« Je suis optimiste car on court à la catastrophe »
Cher Monsieur François Fillon,
« Je suis optimiste car on court à la catastrophe » disait Boris Cyrulnik.
Permettez-moi de m’adresser à l’homme que vous êtes avec le seul langage du cœur, franc et sincère, loin de toute hypocrisie ou intérêt. Encore sous le choc, dépitée, je vous écris.
Si avant tout, je vous dois des remerciements pour cet engouement que vous avez créé chez nous, citoyens de la société civile, car vous avez réussi là où les autres ont échoué – à savoir, nouer un lien profond entre civils et politiques grâce à la place que vous nous avez accordés tout au long de cette campagne, qui fut tout sauf démocratique ou du moins exceptionnelle et inhabituelle – je dois aussi vous demander le retour rapide parmi nous, nous votre famille civile.
Plus que jamais, nous avons besoin de vous entendre, de vous retrouver rapidement. Nous, c’est cette société civile qui s’est attachée à vos principes, cette société civile qui s’est ralliée votre programme, cette société civile avec qui un pacte entre vous et nous a été scellé.
Cher François Fillon, comment accepter l’idée de vous savoir en retrait, silencieux, encaissant les amertumes et les coups bas venant de votre propre famille politique ? Nous aussi, nous sommes sous le choc de ces résultats qui ne sont que le fruit de mauvaises alliances préméditées et « des combinaisons partisanes ».
Qui pouvait s’attendre à une telle trahison ? Certes votre douleur est profonde, la nôtre aussi et on est des milliers… Certes nous devons vous accorder le temps nécessaire pour vous reposer et faire le deuil de cette vérité amère, mais nous aussi avons besoin de vous.
Vous avez consacré votre vie au service de la Nation et plus que jamais nous avons besoin de votre retour rapide parmi nous. C’est dans ces moments douloureux qu’il faudra faire surface et rebondir à la tête d’un nouvelle Force Républicaine qui pourra nous projeter vers un avenir meilleur. Réécrire l’histoire pourrait soigner, y consacrer un livre en mémoire de ce que c’étaient ces élections présidentielles ne suffira pas. C’est ensemble qu’on doit rebondir.
Plus de 100 meetings durant votre campagne et nous étions là partout en France à vous soutenir, à adopter votre programme et à vous espérer à la tête du pays. Nous y avons tous cru. Vous portiez notre espoir de demain. Ce n’était pas un rêve, c’était une réalité et l’espoir d’une nouvelle France redressée a jailli en nous. Les affaires et les arrangements en ont voulu autrement. Et nous citoyens de la société civile, que sommes-nous devenus ?
Non, cher François Fillon, vous n’avez pas perdu ! La bataille fut truquée et les traîtres ont été nombreux. Vous le savez mieux que quiconque.
Non ! Vous n’êtes pas seul à encaisser l’amertume, les regrets et les blessures, nous sommes et serons toujours là. Le résultat du 1er tour fut tellement dur à encaisser qu’il laisse beaucoup de personnes face au règne de la discorde et de l’agitation.
Le bal des « Eléphants Républicains » cherchant chacun à sauver sa place, me crée un tournis et me met dans l’embarras face à un malaise que seul votre retour parmi nous pourra y remédier. Un pilote n’abandonne jamais, un batelier ne baisse pas les bras.
L’ampleur du travail réalisé sur le terrain par nous, citoyens de la société civile, devrait vous donner la force nécessaire pour nous retrouver rapidement, si je peux me permettre de vous le demander.
Vous maîtrisez les besoins du terrain de notre France malade et il y a urgence à revenir afin de capitaliser plutôt que capituler, vaincre la déception plutôt que renoncer, défendre plutôt que laisser en souffrance, ressaisir plutôt que laisser choir, et ne pas succomber à la lésion, ni larguer les amarres quant à ceux qui étaient dans les cales à ramer au nom de l’Audace et la Volonté de Vaincre.
Cette Volonté pour la France, nous ne pouvons pas l’étouffer et l’enterrer et nous ne pouvons pas non plus faire son deuil sans rebondir, à nouveau, ensemble, vous à nos côtés. Nous ne sommes pas maîtres de nos souffrances mais nous le sommes pour nos décisions. Pour guérir de ce choc collectif face à la défaite, nous devons vous avoir avec nous pour un départ nouveau.
