BILLET D'ALERTE : GRANDEURS ET SERVITUDES DU DÉPUTÉ
de Jacques MYARD
Membre Honoraire du Parlement
Maire de Maisons-Laffitte
Président du Cercle Nation et République
Le 4 AOÛT 2018
A/S : GRANDEURS ET SERVITUDES DU DÉPUTÉ
L'affaire Macron-Benalla revêt désormais un double aspect :
- En premier lieu elle n'est pas la simple affaire " d'un gros bras " recruté d'abord par le parti socialiste puis par un candidat à la présidence de la République pour assurer sa sécurité pendant la campagne, embauché ensuite à l'Elysée au coeur du pouvoir régalien et qui grisé par la proximité des "grands", fort des liens d'amitiés noués avec Jupiter aurait perdu le sens des réalités, le respect de la frontière entre le légal et les zones interdites.
Le premier devoir du Prince est de savoir tenir à distance ces serviteurs dévoués, ces affidés dont l'activisme zélé peut l'atteindre.
Le Prince a commis la faute d'entretenir au palais même ces liaisons dangereuses dont les méandres peu à peu connus étonnent chaque jour et remettent en cause le "nouveau monde", singulière copie des turpitudes de l'ancien...
- Mais en second lieu, cette affaire dépasse le cadre de la Présidence de la République et de ses dysfonctionnements.
Ce qui s'est passé à l'Assemblée nationale où l'on a assisté à la volonté délibérée de la majorité parlementaire, aux ordres, de torpiller la commission d'enquête est encore plus grave que l'affaire stricto-sensu.
Ce blocage volontaire illustre la totale soumission des députés LREM à l'exécutif au delà de tout ce qui était imaginable.
Il ne s'agit pas de nier le fait majoritaire qui soutient le President de la République à l'Assemblée et lui permet avec le Premier Ministre de faire adopter les projets de lois de son programme; si d'aventure il y a conflit entre l'Assemblée et le gouvernement cela peut conduire à la dissolution pour renvoyer les députés devant le suffrage universel, ce qui est arrivé à plusieurs reprises.
En l'occurence les députés LREM se sont parjurés car après avoir accepté la commission d'enquête, ils n'ont eu de cesse de vouloir y mettre un terme en refusant d'auditionner des responsables de l'Elysée comme le demandait logiquement le co-rapporteur Guillaume Larrivé, du jamais vu dans une commission d'enquête.
Cette attitude est d'autant plus surprenante que la commission du Sénat auditionne les responsables de l'Elysée.
A l'évidence ce revirement est venu d'en haut car la co-rapporteur et présidente de la commission ne maitrisait plus le déroulé des auditions.
Ce sabordage de cette commission d'enquête sur ordre de l'exécutif dépasse la commission elle-même, il frappe directement toute l'Assemblée au coeur même de l'une ses prérogatives constitutionnelles par excellence : le contrôle du gouvernement !
C'est là un recul sans appel du Parlement et une trahison du mandat de ces députés qui se sont couchés en oubliant qu'ils détiennent leur légitimité du suffrage universel !
Savoir désobéir et dire non, y compris à ses amis politiques pour agir conformément à ses convictions, pour défendre une certaine idée de la République sont à mes yeux la principale force, la principale qualité d'un député.
J'ai souvenir de très nombreux affrontements entre des présidents de commission, des députés et le gouvernement où celui a souvent reculé ou fut obligé de prendre en compte la position de l'Assemblée conformément à la légitimité qu'elle détient du suffrage universel !
Il est vrai que dans le cas d'espèce les députés LREM ne connaissent le suffrage universel que par l'hologramme de Macron qui les a fait élire sans réelle campagne !
Ces députés ont été élus grâce à l'hologramme gagnant. Serviles et soumis, ils collent et s'identifient désormais à l'hologramme perdant de Macron !
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