19 mai 2008
Marie Anne Charlotte Corday d’Armont
Née à Saint-Saturnin des Ligneries (Normandie) en 1768, morte à Paris en 1793, Charlotte Corday, arrière-petite-nièce de Corneille, est issue d’une famille de petite noblesse. Elevée au couvent puis placée en pension à Caen auprès d’une parente veuve du trésorier de France, Coutellier de Bretteville elle se familiarise avec les auteurs de l’Antiquité, lit Rousseau et s’enthousiasme pour les idées nouvelles.
Elle s’intéresse à la politique, indignée des outrances de Marat, le « massacreur de Septembre », elle lui reproche de pousser à la guerre civile pour devenir dictateur. Après le 2 juin 1793, elle rend visite aux députés girondins [1] proscrits et s’enthousiasme pour l’ardeur des Caennais qui s’enrôlent pour aller délivrer Paris des « anarchistes ».
Les déclarations de Marat telles que « Je ne croirais à la République que lorsque la tête de Louis XVI ne sera plus sur ses épaules » ou bien lorsqu’il demande plus cent mille cadavres exaspèrent Charlotte Corday. De plus elle apprend quelque temps plus tard le supplice de l’abbé Grombault prêtre qui a donné l’extrême-onction à madame Corday d’Armont, sa mère. Sa décision est prise...elle doit tuer Marat, ce fou sanguinaire.
Elle veut intervenir au ministère de l’Intérieur pour une amie émigrée, parente de Barbaroux ; elle fait une demande d’introduction, et obtient une lettre pour le député Duperret, ennemi juré de la Montagne [2]. Elle fait ses adieux à ses amis. Pour ne pas se trahir, elle décide de ne pas aller faire ses adieux à son père mais elle lui envoie une lettre lui indiquant son intention d’aller en Angleterre. Au matin de son départ, elle détruit tous ses papiers et les correspondances qu’elle a eues avec les girondins. Munie de 140 livres en assignats, de 50 écus et de 25 écus de 6 livres, somme énorme, elle part pour Paris le 9 juillet 1793.
Elle y arrive le 11 juillet, loge à l’hôtel de la Providence, voit plusieurs fois Duperret, se rend avec lui au ministère de l’Intérieur ; mais elle ne désire pas tuer le ministre, Garat, quoique celui-ci ait pu en penser par la suite : elle ne le juge « pas assez dangereux ».
Le 13, à 8 heures, elle achète un couteau de 40 sols au Palais-Royal, se fait conduire à 11 heures chez Marat, mais n’est pas reçue ; elle y retourne le soir : de son bain, Marat dit de la faire entrer ; elle apporte des nouvelles du Calvados, donne les noms des députés présents à Caen et, comme Marat lui dit qu’ils seront guillotinés, elle lui plonge son couteau dans la gorge.
Immobilisée par les amis de Marat, auxquels elle n’oppose aucune résistance, elle est interrogée une première fois par le commissaire de police Guellard. Elle est ensuite transférée avec beaucoup de mal à la prison de l’Abbaye : la foule voulait la lyncher ! Un peu plus tard, c’est de la Conciergerie qu’elle attendra son jugement.
Le mercredi 17 juillet à 8 heures du matin, la foule se presse dans le tribunal, après s’être informé de l’identité et de l’âge de Charlotte, le président Montané lui demande qui est son défenseur. Charlotte Corday avait demandé à un de ses amis Gustave Doulcet de la défendre, malheureusement ce dernier n’a pas été prévenu. Le président commet alors d’office Chauveau-Lagarde qui se trouve dans la salle. Tout au long de ce procès elle va répondre aux questions de façon exacte, sans jamais chercher à minimiser les faits. Elle va même jusqu’à confirmer les déclarations des témoins à charge.
A l’issue des débats, l’accusateur public Fouquier-Tinville demande sa tête, son avocat fait une plaidoirie brève mais très courageuse. Fouquier-Tinville du reste n’apprécie pas cette plaidoirie, il avait conseillé à l’avocat de faire passer Charlotte Corday pour une folle. Même le président va modifier le libellé d’une des questions posée au juge afin de ne pas la faire passer pour une royaliste. Mais rien n’y fait, elle est condamnée à mort.
De retour à la Conciergerie, il ne lui reste plus que quelques heures a vivre. Elle avait demandé que quelqu’un fasse un portrait d’elle. Le peintre Hauer entre dans sa geôle et il ne lui reste que deux heures pour terminer le travail qu’il avait commencé dans la salle d’audience.
Nous sommes le 17 juillet 1793, il est 17 heures, sur la place de la Révolution (Concorde aujourd’hui) un bruit sourd, Charlotte Corday a cessé de vivre.
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