Au lendemain du discours du président de la République sur la nouvelle politique de défense et de sécurité de notre pays, et en ce jour de commémoration de l’appel du 18 juin 1940, il faut relire quelques passages des écrits du Général de Gaulle sur la réforme de l’armée.
La clairvoyance des analyses du Fil de l’épée (1932), de Vers l’armée de métier (1934) et de La France et son armée (1938) est toujours frappante. Comme le colonel de Gaulle dans les années 1930, nous sommes appelés à cet effort de lucidité et d’adaptation permanente qu’imposent la complexité du monde et les mouvements du paysage stratégique. D’où l’utilité de lire et de relire des textes désormais classiques, comme l’extrait suivant. Il ouvre le chapitre "Emploi" de Vers l’armée de métier.
"Devant l’inconnu de l’avenir, l’esprit humain cherche un recours et croit le trouver, d’ordinaire, dans ce qui s’est déjà passé. Comme le politique consulte les précédents ou le juriste la coutume, ainsi le soldat s’efforce de tirer des faits naguère accomplis les règles propres à se guider dans les actes du lendemain. Si l’occasion ne lui fut pas donnée de se battre lui-même, il interroge l’Histoire. S’il a fait la guerre, il se reporte à ses souvenirs. On a vu l’élite militaire des premières années de ce siècle bâtir sa philosophie sur l’étude des campagnes de la Révolution et de l’Empire. On voit l’armée d’aujourd’hui construire ses doctrines, thèmes et règlements d’après les errements du dernier conflit.
Un tel souci de s’appuyer sur le passé pour imaginer l’avenir présente assurément des avantages. Outre qu’il est naturel et conforme à l’instinct, il répond au sentiment, par ailleurs fort justifié, de la continuité des affaires humaines et de leur perpétuel retour. Au surplus, les diverses sortes d’artistes, et notamment les militaires, trouvent grand profit pour leur formation à étudier les maîtres et chefs-d’œuvre, car il y a dans la grandeur quelque chose de contagieux. Encore faut-il que ce conformisme ne devienne pas exclusif, ni cette imitation servile. Nul ne peut croire qu’un futur conflit doive ressembler, même de loin, à celui que nous avons vu.
Aussi, quand on raisonne de l’emploi d’une armée d’élite, rapide, puissante et protégée, doit-on, par principe, et quoi qu’il en puisse coûter aux commodités de l’esprit, renoncer à se servir des conceptions qui furent, lors de la lutte récente, appliquée aux efforts de masse".
La clairvoyance des analyses du Fil de l’épée (1932), de Vers l’armée de métier (1934) et de La France et son armée (1938) est toujours frappante. Comme le colonel de Gaulle dans les années 1930, nous sommes appelés à cet effort de lucidité et d’adaptation permanente qu’imposent la complexité du monde et les mouvements du paysage stratégique. D’où l’utilité de lire et de relire des textes désormais classiques, comme l’extrait suivant. Il ouvre le chapitre "Emploi" de Vers l’armée de métier.
"Devant l’inconnu de l’avenir, l’esprit humain cherche un recours et croit le trouver, d’ordinaire, dans ce qui s’est déjà passé. Comme le politique consulte les précédents ou le juriste la coutume, ainsi le soldat s’efforce de tirer des faits naguère accomplis les règles propres à se guider dans les actes du lendemain. Si l’occasion ne lui fut pas donnée de se battre lui-même, il interroge l’Histoire. S’il a fait la guerre, il se reporte à ses souvenirs. On a vu l’élite militaire des premières années de ce siècle bâtir sa philosophie sur l’étude des campagnes de la Révolution et de l’Empire. On voit l’armée d’aujourd’hui construire ses doctrines, thèmes et règlements d’après les errements du dernier conflit.
Un tel souci de s’appuyer sur le passé pour imaginer l’avenir présente assurément des avantages. Outre qu’il est naturel et conforme à l’instinct, il répond au sentiment, par ailleurs fort justifié, de la continuité des affaires humaines et de leur perpétuel retour. Au surplus, les diverses sortes d’artistes, et notamment les militaires, trouvent grand profit pour leur formation à étudier les maîtres et chefs-d’œuvre, car il y a dans la grandeur quelque chose de contagieux. Encore faut-il que ce conformisme ne devienne pas exclusif, ni cette imitation servile. Nul ne peut croire qu’un futur conflit doive ressembler, même de loin, à celui que nous avons vu.
Aussi, quand on raisonne de l’emploi d’une armée d’élite, rapide, puissante et protégée, doit-on, par principe, et quoi qu’il en puisse coûter aux commodités de l’esprit, renoncer à se servir des conceptions qui furent, lors de la lutte récente, appliquée aux efforts de masse".
François Fillon (Premier-Ministre de la France)
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