ALLOCUTION DE JACQUES MYARD DU 8 MAI 2016
ALLOCUTION DE JACQUES MYARD
DEPUTE-MAIRE DE MAISONS-LAFFITTE
du 8 MAI 2016
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La France défaite est à genoux.
Nos soldats, après de durs et glorieux combats, prennent le chemin de la captivité.
Une nuit sombre et tragique tombe sur la mère patrie.
Le silence devient vertu car l’ennemi botté, omniprésent, traque sans répit tout acte de résistance.
C’est le temps des délations, des mouchards, des traîtres et des lâches règlements de compte : la Gestapo n’a-t-elle pas reçu cinq millions de lettres anonymes de dénonciation !
Mais dans la nuit, la voix d’un général jusqu’alors largement inconnu traverse les ténèbres et appelle à la résistance.
La voix du général de Gaulle est alors relayée par de nombreux et étranges messages :
« Ici Londres... vous allez entendre les informations en français,
Veuillez écouter tout d’abord quelques messages personnels,
. Le manchot la serre dans ses bras, nous disons le manchot la serre dans ses bras. Deux fois.
. L’abbé est nerveux, nous disons l’abbé est nerveux.
. Il fait chaud à Suez
. L’éléphant s’est cassé une défense
. Les girafes ne portent pas de faux cols
. Andromaque se parfume à la lavande
. Athalie est restée en extase
. Grand-mère mange nos bonbons
. Tante Amélie fait du vélo en shorts ».
Dans la France occupée, chacun comprend que derrière ces messages étonnants, marqués par l’humour, voire l’ironie, se cache en réalité une guerre implacable, une guerre de résistance.
Dans ce contexte, la radio devient une arme de guerre.
Il s’agit tout à la fois de donner des instructions aux agents infiltrés, aux réseaux de la résistance mais aussi de manipuler l’ennemi, de le leurrer dans ce que les Allemands eux-mêmes ont appelé le Funkspiel - le jeu radio –
Stéphane Hessel, un grand résistant, rédigea beaucoup de ces messages.
Mais, c’est Georges Béqué, officier français du S.O.E, le service secret britannique, qui eut l’idée d’utiliser les « messages personnels » pour transmettre des informations codées.
Les postes de radio deviennent alors des armes de guerre.
Les Allemands leur font la chasse et répriment celles et ceux qui écoutent la B.B.C.
La guerre des ondes est l’un des éléments majeurs de la guerre.
Mais au-delà de la guerre psychologique : « Radio Paris ment, Radio Paris est allemand ».
C’est la guerre du renseignement.
Le renseignement a été primordial pendant toute la guerre jusqu’à la victoire.
C’est grâce au renseignement que les Alliés purent hâter la victoire sur les forces de l’Axe.
Citons à titre d’exemple,
- Dusko Popov, yougoslave royaliste, d’abord recruté par l’Abwehr pour infiltrer l’Angleterre, puis retourné par le M.I.6, il va jouer un rôle crucial dans l’intoxication de l’Etat-Major allemand.
- l’orchestre rouge dirigé par Léopold Trepper envoie à Moscou 1500 dépêches et donnera à Staline les plans ultra secrets du char allemand TG Tigre et de l’avion Messerschmidt ME-110.
- le programme britannique ULTRA vint à bout des nombreuses machines Enigma.
Ce programme de déchiffrement permit de raccourcir le conflit de nombreux mois par la connaissance des projets ennemis.
- mais Richard Sorge, espion soviétique à l’Ambassade allemande à Tokyo, fut moins heureux : Staline ne crut pas ses renseignements sur l’opération Barbarossa d’invasion de l’URSS.
Pour la France libre, le renseignement c’est le BCRA du Colonel Passy.
C’est le 1er juillet 1940 que André Dewavrin – dit Passy – est chargé de mettre sur pied le 2ème bureau de l’Etat-major du Général de Gaulle.
Au début de 1942, il devient le Bureau Central de Renseignement et d’Action Militaire, B.C.R.A.M, puis B.C.R.A car il prend en charge les missions politiques et plus seulement militaires.
Il devient alors un état-major de l’action clandestine.
A Alger, après le ralliement des services de Vichy, Jacques Soustelle transforme le B.C.R.A en Direction Générale des Services Spéciaux, D.G.S.S.
Le B.C.R.A travaille étroitement avec le Military Intelligence M.I.6 et le Special Operation Executive, S.O.E créé par Winston Churchill en juillet 1940 dont la branche F est dirigée par le Colonel Buckmaster.
