PETIT-DÉJEUNER DE "RÉFORME & MODERNITÉ", avec Gérard LONGUET
Chère Amie, Cher Ami,
Après le succès de la réunion autour d'Hervé MARITON, à laquelle ont participé 150 personnes et où le débat fut vif et large, nous avons le plaisir de vous inviter au prochain de nos petits-déjeuners mensuels, le Mercredi 19 Mai, à 8h30 précises.
Celui-ci, présidé par Hervé MARITON se tiendra en présence de Gérard LONGUET, Président du Groupe UMP au Sénat, qui nous fera part de sa vision de la situation actuelle et répondra aux questions.
ATTENTION : compte-tenu d'une impossibilité d'avoir un salon à la Questure de l'Assemblée Nationale, comme à notre habitude, ce petit-déjeuner se tiendra dans la grande salle du restaurant "Chez Françoise", dont l'entrée se trouve sous l'esplanade des Invalides.
Merci de bien vouloir arriver un peu plus tôt, afin que nous puissions être dans les temps.
Le nombre maximum de personnes admises sera de 70. Pas un de plus.
Aussi, est-il indispensable de s'inscrire sur notre adresse mail : [email protected] Les inscriptions se feront par ordre.
Merci, par avance, à ceux qui s'inscrivent d'être effectivement présents.
Bien cordialement.
Herbert AXELRAD
SecGen de "R&M"
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Et brusquement ce fut le dénouement. La portière s'ouvrit avec fracas ; l'obscurité retentit d'ordres hurlés dans une langue étrangère, et de ces aboiements barbares naturels aux Allemands quand ils commandent, et qui semblent libérer une hargne séculaire. Nous découvrîmes un large quai, éclairé par des projecteurs. Un peu plus loin, une file de camions. Puis tout se tut à nouveau. Quelqu'un traduisit les ordres : il fallait descendre avec les bagages et les déposer le long du train. En un instant, le quai fourmillait d'ombres ; mais nous avions peur de rompre le silence, et tous s'affairaient autour des bagages, se cherchaient, s'interpellaient, mais timidement, à mi-voix.
Une dizaine de SS, plantés sur leurs jambes écartées, se tenaient à distance, l'air indifférent. À un moment donné, ils s'approchèrent, et sans élever la voix, le visage impassible, ils se mirent à interroger certains d'entre nous en les prenant à part, rapidement : « Quel âge ? En bonne santé ou malade ? » et selon la réponse, ils nous indiquaient deux directions différentes.
Tout baignait dans un silence d'aquarium, de scène vue en rêve. Là où nous nous attendions à quelque chose de terrible, d'apocalyptique, nous trouvions, apparemment, de simples agents de police. C'était à la fois déconcertant et désarmant. Quelqu'un osa s'inquiéter des bagages : ils lui dirent: « bagages, après » ; un autre ne voulait pas quitter sa femme : ils lui dirent « après, de nouveau ensemble » ; beaucoup de mères refusaient de se séparer de leurs enfants : ils leur dirent « bon, bon, rester avec enfants ». Sans jamais se départir de la tranquille assurance de qui ne fait qu'accomplir son travail de tous les jours ; mais comme Renzo s'attardait un peu trop à dire adieu à Francesca, sa fiancée, d'un seul coup en pleine figure ils l'envoyèrent rouler à terre : c'était leur travail de tous les jours.
En moins de dix minutes, je me trouvai faire partie du groupe des hommes valides. Ce qu'il advint des autres, femmes, enfants, vieillards, il nous fut impossible alors de le savoir : la nuit les engloutit, purement et simplement. Aujourd'hui pourtant, nous savons que ce tri rapide et sommaire avait servi à juger si nous étions capables ou non de travailler utilement pour le Reich ; nous savons que les camps de Buna-Monowitz et de Birkenau n'accueillirent respectivement que quatre-vingt-seize hommes et vingt-neuf femmes de notre convoi et que deux jours plus tard il ne restait de tous les autres - plus de cinq cents - aucun survivant. Nous savons aussi que même ce semblant de critère dans la discrimination entre ceux qui étaient reconnus aptes et ceux qui ne l'étaient pas ne fut pas toujours appliqué, et qu'un système plus expéditif fut adopté par la suite : on ouvrait les portières des wagons des deux côtés en même temps, sans avertir les nouveaux venus ni leur dire ce qu'il fallait faire. Ceux que le hasard faisait descendre du bon côté entraient dans le camp ; les autres finissaient à la chambre à gaz.
Primo Lévi, Si c'est un homme
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