C’est l’histoire d’un Etat en formation, mais ce n’est pas celui auquel vous pensez…
Le Hamastan était jusque là une expression pour désigner la crainte de voir l’enclave palestinienne devenir un mini-état islamiste, sans plus de chance de réconciliation avec Ramallah. Il est aujourd’hui sur le point de devenir une réalité.
A Gaza, on rassemble les troupes. Le Hamas engrange armes et munitions, c’est un fait connu, on estime à plusieurs centaines le nombre de roquettes que le mouvement terroriste peut envoyer sur le sol israélien, par jour.
Mais jusqu'à aujourd’hui il évitait de s’en vanter.
C’est une chose de creuser des tunnels au vu et au su de tous s’en est une autre que de le crier sur tout les toits. Il faut croire que la position du Hamas a changé ses dernières semaines. A gaza on ne fait plus secret de grand-chose.
Le gouvernement factice d’Ismaïl Haniyeh multiplie les apparitions publiques, les communiqués, et les inaugurations en grande pompe de bâtiments officiels, et surtout l’instauration d’une législation coranique et fondamentaliste.
Après avoir rendu le voile obligatoire, et décider d’islamiser de force médias et canaux éducatifs, le mouvement islamiste envisage…la conscription.
Objectif, renforcer les forces actuels de l’organisation terroriste en plongeant dans le généreux vivier humain dont il dispose. Un million et demi de palestiniens sont prisonniers de cet étroite bande de territoire dont plus personne ne veut. Plus de la moitié ont moins de 18 ans.
Après que l’idée d’un service militaire obligatoire ait été publiquement évoqué par le ministre de l’Intérieur du Hamas, Fathi Hamad, un porte-parole nuance ses propos, estimant que, pour le moment du moins, « la conscription coûterait trop cher en raison du grand nombre d'appelés potentiels ».
Ce qui ne l’empêche pas pour autant de renforcer son emprise sur la population.
Il y a deux jours, un porte-parole du Hamas annonce que les boutiques de lingerie féminine à Gaza seront désormais soumises à une nouvelle réglementation plus conforme à "la morale publique".
Deux semaines auparavant le Hamas interdit aux femmes de fumer le narguilé en public.
En 2009 déjà, il ordonne aux avocates de porter le hijab, le voile musulman, lorsqu'elles viennent plaider au tribunal. Il a aussi interdit aux femmes de circuler à motocyclettes, et interdit aux hommes de travailler dans les instituts de beauté pour femmes. La plupart des cinémas et des bars de Gaza ont fermés et l'alcool est strictement interdit dans l'enclave palestinienne.
Mais la communauté internationale se tait. Une fois encore. Ces derniers mois c’est sûr Israël la seule démocratie de la région qu’elle a choisi d’exercer ses pressions.
Pas sur le Hamas.
Pas au Liban, ou le Hezbollah menace de déclencher une guerre civile s’il est inculpé dans l’affaire Hariri malgré les preuves flagrantes de son implication dans l’assassinat de l’ex premier ministre du pays du cèdre
Ni contre la Syrie ou les prisons regorgent d’opposants ou en Jordanie ou la corruption ne laisse rien espérer des élections à venir.
C’est sur Jérusalem que les yeux restent fixés. Jérusalem qui cède et assouplit le blocus de Gaza.
Du Hamas on n’exige plus rien si ce n’est qu’il daigne préserver encore un peu une trêve dont personne ne doute de l‘issue.
Certains observateurs y voient une « organisation aux buts militaires prospérant sur un réseau caritatif »
Son programme, exprimé dans sa charte, est pourtant clair : la destruction de l'État d'Israël et l'instauration d'un État islamique palestinien sur toute la terre de l'ancienne Palestine mandataire. Et c’est toujours cet objectif qu’il poursuit ouvertement.
Le silence et la tolérance de la communauté internationale semblent en tout cas profiter aux islamistes. Du Pakistan au Liban en passant par le Yémen et la Mauritanie, jamais les idéologies extrémistes n’ont connu une aussi belle expansion que sous l’ère du dialogue avec un occident en quête d’identité. Eux au moins savent qui ils sont, et ce qu’ils veulent détruire.
Myriam Danan
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