplacement en Asie, l’ambassadeur de France pour les Droits de l'Homme vient prendre place parmi nous malgré les milliers de kilomètres parcourus le jour même.

Avec sa simplicité habituelle , il s'adresse à l'assistance :


François Zimeray, Ambassadeur pour les Droits de l'Homme

"C'est un privilège pour moi de participer à cette manifestation et je saisis l'occasion de le dire, car PRIMO depuis des années a mené des actions simplement justes, dans lesquelles je me suis reconnu. Dans les positions que j'ai prises ou que j'ai pu prendre, je n'ai jamais eu la sensation d'être pour un camp contre l'autre; et j'ai reconnu cette sensibilité dans votre association.

C'est suffisamment rare dans les moments passionnels que nous traversons pour mériter d'être reconnu. Plus on s'éloigne du cœur du conflit, plus ce conflit est passionnel. Ilan Halimi est mort ici, pas là-bas. Il y a ici des exacerbations qui ajoutent de l'huile sur le feu. Il faut encourager ceux qui maintiennent le fil du dialogue et se battre contre ceux qui veulent faire de ce conflit une ligne de front. Il y a deux aspects remarquables dans votre entreprise:

- L'Education, quand je vois ce qui se faisait et ce que vous avez mis en lumière!
- L'Enfance, la tolérance, vous ne pouviez mieux trouver que ces deux femmes pour remettre ce prix
"

Une belle ovation sanctionne sa fidélité à sa parole et sa modeste simplicité. Discours et paroles de paix se succèdent : Didier Bourg, président de la Fraternité musulmane contre l'antisémitisme, l'Amitié Judéo-noire avec Bernice Dubois qui représentait Nduwa Guershon, le Général Darmon.


Didier Bourg, président de la Fraternité Musulmane contre l'antisémitisme, Bernadette Capdevielle et François Zimeray au premier plan

Le chèque officiel d’une valeur de 11 000 € est remis aux directrices ainsi que plusieurs exemplaires d’un CD inédit : un dictionnaire de langue des signes interactif en plusieurs Langues des Signes européennes.

Eh oui, les langues des signes sont différentes dans chaque pays ! Il y a là de quoi équiper dix postes de travail au sein de l'école.

L'équipe de Primo n’a jamais pu jouir de quelques instants de joie et d'échanges, voire d'un simple dîner au restaurant avec ses invitées. Peu importe : notre équipe est heureuse d'avoir permis à nombre d'institutions et de structures de bénéficier de la présence de nos deux amies. C'est ainsi que nous concevons le rôle de notre association : tisser des liens et bâtir des ponts.

Maintes fois, nous avons demandé à Maha et Guila si elles voulaient se reposer. Mais elles semblaient galvanisées jour après jour par les rencontres qui étaient organisées pour elles.


Après la cérémonie, joyeuse tout de même, la détente

Du concret

Ce voyage aura plusieurs suites. Tout d'abord, nous n'oublierons pas l'école Hattie Friedland et suivrons nos deux directrices et leurs élèves, avec un projet de voyage des élèves eux-mêmes en France. De plus, nous restons en contact avec elles pour qu'elles puissent nous présenter leurs futurs programmes.

Plusieurs institutions pour sourds et malentendants en France ont décidé de nouer des liens avec elles. Nous laissons ces relations se tisser.

L'essentiel est de commencer. Voilà du travail "à la Primo". Pas de grandes annonces, pas de scoops, pas de grandes déclarations mais un engagement au quotidien, sans réclamer aucun honneur. C’est ainsi que nous concevons notre engagement bénévole.

Plus de 11.000 euros représentent peu au regard des besoins de cette institution.

Cette somme sera utilisée pour financer deux actions précises : une formation inter-culturelle, en lien avec le Ministère israélien et un programme de leçons de tournage au sein de l'école (lire).

Grâce au cinéma, à l’éducation à l’image, la classe de jeunes sourds israéliens et arabes parvient à dépasser son identité de malentendants, à surmonter les difficultés liées à son lieu d'origine. Elle maîtrise la définition d'un scénario, les processus par lesquels il prend forme et la façon dont il se concrétise dans le tournage du film lui-même.

Maha, David König, des Editions Yago, Guiha et Josiane Sberro, vice-présidente de Primo

La route sera longue

Si nous devions comparer le conflit israélo-palestinien à un désert, l’école Hattie Friedland représenterait une oasis, comme il en existe quelques-unes, mais beaucoup trop rares.

Et une oasis, c’est fait pour s’y arrêter, s’y reposer, se rafraîchir et réfléchir au désert qui l’entoure.

A Primo, nous savons bien qu’à ce jour, c’est le désert qui est commun et les oasis des exceptions. Nous ne tomberons pas dans l’angélisme dans lesquels d’autres se sont perdus.

Le livre que nous avons écrit, grâce à l'engagement des Editions Yago, à l’origine de cette belle soirée, était un constat implacable et sans concession. Nous demeurons persuadés que ce conflit ne présente pas la symétrie qu’on voudrait lui prêter. Nous sommes surtout certains qu’on ne parvient pas à la paix en renonçant à ses convictions.

Demain, nous reprenons notre chemin à travers le désert. Nous reprendrons notre combat contre la bêtise, la mauvaise foi et la désinformation. Nous restons résolument aux côtés du peuple d’Israël, le seul protagoniste à jouer vraiment sa survie.

Mais nous garderons, dans un coin de notre mémoire, le regard et le sourire de Guila et Maha comme la projection de ce que nous voulons pour les enfants de ce Proche Orient pour l'heure tourmenté.

Au final, le séjour fut riche, actif, réjouissant et parfaitement utile. Chez Primo, nous sommes fiers et heureux du résultat de cette épopée : un petit signe de paix qui a pris sens autour de Guila et Maha.

Mais nous sommes également fiers d'avoir réussi tout cela de la même manière que nous avons créé Primo en décembre 2002 : indépendants, libres de toute structure et institution.

Primo, c'est cela : la clarté, la transparence dans toutes nos actions, qu'elles soient rédactionnelles ou pragmatiques, comme ce fut le cas ici.

Primo c'est aussi vous qui nous lisez, jour après jour et qui faites de notre site un des lieux de référence dans la lutte contre la pensée unique, dans l'insoumission affirmée aux dogmes établis.

Merci à vous tous et en avant toujours pour de nouveaux combats.

© Primo, 25 avril 2008

Merci au photographe de la soirée, Alain Azria et à ceux qui ont su saisir quelques moments de bonheur, Monique Thébaut, Raoul Sberro, Jean-Michel Peretz

BLOG D'ALAIN AZRIA

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