Affaire Olmert: la classe politique israélienne réagit
10 mai 2008
La classe politique, ou une partie d'entre elle en tous cas, n'a pas tardé à réagir à la levée partielle du black-out, tard hier soir jeudi. Le président du groupe Likoud à la Knesset, Gidon Saar, a estimé "que non seulement Ehoud Olmert, mais tout on gouvernement trempent dans la corruption jusqu'au cou, et qu'il faut maintenant enfin rendre la parole au citoyen". Saar précise que "l'échec de ce gouvernement n'est pas seulement au niveau de l'éthique du pouvoir mais aussi dans la gestion de la politique globale".
Aryeh Eldad (Ihoud Leoumi - Mafdal), ancien président de la Commission parlementaire de l'Ethique, déclare "qu'Israël ne peut pas être dirigé par des gens corrompus, surtout si ces derniers tentent l'aventurisme face aux Palestiniens pour faire diversion et se sortir de leur ornières judiciaires"
Le président de ce parti à la Knesset, Ouri Ariel, estime "qu'Israël a droit à une direction dénuée de soupçon et droite dans son éthique politique"
Allant plus loin, Zevouloun Orlev, président du Mafdal, et qui dirige aussi la Commission parlementaire du Contrôle de l'Etat, affirme que "cette affaire va provoquer un tremblement de terre en Israël qui empêchera Ehoud Olmert de poursuivre sa mission et le forcera à démissionner. S'il y a dans la coalition des députés et de ministres honnêtes, ils doivent lui conseiller d'abandonner son poste."
De son côté, le Forum Juridique pour Erets Israël demande au Premier ministre "de quitter son poste afin de pouvoir se consacrer à sa défense, et pour ne pas augmenter encore la désaffection et le mépris de la population envers la classe politique et les institutions de l'Etat"
A gauche de l'échiquier, Zehava Gal-on (Meretz) ne se considère "ni surprise ni déçus, car elle n'attendait rien d'Olmert". Selon la députée, lors du discours d'hier soir, "Olmert a fait du Olmert: il a refusé de prendre ses responsabilités et s'est défaussé sur les autres". "Le test de moralité est désormais sur le Parti Travailliste et sur Kadima. Si les Travaillistes décident de rester au sein de la coalition, et si Kadima ne destitue pas Olmert, ils seront considérés par le public comme des complices dans l'oeuvre de corruption. Il faut absolument créer une coalition de remplacement" précise-t-elle.
Shelly Yehimovitz (Avoda) est du même avis, et espère que son chef de Parti, Ehoud Barak, "prendra enfin la bonne décision". "Si Ehoud Olmert avait encore un brin d'esprit sioniste, il démissionnerait, au lieu de s'attaquer aux autres et les accuser de harcèlement contre lui" déclare l'ancienne journaliste. La jeune garde du parti travailliste demande à Barak de quitter la coalition, sou peine "de ne plus avoir le droit moral de demander la confiance des citoyens lors de prochaines élections". Mais il semble que les responsables du Parti ne sont pas du même avis, et estiment que les dégâts hypothétiques dans des élections éloignée sont préférables à une défaite assurée contre Netanyahou en cas d'élections anticipées.
Shass n'a pas réagi. On est partagé entre l'amitié du Rav Ovadia Yossef pour l'homme Ehoud Olmert, la volonté de rester jusqu'au bout dans les allées du pouvoir, et la position morale inconfortable pour un parti orthodoxe de soutenir un Premier ministre accusé officiellement de corruption.
A Kadima, aucune réaction officielle non plus pour le moment. Même les habituels chiens de garde du Premier ministre, comme Yoël Hasson, Roni Bar On, Elie Afflalo, Shaoul Hermesh ou Rouhama Avraham, qui montent généralement très rapidement au créneau, se font étrangement silencieux. Tsipi Livni, accusée au sein de son parti de ne pas avoir assez soutenu le Premier ministre, n'a pas encore réagi non plus, ni les autres prétendants au titre, Shaoul Mofaz, Meïr Chétrit ou Avi Dichter. Il semble que dans la formation, on ait compris qu'il s'agit-là d'une affaire très grave, et qu'après deux Winograd et quatre affaires judiciaires dans lesquels le premier ministre avait réussi à surnager, la cinquième sera peut-être la goutte qui fera déborder le vase. Et prendre ouvertement la défense du Premier ministre maintenant, ferait très mauvais effet, et enfoncerait encore un peu plus l'image de Kadima dans l'opinion publique.
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