Tribune "Aimer l'Europe" - 14 février 2014
« Aimer l’Europe, c’est affirmer qu’elle n’est pas une option mais une nécessité vitale. C’est apporter des réponses concrètes aux attentes souvent légitimes de nos concitoyens. C’est dire ce que l’Europe nous a apporté (droit d’inventaire) mais aussi ce que nous voulons en faire (droitd’inventer).
Aimerl’Europe, c’est inlassablement expliquer aux citoyens les enjeux européens, leur rappeler l’importance de leur vote le 25 mai prochain pour qu’ils puissent décider des orientations politiquesqu’ils veulent donner à la construction européenne.
Aimer l’Europe, c’est combattre toutes les sirènes populistes du « moins d’Europe » qui veulent faire de l’Union Européenne le bouc-émissaire facile de tous nos maux.
Aimer l’Europe, c’est promouvoir les valeurs de liberté, de justice, d’égalité, de solidarité, de paix et de démocratie quenous ont léguées les pères fondateurs. C’est penser à ceux qui aujourd’hui, en Ukraine, n’hésitent pas à se battre et à mourir pour ces valeursquand l’Europe apparaît ici, trop souvent, comme un machin technocratique ou sans intérêt.
Aimerl’Europe, c’est vouloir une Europe plus démocratique, plus proche des citoyens, plus efficace. C’est construire, enfin, une fédération européenne avec les peuples européens, dans un monde de plus en plus ouvert.
Lors du Congrès de la Haye,en mai 1948, l’Espagnol Salvador de Madariaga affirmait :« Avant tout, il nous faut aimer l’Europe, cette Europe sonore du “rire énorme” de Rabelais, éclairée du sourire d’Erasme et de l’esprit de Voltaire, où brillent les yeux de feu de Dante, les yeux lumineux de Shakespeare, les yeux sereins de Goethe et les yeux torturées de Dostoïevski. Cette Europe où sourit la Joconde cette Europe qui vit Michel-Ange et David, cette Europe où brilla le génie spontané de Bach par sa géométrie intellectuelle, où Hamlet cherche dans la pensée le mystère de son inaction et où Faust cherche dans l’action la consolation du vide de sa pensée, où Don Juan cherche dans les femmes rencontrées, la femme jamais trouvée et où Don Quichotte, lance en main, galope pour forcer la réalité et s’élever au-dessus d’elle-même. Cette Europe où Newton et Leibniz mesurent l’infinitésimal, où les cathédrales brillent, comme disait Musset, le genou dans leur robe de pierre, où les rivières, fils d’argent, fond des colliers aux cités, joyaux taillés dans l’espace par le ciseau du temps, cette Europe doit naître et elle naître lorsque les Espagnols diront: “Notre Chertres », lorsques les Anglais diront «Notre Cracovie”, lorsque les Italiens diront “Notre Copenhague”, lorsque les Allemands diront “Notre Bruges” et reculeront d’horreur à la pensée d’y porter encore à nouveau des mains meurtrières. »
A l’heure où il est devenu fréquent d’entendre des voix qui disent beaucoup de mal de l’Europe, aimer l’Europe c’est vouloir rassembler, au-delà des clivages partisans, toutes et tous ceux qui aiment l’Europe et les inviter, quand l’occasion s’en présente comme en ce jour de la Saint-Valentin, à 100 jours des élections européennes, à lui dire tout simplement : « je t’aime » ! »
Yannick HOPPE
Vice-Président exécutif du Mouvement Européen France en charge du Développement
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