Une nouvelle dédicace à mon ami pierrefittois d'origine polonaise: Michel Swiatek:
"Les Polonais se battent alors au couteau, à la baïonnette, au casque, à mains nues voire à la bouteille."
Il y a 77 ans, 21 aout 1944. Le Stalingrad de Normandie.
Pendant la bataille de la poche de Falaise, les polonais souvent méconnus fut énormément héroïques.
Montgomery donne l'ordre au général S. Maczek de tenir coûte que coûte, il dit : « Vous êtes le bouchon de la bouteille, tâchez de tenir bon ».
Du 19 au 21 aout ils vont devoir tenir face aux vagues incessantes sur la colline 262, Mont-Ormel.
Du 19 au 20 ils repoussent avec acharnement les contre-attaques venues du camp d'en face, mais leurs situation est critique.
Le 21 août, après une minutieuse et efficace préparation d'artillerie, les restes du SS-Panzergrenadier Regiment 4 « Der Führer » (2e SS), appuyés par des blindés, s'élancent sur les pentes du Mont-Ormel en chantant « Deutschland über alles » (authentique).
Un combat digne de la Grande Guerre s'engage alors. Isolés, les Polonais de Stefanowicz (qui ne tarde pas à être blessé) repoussent plusieurs fois les Waffen-SS. Cependant, les munitions commencent à manquer, les Polonais se battent alors au couteau, à la baïonnette, au casque, à mains nues voire à la bouteille. Un officier de chasseurs va jusqu'à ordonner à ses hommes de ne tirer qu'à bout portant sur les Allemands. Dans les sous-bois, on voit même se produire des duels à la grenade d'arbre en arbre. Toutefois, une troisième contre-attaque engage alors les restes du 2e corps de parachutistes sur Coudehard. Cette fois-ci, avec la pression combinée des Panzer SS, les Polonais doivent lâcher prise sur plusieurs secteurs. Sur le mont Ormel, Stefanowicz, alarmé dit à ses officiers : « Messieurs c'est la fin, il est inutile de se rendre aux SS. Mourons pour la Pologne et la civilisation. »
Trois jours d'enfer pendant lesquels les polonais vont se heurter à un assaut continu des blindés et fantassins Allemands.. Mais le mot d'ordre du général Masczek est présent dans chaque esprit. Tenir !...Tenir jusqu'à l'arrivée des renforts Américains ou Canadiens.... La situation est terrible : plus de vivres, plus d'eau, plus de médicaments, le grondement permanent des salves d'artillerie, des rafales d'armes lourdes, des explosions... Les lions tiennent, au delà de leurs limites....
Le 21 aout 1944, alors que la situation devient desespérée, chacun se prépare à tomber la tête haute, le miracle va se produire.... Alors que la nuit tombe, deux fusées vertes éclairent la pénombre...Elles ont été tirées en retrait ...Ce sont les renforts !....... En effet, les canadiens du 22e régiment blindés venaient de percer et se portaient maintenant au secours des assiégés.... Or, l'itinéraire de recueil passe oblige les Canadiens à emprunter un bois aux mains des SS et des armes anti-chars....La délivrance va se transformer en carnage. Une seule solution pour les Polonais.... Descendre de la colline 262, se ruer vers le bois et détruire eux-mêmes les Allemands embusqués ..Naprzod !!! ....Ce mot si souvent prononcé et suivi d'une charge de "fous furieux" retentit une fois encore...Les polonais se rendent maîtres du bois... Les Sherman Canadiens sont à quelques dizaines de mètres et commencent à leur tirer dessus, mais cessent rapidement le feu, après avoir identifié le détachement de la division polonaise…. La bataille de la côte 262 est maintenant terminée.. Les lions de Macszek ont réussi l'impossible...Aucun blindé, soldat ou bicyclette n'ont pu forcer la porte vers la Seine... 11 blindés et 350 hommes ont été perdus, mais une chape de plomb vient de s'abattre sur la 7è Armée Allemande.... La bataille de Normandie est perdue, du 21 au 25 août, la foudre va s'abattre sur ce qu'il en reste...Stalingrad en Normandie.....
La colline 262 résonne encore au sacrifice de la première division blindée Polonaise…. Elle deviendra la colline "Maczuga".... Depuis le 1er août 1944, l'unité a payé un lourd tribut à la victoire alliée : 1289 soldats tués, 22 disparus, 3874 blessés, 190 chars détruits ou hors d'usage…..
Un vétérans dira:
"Pendant trois jours et trois nuits, les Polonais ont livré un grand combat. C’était le 21 août que les Américains pouvaient enfin atteindre le mont. Je me rappelle aussi d'un Canadien qui nous a dit : « How have you done this, you fucking polish !! » Car tous les petits chemins qui donnaient accès sur ce mont étaient couverts de corps humains, de corps de chevaux, de chars détruits. C’était la catastrophe. Personne ne pouvait y marcher ou rouler normalement."
Les Canadiens n'ont pas tardé à parler de « Polish battlefield » (champ de bataille polonais).
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