Mon intervention au Conseil Municipal de Grenoble sur le plan de déconfinement :
"Au premier jour du confinement, le 16 mars, vous déclariez sur 7 colonnes dans le Dauphiné Libéré : « Nous devons être deux fois plus rapides et deux fois plus rigoureux qu’ailleurs ».
Deux mois après, les Grenoblois sont en capacité de juger vos déclarations grandiloquentes.
Souvent, avec vous, les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent.
Les Grenoblois n’ont vu ni rapidité, ni anticipation, ni rigueur de la part de la municipalité ‼️
Il y a l’affaire des masques sur laquelle vous avez été aussi mauvais que le gouvernement auquel vous donnez des leçons. Devant l’ampleur de votre retard et du désastre, vous avez soudainement commandé 175000 masques le 22 avril dernier, après les autres, alors que tant de villes ont anticipé ce problème.
Mais quand je vous alertais le 9 avril, en conférence des Présidents, vous me répondiez texto : « il est hors de question de fournir des masques à la population ».
Il n’y avait rien sur les masques au conseil municipal du 20 avril et vous avez ajouté, à la dernière minute, que vous accepteriez de distribuer les masques de la Région.
A côté de nous, à St Martin d’Hères, la municipalité distribue des masques aux habitants depuis le lundi 4 mai. Pour vous, c’est un fiasco.
Il y a la question des SDF, lesquels pendant toute la durée du confinement ont continué à se réunir dans la ville alors que nombre d’autres villes avaient ouvert des lieux spécifiques avec des normes sanitaires et d’hygiène exemplaires pour protéger ces populations et leurs concitoyens. Je vous ai signalé cet état de fait, en vain, en vous proposant d’ouvrir Alpexpo pour remplir cette fonction d’accueil.
Il y a l’affaire des Drive – Tests dont seule Grenoble est dépourvue, obligeant les Grenoblois à se rendre en voiture à St Ismier ou à Voiron pour effectuer un drive-test.
Je vous ai pourtant demandé avec insistance d’en faire ouvrir un à Grenoble qui permette de se faire tester en vélo ou en voiture, ce qui permet d’économiser des déplacements et toutes les obligations sanitaires obligatoires en laboratoire.
Il y a les vélos et des trottinettes en libre-service qui n’existent toujours pas à Grenoble, alors qu’ils sont à disposition dans presque toutes les grandes villes. Il est tout à fait contradictoire de créer, dans la précipitation et sans aucune concertation, de nouvelles voies cyclables pour éviter le report des déplacements sur la voiture, mais sans mettre en place des services nouveaux afin de drainer de nouveaux usagers.
Il n’y a pas de plan de télétravail pour le personnel qui voudrait continuer à travailler totalement ou partiellement chez lui, ce qui permettrait de limiter les déplacements, de réduire les locaux. Au contraire, vous continuez à investir massivement dans les bureaux centraux, dilapidant l’argent public rare, qui fait défaut ailleurs.
Il n’y a pas de plan d’été pour le rattrapage scolaire, tel que je vous l’ai proposé au dernier Conseil Municipal pour votre cellule « anticipation », mise en place en bout de course, fin avril, et qui n’a rien anticipé du tout. Alors que la mobilisation pour rattraper les décrocheurs est vitale.
Il n’y a pas de plan de reprise précis, daté, des chantiers municipaux qui permettrait aux entreprises de reprendre espoir, alors que la crise économique et sociale va prolonger la crise sanitaire, et alors que Grenoble n’était déjà économiquement pas en bonne santé avant le Covid.
Il n’y a pas de plan commerce ambitieux qui soutienne nos commerçants, donne envie de consommer à nouveau en sécurité, dans une ville propre, entretenue, sécurisée.
Il n’y a toujours pas de déchèterie ouverte à Grenoble, si bien que les artisans, les commerçants et tous les Grenoblois sont pénalisés et doivent se rendre dans les 14 communes qui ont déjà ouvert. Ou bien, sont contraints de déposer leurs encombrants dans la rue, ce qui contribue à la dégradation de l’espace public.
Il n’y a pas de plan propreté non plus, parce que vous êtes le seul à estimer que Grenoble n’est pas une ville sale.
En réalité ces deux derniers mois le seul sujet sur lequel vous avez été plus rapide que les autres, a été le plus politicien.
En profitant de façon choquante de la crise sanitaire pour vous lancer dans la course présidentielle, vous avez clairement signifié aux Grenoblois qu’ils n’étaient pas votre centre d’intérêt principal.
Vous considériez la crise comme un moyen, l’élection municipale comme acquise, et vous pouviez ainsi déconfiner brutalement vos ambitions personnelles.
Il est de mon devoir de vous dire, au nom des Grenoblois que je représente ici, au nom de la première force d’opposition municipale, que pendant ces deux mois, nous aurions aimé voir dans les médias nationaux, la ville anticipatrice et novatrice citée en exemple par les mesures qu’elle prend, plutôt qu’elle ne serve seulement à la promotion de la candidature de son Maire aux présidentielles de 2022".
Alain Carignon
Ancien Ministre
Conseiller municipal de Grenoble
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