C’est nous qui avons besoin de vous cette fois-ci ! Nous sans vous, c’est à chacun sa douleur et sa déception… Faisons de cette douleur individuelle une force commune et une énergie de masse pour rebondir face à des girouettes qui mangent dans toutes les gamelles ! L’autre visage de cette campagne présidentielle c’est celui des traîtres, ils s’affichent les uns après les autres.
Déjà au sein de votre famille, la droite était divisée. Pas facile de rassembler là où les intérêts divergent. Cette défaite morale, vous ne pouvez pas la porter seul sur votre conscience… Les voilà aujourd’hui avec des nouvelles alliances… Ceux qui n’ont pas encaissé votre succès aux primaires sont les premiers à blâmer. Une fois les primaires en place, le piège s’est refermé sur la droite républicaine. « Les haines personnelles ont laissé des séquelles et les divergences d’analyse sur la société française ont été reléguées au second plan ».
Oubliant l’objectif principal de votre campagne électorale, ils ont été criés scandale enfonçant davantage le clou. Prétextant « les affaires et les accusations », ils n’ont pas hésité à se disperser et à dénigrer votre personne dans le seul objectif de se mettre en avant, faignant ignorer ainsi le soutien populaire à votre programme. Laver son linge sale en public voulant anticiper votre échec était le traquenard dans lequel ils sont tombés face à l’adversaire.
Ainsi les premières attaques rancunières portées à votre encontre ont été le principal catalyseur de cette faiblesse, disloquant la droite jusqu’à sa défaite politique. Vous endossant le costume idéal du coupable, vous êtes devenu leur bouc émissaire. Le déchirement bât son plein. Face à ce danger caché entrepris au sein de votre famille politique, la société civile se trouve aujourd’hui devant un choix difficile à prendre.
Ce que vous avez pu réunir et rassembler durant des années entières, se trouve aujourd’hui, loin de vous, volé en éclat… Mais le socle est encore là, prêt à rebondir car la douleur morale de certains appelle à une résistance, à des rassemblements en petits groupes, à des réactions dans tous les sens, des pétitions sur les réseaux sociaux appelant votre retour fleurissent aux cotés des pétitions mettant en cause l’irrégularité de ce 1er tour (plus de 2,5 millions de français n’ont pas pu voter, ils ont découvert le jour du vote leur radiation, …)
Ceux qui ont soutenu vos idées par opposition idéologique à celles des deux autres candidats gagnants se trouvent dans un malaise. Voter pour ou contre ? J’aurai peut-être répondu à l’appel de vote pour M. Macron, si seulement, et en tant que futur Président de France, il s’était excusé d’avoir accusé ma France de « crimes contre l’humanité ».
En dépit de toutes les alliances politiques qui se font derrière notre dos, en dessous des tables et de plus en plus ouvertement, je ne retrouve pas mes repères dans le programme de nos deux candidats finalistes. Si l’un privilégie la France et le nationalisme, l’autre préfère la mondialisation allant jusqu’à nier l’existence d’une culture française. La démocratie est un jeu difficile à encaisser quand on est au pied du mur face à un choix qui ne répond pas à nos convictions.
Comment me résoudre aujourd’hui à ce dilemme face aux appels contradictoires de votre famille Républicaine divisée davantage ? Je les vois motivés appelant à voter E. Macron pour faire barrage au Front National et d’autres s’opposer à cet appel, alors que l’appel à voter pour leur propre candidat au sein de leur propre famille s’était fait sur le bout de leurs lèvres.
Si leur objectif est de sauver les législatives, ils auraient mieux fait d’anticiper l’échec. Pourquoi certains avaient manqué à l’appel ? Où étaient-ils pour appeler massivement à voter Fillon ? Les loups sont-ils sortis de leur tanière au moment opportun ?
