GRÈCE : POUR ÉRIC WOERTH, « DES ENSEIGNEMENTS DOIVENT ÊTRE TIRÉS POUR LA GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE »
« La Grèce on la préfère dans la zone euro que sortie de la zone euro mais pas à n'importe que prix, pas n'importe comment, pas sur un accord fragile. L'accord qui a été signé est solide ».
Délégué général au projet pour Les Républicains, Eric Woerth, ancien ministre du Budget puis du Travail sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, a pris acte au nom des Républicains de l'accord intervenu lundi matin à Bruxelles entre les chefs d'Etat et les chefs de gouvernement des pays membres de la zone euro au sujet de la Grèce. Tout en soulignant que ce troisième plan d'aide devait faire prendre la mesure de la « taille gigantesque » de l'aide que les pays membres de la zone euro allaient verser à la Grèce. « Là, c'est plus de 80 milliards d'euros. Au total c'est plus de 400 milliards qui ont été versés à la Grèce en plans d'aide, en restructuration de la dette sans parler des fonds structurels qui lui ont été alloués », détaille Eric Woerth.
« Pour nous, Les Républicains, c'était le seul accord possible, conforme à ce que nous souhaitions et il sera un bon accord s'il est respecté », commente encore le député-maire de Chantilly qui a rappelé que les négociations se sont engagées sur la base des propositions faites à la Grèce avant le referendum ». Referendum, ajuste-t-il, qui a « sonné bizarre dans le ciel européen » en raison de toutes les interprétations qu'il pouvait donner, dont celui de la sortie de la Grèce de la zone euro suite au refus du peuple grec d'accepter les réformes proposées par ses créanciers.
« La Grèce, qui a besoin d'un État fort pour retrouver son autonomie, n'avait pas engagé les réformes souhaitables dont celles sur la TVA, sur les retraites, sur la fiscalité, elle n'a pas non plus tenu ses engagements, ce qui explique la vigilance des pays membres de la zone euro lors de ces négociations. Pour finir Alexis Tsipras a fait amende honorable et il est revenu sur les propos qu'il avait tenus et a levé les ambigüités du referendum. Le fait qu'on revienne au texte, qu'on l'améliore dans la solidité des garanties est une bonne chose », souligne encore Eric Woerth qui voit dans l'aboutissement de cet accord un message politique.
« Si le paradis c'était, pour les extrêmes, la sortie de l'euro, on s'aperçoit que c'était une stupidité. On voit bien qu'Alexis Tsipras, leadeur d'extrême gauche, confronté à la réalité de l'économie et aux réalités de son pays, n'a pas hésité, il a signé parce que l'intérêt de la Grèce est de partager la monnaie unique et qu'il était à un pas du précipice », glisse Eric Woerth qui a trouvé au passage inconvenantes et inappropriées les violences verbales proférées par Jean-Luc Mélenchon au sujet de l'Allemagne.
« Alexis Tsipras, soutenu en France par les extrêmes, de droite comme Marine Le Pen, de gauche comme Jean-Luc Mélenchon, a instrumentalisé son peuple. C'est un enseignement que nous devons puissamment retenir », relèvent Lydia Guirous et Sébastien Huyghe, porte-parole, projetant leurs regards vers les élections régionales de décembre prochain dans lesquelles ces extrêmes utilisent les ressorts dangereux du populisme.
Si cet accord a vu le jour, Eric Woerth le met également sur le compte du retour in extremis du couple franco-allemand sur la scène européenne. « Comme l'a demandé Nicolas Sarkozy, François Hollande s'est enfin ressaisi. Cet accord ne pouvait être solide que s'il était porté clairement et non de façon ambigüe par la France et l'Allemagne. On ne pouvait avoir de position louvoyante. Il fallait éviter toute attitude de complaisance », explique encore Eric Woerth qui se demande pourquoi, depuis l'élection d'Alexis Tsipras, François Hollande n'a jamais rien fait et ne l'a jamais sensibilisé à entamer les réformes nécessaires. « François Hollande est monté tardivement en s'inventant un rôle de négociateur », observe Eric Woerth qui souhaite que « François Hollande se consacre maintenant avec la même énergie à la réforme de l'Etat français ».
Enfin, pour Eric Woerth et comme l'a souligné Nicolas Sarkozy, des enseignements doivent être tirés de cette crise dans laquelle la zone euro a montré « un piètre visage. Les négociations ont été laborieuses. Il faut réorganiser la zone euro », suggère Eric Woerth. « Il faut profiter de cette crise pour en faire une chance, aller vers une gouvernance, une convergence fiscale, créer un Fonds monétaire européen. Bref, que la zone euro soit à la hauteur des enjeux. Le moment est venu. On accélère sur la Grèce en l'aidant à se réformer rapidement et on la consolide. Pour la zone euro il en est de même, on accélère dans les réformes pour la consolider ».
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