Interview du Secrétaire Général de l'UMP: Monsieur Patrick Devedjian
04 février 2008
LE FIGARO. Vous avez déclaré que la défaite de Jean-Pierre Gorges en Eure-et-Loir constituait un «avertissement salutaire». Pour qui ?
Patrick DEVEDJIAN. Pour tous ceux qui répètent que la campagne est uniquement locale. Jean-Pierre Gorges lui-même déclare aujourd'hui que les électeurs ont voulu adresser un message au président de la République. C'est donc bien sur ce terrain-là qu'est l'enjeu essentiel de la bataille. Dans les Hauts-de-Seine, département symbolique s'il en est, Jean-Pierre Schosteck a fait au contraire une campagne très politisée, et il a été élu. La clef de son succès, c'est de s'être comporté en candidat de terrain, loyal vis-à-vis du gouvernement, et d'avoir participé au débat sur les questions locales en s'appuyant sur une thématique nationale.
Vous êtes donc toujours favorable à la politisation des municipales, malgré la baisse de Nicolas Sarkozy dans les sondages ?
Raison de plus ! La campagne des municipales doit avoir deux axes. Elle doit apporter des réponses locales aux problèmes locaux, portées par des candidats locaux, et des réponses nationales aux questions nationales, portées par les responsables nationaux qui iront soutenir les candidats, en expliquant le changement qui est à l'œuvre. Il y a une forme d'occultation de tout ce qui a été fait depuis huit mois, contre laquelle nous devons lutter.
Y compris au sein de la majorité ?
Parfois, oui. Je prendrai un seul exemple : la baisse du chômage, qui atteint des records sans que nul ne semble en prendre conscience. 7,9 % à la fin de 2007, ce n'est pas rien ! La majorité doit expliquer les réformes déjà accomplies qui, progressivement, vont changer la vie de chacun. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous allons publier un dépliant, tiré à quatre millions d'exemplaires, qui en dressera l'inventaire exhaustif. Nous devons faire preuve de pédagogie, et, plus que jamais, de cohésion, de la base au sommet de l'édifice majoritaire.
Cette cohésion fait-elle défaut ?
À tout le moins, elle manque bien souvent de lisibilité. Le président de la République en est d'ailleurs conscient, puisqu'il nous a demandé de réfléchir à la création d'une instance de coordination de la majorité. La préparation des municipales, qui a donné lieu à quelques difficultés entre l'UMP et ses alliés, a rendu évidente la nécessité d'une meilleure cohérence de la majorité.
Qui dirigera cette structure et quelle forme prendra-t-elle ?
Nous n'en sommes pas là. C'est le premier ministre qui pilote la mise en œuvre de cette coordination. Il pourrait la présider. Il faut prendre le temps d'y réfléchir. Ce qui est certain, c'est qu'elle aura vocation à faire respecter les équilibres, les sensibilités et les ambitions de chacun au sein de la majorité.
Le Nouveau Centre n'en est pas si sûr, puisqu'il dénonce déjà la «logique d'alignement» à l'œuvre dans la majorité…
Il ne s'agit surtout pas d'alignement. La majorité est riche de ses différences, qui doivent être préservées, mais cela suppose un minimum de coordination.
Le Lyonnais Michel Mercier vient de rompre avec François Bayrou, mais veut rester UDF. Comment expliquez-vous qu'il ne rejoigne pas la majorité ?
Michel Mercier est sous le coup de la déception et c'est bien normal. Ce qu'il reproche à François Bayrou, c'est de l'avoir trahi en rencontrant sans le lui dire son adversaire PS Gérard Collomb. C'est au-delà du désaccord stratégique. Il y a perte de confiance dans un homme et dans une équipe. Il faut lui laisser le temps d'en tirer les conséquences politiques. Je veux lui dire en tout cas qu'on peut garder son identité UDF en étant à l'UMP ou au Nouveau Centre.
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