La chef de la diplomatie israélienne développe depuis de nombreuses années des rapports privilégiés avec les autorités qataries.
Des relations que cette dernière compte bien mettre à profit lors de son voyage de trois jours dans le pays, à l’occasion du 8e Forum de la démocratie, du développement et du libre-échange. Les rencontres avec les responsables locaux se sont succédées, et les sujets essentiels de l’échiquier régional ont été débattus.
Dès son arrivée, dimanche soir 13 avril, Tsipi Livni, accompagnée par des dizaines de gardes du corps, s’est entretenue, sur un ton plutôt "amical et convivial", avec le Premier ministre local, Hamad ben Jassem ben Jabr al-Thani.
"Sept responsables arabes ont décliné l’invitation que nous leur avons lancée quand ils ont su que vous veniez. Ne me causez plus tant de problèmes" a déclaré en plaisantant, le ministre des Affaires étrangères qatari, Youssef ben Alawi ben Abdallah, également convié à la réunion.
En effet, l’ancien président iranien, Mohammad Khatami, le président du parlement libanais, Nabi Berry ou encore l’ancien ministre des Affaires étrangères libanais, Fawzi Salloukh, ont refusé de participer à ce forum, du fait de la présence de la ministre israélienne.
Une impression de déjà-vu pour les organisateurs de l’évènement. En 2006, c’est Tsipi Livni elle-même qui avait annulé son voyage à Doha à la dernière minute, expliquant qu’elle ne pouvait se retrouver à la même table que les membres du Hamas, également conviés à ce sommet.
Et si l’atmosphère était plutôt détendue au cours des rencontres israélo-qataries, la ministre israélienne a bien su garder en tête ses objectifs. Elle a ainsi exhorté les ambassadeurs étrangers à œuvrer pour la libération des trois soldats détenus par les terroristes du Hamas et du Hezbollah, Guilad Shalit, Ehoud Goldwasser et Eldad Regev.
Après avoir loué les efforts déployés par le Qatar pour la résolution du conflit israélo-palestinien, Tsipi Livni n’a par ailleurs pas manqué d’aborder les thèmes fondamentaux de la scène proche-orientale, à savoir le dossier nucléaire iranien.
Et dans une volonté de renforcer l’unité des pays du Golfe persique contre la menace de la République islamique, cette dernière a déclaré au journal qatari "al Wattan" : "l’Iran constitue une véritable menace mondiale et régionale et nous ne saurions tolérer un Iran doté de l’arme nucléaire".
Autre sujet de discussion : la Syrie et les éventuelles négociations de paix avec Israël. "Nous sommes conscients que la terre est un vrai problème. Un problème qui devra être débattu au cours de négociations avec Damas. Même avec Ahmed Qorei (le chef des négociations palestiniennes — ndlr) nous parlons de la terre" a expliqué Tsipi Livni au journal 'le Qatar tribune'.
Après un discours très attendu ce lundi soir devant le parlement qatari, la chef de la diplomatie israélienne devait s’entretenir avec l’émir omanais, le cheikh Hamad Bin Khalifa al-Thani, et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
Du ministre jordanien des Affaires étrangères, Salah Bachir, au président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering, en passant par l’ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin ou l’ex-secrétaire américain à la Défense, William Cohen, ce sont autant de personnalités qui ont pu assister au "réchauffement des relations" israélo-qataries.
A noter que depuis la seconde Intifada, les liens entre les deux pays avaient plus ou moins été suspendus.
En janvier 2007, Shimon Pérès s’était certes rendu à Doha, afin d’assister à un débat parrainé par la BBC, mais pour ce qui est de Tsipi Livni, il s’agissait de son premier voyage dans un pays arabe autre que l’Egypte ou la Jordanie.
Une visite que beaucoup se sont alors empressés de qualifier d’historique. Reste maintenant à voir quelle en sera la portée politique…
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