Les agents du B.C.R.A dépendent fortement des services britanniques qui les forment et les arment, mitraillettes Sten, fusils mitrailleurs Bren, postes radio émetteurs sans oublier les codes et les avions Lysanders, petits avions de la R.A.F qui peuvent se poser sur un terrain de 600 m.
Les agents du B.C.R.A sont les gens de la lune, la lumière de l’astre est indispensable pour leurs opérations clandestines.
Les risques sont énormes, chaque agent reçoit à son départ une pilule provoquant la mort en quelques secondes pour échapper aux tortures.
Les femmes s’engagent aussi.
« Dans la Grande armée sans uniforme du peuple français, la mobilisation des femmes les place à tous les échelons de la lutte... les femmes de France mènent le dur combat quotidien. »
Lucie Aubrac.
- Jeanne Bohec engagée à 22 ans est parachutée en France le 29 février 1944 et sillonne la Bretagne pour enseigner le sabotage.
- Josiane Soners recrutée en 1943 – elle n’a pas 20 ans- parachutée en juillet 1944 comme opératrice radio.
Le B.C.R.A dirige 26 réseaux de renseignement.
Le plus important fut celui du Colonel Remy « La confrérie Notre Dame » trop centralisé, il tomba.
Le B.C.R.A en tira aussitôt les conséquences et cloisonna en antennes régionales et autonomes les réseaux.
En juillet 1944, le B.C.R.A récupère le réseau Jade-Fitzroy dirigé par Claude Lamirault, Compagnon de la libération, alors rattaché au M.I.6 britannique.
Le B.C.R.A à partir de 1942-1943 prépare les actions pour le débarquement, c’est le plan « vert » pour neutraliser les voies ferrées.
C’est le plan « Grenouille » pour les plaques tournantes des locomotives, c’est le plan
« violet » pour les lignes téléphoniques à neutraliser.
Ces hommes du renseignement payent un lourd tribut pour leur engagement dans le combat de l’ombre, singulièrement les radios, 80 % d’entre eux envoyés en France en 1941-1942 sont arrêtés.
L’Abwehr et la Gestapo, aidés parfois par les traîtres de la milice, mènent une répression sans relâche partout en Europe occupée et particulièrement en France avec la Gestapo française de la rue Lauriston sous les ordres du sinistre Bonny-Lafont.
Mais comme l’avait prédit Winston Churchill, l’aube glorieuse est venue : le 1er juin à 21 heures, heure anglaise, Paris est à l’heure allemande, il est 22 heures – la B.B.C diffuse :
« Les Français parlent aux Français,
Veuillez écouter tout d’abord quelques messages personnels
- les sanglots longs des violons de l’automne, je répète, les sanglots longs des violons de l’automne »
Puis, le 5 juin, toujours à 21 heures, heure anglaise, 22 heures à Paris, l’émission reprend.
« Les sanglots longs des violons de l’automne, je répète, les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone, je répète, blessent mon cœur d’une langueur monotone »
D’autres messages suivent :
« Messieurs, faites vos jeux » pour les sabotages, et « les carottes sont cuites. » et « je n’aime pas la blanquette de veau ».
« Le B.C.R.A a joué un rôle essentiel pour maintenir la France dans la guerre et donner toute sa force à la Résistance. » Joël Drogland
Il a su à la fois renseigner la France libre et les Alliés, soutenir le moral de la résistance.
Honneur à ces héros !
Nous leur devons notre liberté et notre fierté retrouvées !
N’oublions pas leur sacrifice trop souvent resté ignoré,
N’oublions pas aujourd’hui que la guerre du renseignement se poursuit,
N’oublions pas que des femmes et des hommes de l’ombre se battent pour notre sécurité, alors que monte à l’horizon la barbarie du terrorisme islamiste.
Je tiens ici en ce jour de la Victoire de nos pères sur la barbarie du nazisme, à rendre un hommage particulier à nos services du renseignement qui, en étroite coopération avec nos Alliés – Russie comprise –, luttent au quotidien pour prévenir les attentats de ces fanatiques ; leur engagement comme celui de leurs glorieux anciens du B.C.R.A est total.
Balayons les polémiques diffamatoires, ces hommes et ces femmes servent la France dans le respect complet de nos libertés publique pour notre sécurité.
Ils sont un pilier de notre indépendance nationale, de notre Liberté.
Soutenons les sans réserve.
Vive nos Alliés de toute l’Europe réconciliée
Vive la République
Vive la France !
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