Vivre-ensemble ou vitalité organique? Le véritable clivage.
Depuis 1989, l'affaire du voile masque la réalité. Ce n'est pas l'islam, encore moins le fait religieux, le problème fondamental. C'est la néantisation méthodique de la France. Notre pays connaît une crise morale depuis que l'idéologie républicaine s'est emparée de son âme — tentant aujourd'hui de détruire son corps (le “grand remplacement” démographique comme phase terminale de l'ethnocide français).
L'assimilation culturelle, défendue hier par la République jacobine et de nos jours par une droite radicale inconséquente, ne peut concerner que certaines personnes désireuses de se fondre dans la communauté française. Pas de vivre-ensemble sans devenir-ensemble et partage d'un héritage commun — immémorial. On assimile des personnes, non des communautés. Le fameux seuil de 7% des ethnologues.
Seul un Empire autoritaire et pluriethnique, grande fédération disposant d'une colonne vertébrale, est en capacité d'intégrer des communautés issues de civilisations différentes. Cela exige de la part du pouvoir central beaucoup d'énergie et de vigilance — afin de maintenir dans la durée la cohérence de l'ensemble. Cet empire impose à ses sujets (communautés) une discipline de fer et une religion commune: le culte impérial.
Cet Empire a existé en France — sous sa forme la plus équilibrée: la royauté sacrale. Le roi de France était (entre autres) empereur en son royaume et la diversité autant que l'unité françaises en est issue. Le Souverain s'adressait à “ses peuples”, au pluriel, tandis que le jacobinisme (faux Empire napoléonien inclus) a voulu les fondre en une seule masse — il a fallu attendre l'école totalitaire des bataillons scolaires et des hussards noirs, puis la Grande guerre, pour que ce rêve “républicain” devienne réalité.
La boucherie comme méthode républicaine du vivre-ensemble.
Ce qui est fait est fait — inutile de regretter le temps où Bretons, Basques, Savoisiens et Vendéens avaient leur propre culture. C'est la logique jacobine (reductio ad unum) — dont le corolaire économique est la logique marchande qu'il s'agit de dénoncer comme entreprise abstraite, déracinante, totalitaire, aliénante et dépersonnalisante.
Seul un principe vertical et fédérateur, sous la forme d'un Prince immortel (le Roi est mort, vive le Roi), est en capacité de faire sens et de permettre à nouveau le seul vivre-ensemble qui vaille. La France est née du baptême et du sacre de Chlodowig — rex Francorum, roi des Francs. La désacralisation (donc le délitement) de la France est le résultat direct de la désacralisation de la royauté (opérée bien avant la décapitation de Louis XVI de Bourbon).
Aussi est-il vain et nuisible de s'en remettre aux valeurs “laïques” et “républicaines” pour faire face aux effets du délitement et de la désarticulation de la France. L'ère libérale des prétendues Lumières doit se refermer. On juge un arbre à ses fruits. Celui de saint Louis n'avait produit que de la grandeur — celui de la “Liberté” a créé les conditions de notre ruine.
La France, fille aînée de l'Église, construite à partir de plusieurs peuples essentiellement gallo-romans, peut s'ouvrir — comme elle l'a fait durant la période coloniale — au monde entier. En ce cas, les nations s'agrégeant librement et souverainement à la nation française sous le sceptre de notre Prince peuvent à bon droit défendre et cultiver leur propre mode d'être au monde, hors le domaine royal sanctuarisé. La République laïque — assimilatrice puis relativiste — en est totalement incapable.
La République, empêtrée dans ses contradictions philosophiques, accepte la “diversité” en rejetant les différences… La Royauté sacrale, au contraire, cultive les différences en établissant un régime organique compatible avec la complexité du réel. Les abstractions principielles mènent toujours à la catastrophe — seule l'incarnation d'un principe supérieur permet l'identification commune à un même “grand dessein”.
Mais pour ce faire, il faut préalablement que la France se refrancise — la fabrique artificielle des citoyens républicains devant laisser place au surgissement de nos archétypes et de notre être profond. Laissons libre cours à cette sève remontant de nos racines — arme joyeuse de régénération organique.
Ce n'est certes pas une conception très moderne et démocratique mais cela est juste et bon — au bord du précipice où nous nous trouvons, c'est la seule chose qui importe. Car elle conditionne le retour sacral du Glaive, la nécessaire “verticale du pouvoir” face aux puissances nihilistes de l'Argent.
“L'épée est l'axe du monde et la grandeur ne se divise pas.” (Charles de Gaulle)
Olivier de Hangest
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