Écrit par Gaetantournai | |
Très peiné par la situation actuelle, l’ancien président parisien multiplie les interventions dans la presse ces dernier jours. Il s’est longuement confié sans langue de bois et sans détour pour le quotidien « Le Monde » sur son PSG qu’il aime tant. Un PSG qu’il veut voir perdurer en L1. Entretien
Comment expliquez-vous la crise profonde du Paris-Saint-Germain ? Est-elle structurelle, comme le dit Luis Fernandez, ou conjoncturelle ?
Changer de président à quatre matches de la fin ne risque-t-il pas de perturber plus que d'améliorer les choses ?
Daniel Hechter : Moi, je n'aurais pas démissionné à quatre matches de la fin. Je n'aurais pas accepté qu'on me "colle" un conseiller sportif venant de je ne sais où. Quelles compétences il a en matière de football ? Dans le milieu, on ne le connaît pas vraiment. Mais à la fin de la saison, j'aurais probablement démissionné parce que c'était la volonté de l'actionnaire.
Pensez-vous que les actionnaires actuels sont véritablement impliqués dans l'avenir de ce club?
Daniel Hechter : C'est la question que je me pose. Qu'est-ce qui a motivé les actionnaires pour reprendre ce club ? C'est la première question que je me pose. La deuxième : à ma connaissance, un fonds d'investissement est là pour gagner de l'argent, pas pour en perdre. Parce qu'il ne faut pas qu'il joue avec l'argent de ses clients. Mais pour ça, il faut investir, et investir gros. Et on peut espérer une rentabilité à long terme. A la condition d'investir.
Les supporters parisiens ont-ils trop de pouvoir au sein du club?
Daniel Hechter : Les supporteurs ont forcément un poids. Quand il y a cinquante mille spectateurs dans un stade, ils ne peuvent pas se tromper. Vous avez cinquante mille paires d'yeux qui voient la même chose. Dans leur grande majorité, ces gens, qui sont des amoureux du foot, le connaissent. Les supporteurs ont vu la même chose que moi : j'étais à Caen pour supporter le PSG, on a vu la même chose. Autre chose : une des raisons pour lesquelles je ne suis pas repreneur du PSG aujourd'hui, c'est que le problème des supporteurs tel qu'il est n'ayant pas été résolu depuis maintenant dix ans, je n'ai pas envie d'être le président d'un club qui n'est plus un club populaire, et dont une minorité de voyous terrorise. Les supporteurs normalement devraient avoir le rôle de supporteurs, c'est-à-dire supporter leur équipe. Ils ont bien évidemment le droit de manifester. Mais manifester de la manière dont ils l'ont fait, c'est absolument intolérable. On est dans le sport, pas dans la guerre, ou la révolte, ou la révolution. Là aussi, je veux préciser autre chose : on ne peut pas imputer aux présidents de club la responsabilité de juguler leurs supporteurs. Pour une raison simple : la seule manière de le faire serait d'engager des milices. Or la loi l'interdit.
Donc c'est à l'Etat et au ministère de l'intérieur de prendre leurs responsabilités. Et cela n'a jamais été dit assez fort. Les ruptures entre chaque tendance longue de la vie du PSG (périodes Hechter, Borelli, Canal+), sans ménagement, sans préservation des acquis, ne constituent-elles pas une explication forte non seulement de la chute sportive du PSG mais, plus grave encore, de sa perte progressive d'identité?
Daniel Hechter : C'est clair. Il y avait une identité au niveau des supporteurs. Et j'avais construit un club populaire, avec un centre de formation qui formait réellement des joueurs. J'en ai sorti vingt et un en cinq ans, avec l'aide de Pierre Alonso. Ce qui donnait confiance aux jeunes joueurs, c'est qu'à Paris, un jeune avait sa chance de jouer. Donc on attirait les jeunes joueurs de banlieue. Je rappelle une chose : les joueurs sortis du PSG à mon époque s'appelaient Pilorget, Lemoult, les frères Brisson, Luis Fernandez, tous internationaux. Il y en a vingt et un, je ne peux pas les citer tous. Lorsque j'ai pris ce club, Paris n'avait pas de supporteurs. C'est-à-dire que quand Saint-Etienne venait à Paris, cinquante mille spectateurs criaient "Allez les Verts !", et la même chose pour les autres villes de province, parce que les Bretons criaient "Allez Rennes !", les Alsaciens "Allez Strasbourg !". Et nous nous sommes dit que les joueurs parisiens, c'étaient les fils de ces provinciaux. Et avec quelques joueurs du PSG, dont Mustapha Dahleb, François M'Pelé et Humberto, nous avons fait les écoles, les lycées pour dire à ces fils de provinciaux qu'ils avaient un club à Paris. C'est pour expliquer la solidarité qu'il y avait entre dirigeants et joueurs pour aller chercher ces supporteurs | |
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