Le " Salon du livre de Paris ", qui se tiendra du 14 au 19 mars, a choisi l'année 2008 pour désigner Israël comme " invité d'honneur ", parce qu'elle correspond au 60e anniversaire de la création de l'Etat Hébreu.
De nombreux écrivains israéliens de toutes générations, de Aharon Appelfied à Edgard Keret ont été conviés à cette manifestation.
Aussitôt un tollé général -notamment en Egypte - s'est élevé dans les pays arabes qui ont quasiment tous décidé le boycott du " Salon parisien. "
De dures répercussions ont été constatées en Afrique du Nord où déjà l'Algérie et le Maroc ( !) ont décidé de ne pas y participer.
Rien d 'extraordinaire en la matière sinon que l'événement en soi est, comme on dit maintenant, un non-événement qui en est devenu un par la décision de certains pays arabes de boycotter cette manifestation intellectuelle française.
Il se trouve en effet qu'en matière de nostalgie certains ignorent " qu'elle n'est plus ce qu'elle a été " et aujourd'hui ils remettent à l'ordre du jour un boycott nouvelle manière en préconisant aux pays arabes d'éviter ce " Salon " au seul motif qu'Israël y est invité et -a fortiori- en qualité d'invité d'honneur.
La consigne émanerait même de la Ligue Arabe...
A ce propos Mohamed Salmaway, président de l'Union des Ecrivains arabes, ne trouvant pas de prétexte rationnel, de déclarer.: " Ce choix est inacceptable parce que lsraël se livre comme jamais à des violations des Droits de l'homme. "
De son côté l'écrivain Alaa al-Aswani de rajouter : " Je suis choqué car la France est depuis deux siècles un pays très important sur le plan culturel pour les Egyptiens. Ce n'est pas la France que je connais. "
En vérité si l'inverse s'était produit, c'est-à-dire que c'eût été un pays Arabe qui fût l' " invité d'honneur " de ce salon, nul doute que l'affaire eût paru normale et naturelle aux boycotteurs ci-devant, sauf qu'ils eussent exigé que les Israéliens en fussent radiés ! Voilà la différence qui existe entre les partisans d'une paix pacifique et ceux d'une guerre guerrière !
Tous azimuts !
Fort heureusement il s'est trouvé sur le chemin de l'intolérance une gent courageuse qui, faisant fi! des contingences, des chantages et des menaces, a décidé de dédier ce " Salon du Livre " à l'Etat d'Israël, naturel " invité d'honneur. "
D'ailleurs en dépit de cet antagonisme arabo-musulman, Pascale Andréani, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de déclarer : " Chaque année il y a un pays qui est choisi en qualité " d'invité d'honneur " en souhaitant que le prochain Salon se tienne comme à l'accoutumée dans de bonnes conditions et permette des échanges ouverts, fructueux et positifs et dans l'éventualité d'un boycott, cela serait extrêmement regrettable… "
Un lever de boucliers, un tollé intolérable, une rancune au zénith sont soudain apparus au panorama obscur d'une affiche avenante.
Et voilà où en sont les choses.
Et ce qui aurait dû constituer l'occasion ou jamais de se rencontrer entre Arabes et Israéliens et d'échanger entre personnes de bonne compagnie et à l'intellect propre et sans préjugé, s'est transformé en un antagonisme impensable parce qu'un quarteron de fanatiques et d'intolérants, en a décidé ainsi !
A telle enseigne qu'un Comité d'écrivains et d'éditeurs marocains se disant libre de participer à ce salon - à leurs frais et sous aucune bannière - a semble t-il été " fortement dissuadé " d'éviter ce voyage par certaines officines dites officielles
Affaire à suivre…
La Tunisie de son côté serait sur le point de s'aligner avec ses voisins Algériens et Marocains, car ce sujet aurait là-bas aussi suscité quelques remous. Mais apparemment rien n'aurait encore été tranché !
En Italie des appels à un boycott de même type sont déjà lancés contre la " Foire du Livre " qui doit se tenir prochainement à Turin, auquel Israël a aussi été invité, par des associations d'écrivains arabes soutenus par Tarik Ramadan.
Comme pour dire que c'est un mal qui se répand précocement comme une épidémie en attente de son antidote.
Et pourtant des salons de cette nature constituent la reconnaissance d'une littérature immémoriale qui s'inscrit dans l'image d'une société multiculturelle qui puiserait dans le passé et qui s'affirmerait dans un présent indécis.
C'est le moins que l'on puisse en dire et de souhaiter que de telles initiatives puissent effacer les frontières de l'intolérable, avec l'élégance de la bonne pensée, le souhait de bien faire, balayant par le fait d'un revers de main les contingences innommables et les sentences perverses.
Albert Bellaïche pour Guysen International News |
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