Je les entends dire qu’il aurait suffit de changer de candidat pour gagner ? Mais sont-ils dans le déni face à une réalité amère qu’ils ne veulent pas avouer ? N’importe quel candidat aurait subi cette défaite car leur problème est avant tout un problème de haine personnelle qui a laissé ses séquelles ; ainsi mettant en avant leur opportunisme et leur division, ils ont oublié l’objectif principal : Gagner avec vous les présidentielles 2017.
Cette présidentielle ne leur appartenait pas autant que vous, que nous tous ? Les dons et les cotisations des adhérents n’ont-ils pas été au nom du parti ? Sinon, pourquoi avoir mené campagne au nom des Républicains et non pas à votre nom, comme M. Macron ? N’étiez-vous pas le légitime, l’élu des primaires ? Pourquoi certains n’ont jamais pu encaisser votre victoire « surprise » à leurs yeux ? Profitant de la « Péneloppe Gate », plusieurs n’ont pas hésité à vous accabler, voire oser vous demander le retrait… Qui de ces élus n’a pas eu recours à l’embauche d’un membre de sa famille ? Qui de ces personnes n’a jamais reçu un cadeau, un costume, un tailleur ou autre ? D’ici à vous faire porter seul le chapeau de la défaite, il y a des limites.
Non, Cher François Fillon, cette défaite n’est pas seulement la vôtre, elle est celle du parti des Républicains, y compris ceux qui vous le reprochent. Cette défaite est celle du peuple qui leur a fait confiance, celle de la France des valeurs, une France forte et redressée.
Aujourd’hui, face au chaos, les repères se trouvent chambouler et nous payons le prix de cette droite qui n’a pas su saisir l’occasion de s’unir uniformément derrière vous. Les 20% de voix que vous avez obtenu témoignent de l’absence du terrain de certains à vos cotés. Il vous manquait 466 mille voix, pour être placé devant Marine le Pen au 2e tour, l’équivalent de 7 voix pour chaque maire appartenant à la famille Républicaine. Nous ne pouvons que remercier les élus et les militants LR qui n’ont pas fait campagne avec nous. Ne devraient-ils pas nous rendre compte plutôt que de nous appeler à voter pour un tel ou un autre ? Sommes-nous à leurs yeux des pions, des voix à exploiter pour un candidat ou un autre pour qu’ils se placent et se replacent ailleurs dans cette course ?
Sous prétexte de sauver les législatives, ils se bradent en offrande à leur bourreau… ça alors ! Encaisser la défaite et se reconstruire est autre que se placer dans des alliances. Comment leur faire confiance pour les législatives ?
Avaient-ils tous répondu à votre appel ? Qui oserait pointer du doigt les vrais coupables ? Nul besoin, on les voit aujourd’hui s’affichant dans les médias, ces médias qui n’ont cessé leur matraquage s’appuyant en grande partie sur le négativisme de certains à votre égard… Les mêmes personnes appelant au scandale se trouvent aujourd’hui au cœur de la défaite. Ceux qui vous accusent d’avoir fait perdre la Droite sont ceux qui ne vous ont pas soutenu sur le terrain. « Je vous laisse le choix du mensonge qui vous paraîtra plus digne d’être la vérité » disait Jean-Paul Valéry.
Cher François Fillon, si je peux comprendre le soir de la défaite, votre discours assumant l’échec disant que c’est le vôtre et annonçant que votre choix de vote pour Macron, je ne puisse tolérer que votre famille politique vous ai sacrifié ainsi et que vous disparaissiez à jamais de notre visage politique.
Et nous dans tout cela ? Ne sommes-nous pas dans le besoin de rebondir avec tout ce qu’on a investit comme temps et énergie sur le terrain ? L’heure du changement sonne à notre conscience et votre retour parmi nous est plus que jamais une nécessité. Avec une telle droite disloquée et déchirée, nous n’irons pas loin. La résilience à l’échelle d’un pays ça existe, ensemble nous reprendrons le chemin pour une France meilleure, l’avenir de nos enfants en dépend. Une nouvelle Force Républicaine devra voir le jour et nous attendrons votre retour parmi nous.
En dernier, j’espère que ma lettre vous parviendra, car il nous est difficile de vous savoir absent alors que vous êtes encore présent dans notre esprit.
Jinane CSM
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