Jean-Louis Borloo : « Dans les villes, le débat sera 100% local »

Municipales : Jean-Pierre Raffarin s'exprime:

A l'occasion du lancement de la campagne pour les élections municipales, le 12 janvier, lors du Conseil national de l'UMP, Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne, premier vice-président du Conseil national de l'UMP, exprime son point de vue sur la campagne qui s'ouvre.

Interview de Jean Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne, premier vice-président du conseil national de l'UMP
Le Parisien, le 11 janvier 2008
Propos recueillis par Martine Chevalet

Qu'allez vous dire ?

Jean-Pierre Raffarin. Nous allons adopter notre charte municipale en dix points. Les candidats UMP s'engageront à ne pas augmenter les impôts et à limiter les émissions de CO2 dans leurs villes. Ce conseil national est aussi l'occasion de définir le ton de cette campagne : la politisation des enjeux ne signifie pas la nationalisation des sujets.

Nicolas Sarkozy, en décidant de s'y investir, veut au contraire les politiser...

Aux municipales, la situation locale est déterminante. Une campagne à Caen ou à Marseille n'est pas la même. On peut faire de la politique sans esprit partisan. L'esprit partisan est une recentralisation. A l'UMP, nous approuvons l'engagement du président qui a lui-même souhaité des listes d'ouverture, mais cette ouverture est liée à l'adhésion à un projet local spécifique à chaque ville.

Est-ce une leçon tirée des régionales largement perdues par la droite alors que vous étiez Premier ministre ?

Il y avait eu alors une très forte mobilisation de l'électorat de gauche ! La mobilisation de l'opposition est souvent plus forte. Il est donc important de veiller à ce que la politique locale ne soit pas systématiquement un enjeu national, sinon on mobilise surtout le camp adverse.

Les listes d'ouverture UMP à d'anciens opposants de gauche ne vont-elles pas troubler vos électeurs ?

Non, justement, car l'électorat n'est pas favorable à l'esprit partisan. La diversité est une attente profonde de la société française : elle signifie le respect des identités et leur dépassement dans un projet commun.

François Bayrou parle, lui, de politique du tournis...

Pour lui, le risque est de tourner en rond. Il rêverait que la politique tourne autour de lui mais n'a pas encore réussi à en être le centre. Le centre aujourd'hui adhère à la majorité présidentielle.

L'UMP voulait être un éclaireur de ces réformes, on ne voit pas grand-chose ?

Les parlementaires assument complètement cette vocation d'éclaireur. Les sénateurs se sont fait entendre dans le débat sur les tests ADN. Sur les OGM, leur approche sera voisine. Quand les ruraux et les scientifiques sont d'accord, cela pèse lourd politiquement dans le pays et il faudra en tenir compte. Oui au principe de précaution, non aux tentations obscurantistes. Sur la réforme de l'Etat, les propositions seront nombreuses pour aller encore plus loin, par exemple en proposant que les préfets soient rattachés directement à Matignon afin qu'ils soient sur le terrain les vrais « patrons » de l'Etat dans les départements.

Comment qualifieriez-vous les relations entre l'UMP et le président de la République ?

Actives et loyales. La gouvernance de l'UMP est stabilisée. On sait que le président a sur le parti majoritaire une influence réelle. Autant qu'elle soit assumée plutôt que maquillée. Il dit ce qu'il pense et nous aussi.

Que pensez-vous du boycott de la réforme constitutionnelle par les députés socialistes ?

C'est une attitude misérable. Dans une démocratie, refuser de s'exprimer lorsqu'on est parlementaire est une forme de nihilisme politique, un archaïsme. Cette chaise vide est l'expression d'un PS dépassé par les événements, qui, ne pouvant harmoniser sa position sur le fond, choisit la fuite. C'est maquiller leurs divisions.

Inviter Tony Blair au conseil national de l'UMP, n'est-ce pas surprenant ?

C'est une idée que j'ai proposée au président de la République, qui y a adhéré sans réticence. Je connais bien Tony Blair puisque nous avons été Premier ministre ensemble. Il s'agira du premier de plusieurs grands débats sur la réforme en Europe. Le second aura lieu avec Angela Merkel. Ces visites ne sont pas étrangères aux succès européens de Nicolas Sarkozy. Tony Blair est sans doute l'un des Anglais les plus européens. Il a été réformateur et même si nous avons eu des désaccords sur l'Irak, sa réflexion et son action dans le débat européen sont importantes. L'homme a encore de l'avenir.

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