Jean-François Copé, Président de l'UMP, appelle à la raison
(Jean-Pierre Renard et Jean-François Copé)
Je voudrais une nouvelle fois m'adresser directement aux militants et sympathisants de notre famille politique.
Vous êtes l'UMP. Vous faites l'UMP.
Aujourd'hui, je le sais, vous êtes déboussolés, indignés, choqués par ce qui se passe.
Moi aussi, je le suis profondément.
Comme vous, je ne me suis pas engagé en politique pour des batailles de chiffonniers. Je me suis engagé pour des valeurs, pour des idées.
Les dirigeants politiques vous doivent des comptes.
Ils doivent respecter les valeurs de notre famille politique.
Ils doivent respecter les règles de ce parti, des règles qui ont été votées et approuvées par chacun d'entre nous. Des règles qui protègent notre mouvement contre les foucades des uns et des autres.
Personne n'est au-dessus des règles. Personne n'a le droit de choisir ce qui l'arrange selon son bon plaisir. Ce serait vous enlever à vous les militants, le pouvoir de choisir.
Moi, je n'ai qu'une obsession : garantir l'unité de notre famille politique, garantir le respect de nos statuts, garantir le respect de votre vote.
C'est ce que je m'efforce de faire dans ces jours de tourmente et je remercie les milliers, les dizaines de milliers de militants et d'élus qui m'adressent des messages de soutien et d'encouragement, qu'ils aient d'ailleurs ou non voté pour moi dimanche dernier.
Dimanche, vous avez voté en masse.
La commission indépendante chargée de l'organisation et du contrôle du scrutin a proclamé les résultats : vous m'avez officiellement élu Président de l'UMP à la majorité des suffrages exprimés.
Le résultat serré, c'est pour moi une invitation au rassemblement, à l'unité.
Dès mon élection, j'ai annoncé que je composerai une équipe diverse, collective, regroupant tous les talents de notre famille politique.
J'ai tendu la main à François Fillon, à l'ensemble de ses amis qui sont aussi les miens. Je lui ai proposé de participer à l'équipe dirigeante au plus haut niveau.
Car pour moi, il n'y a pas d'un côté ceux qui m'ont choisi et de l'autre ceux qui ont choisi François Fillon. Il n'y a qu'une seule et grande famille, l'UMP.
Le doyen Gélard, président de la commission indépendante, est intervenu hier à la télévision. Il a expliqué les conditions dans lesquelles cette commission avait travaillé.
Il a reconnu deux éléments majeurs :
- D'abord, les résultats de Nouvelle-Calédonie, de Wallis-et-Futuna et de Mayotte n'ont pas été examinés par la Commission et n'ont pas été pris en compte.
- Mais d'autre part, il cite : « des fraudes » graves et massives, constatées par huissiers, notées par la commission. Et les deux exemples qu'il a cités hier concernent, chacun le sait, les bureaux qui se situent à Nice, qui sont les bureaux nº1 et nº3.
Autrement dit, si la COCOE, la commission indépendante, avait annulé les bureaux dans lesquels il y avait des fraudes massives, la vérité est que j'aurai gagné avec une avance encore plus large.
Ces propos, il les avait déjà tenus dès lundi soir, en toute transparence.
Après avoir accepté le verdict des urnes lundi soir, François Fillon change d'avis, le conteste.
Dans toute élection, une contestation est parfaitement possible. Cela n'est pas dramatique. Cela est même prévu par les statuts dans toute organisation quelle qu'elle soit.
Mais François Fillon nous dit qu'il refuse de saisir la commission prévue par nos règles qui est la commission nationale des recours.
Il a ainsi causé un blocage qui est très dangereux pour notre mouvement : d'abord parce qu'il y a une contestation médiatique des résultats de l'élection, d'autre part parce qu'il refuse de saisir cette commission des recours.
Sa position nous conduisait à l'impasse et explique pour une bonne part la tension venu d'un certain nombre de nos amis parlementaires dont je peux comprendre le désarroi, évidemment.
Pour en sortir, et dans un souci d'apaisement, j'ai moi-même saisi, hier, la commission nationale des recours, geste inédit pour un président élu.
Je le fais dans un souci d'apaisement. Je ne veux aucune suspicion sur votre vote. Je ne veux d'ailleurs aucune suspicion sur notre parti. C'est une question de morale. C'est une question d'honneur.
Dans un deuxième geste d'apaisement, j'ai accepté qu'Alain Juppé intervienne, avec une commission ad hoc, dont l'objet ne peut pas être de se substituer -ce n'est pas statutaire- à la Commission nationale des recours, mais de veiller à la transparence absolue des travaux de la Commission nationale des recours.
J'ai eu Alain Juppé au téléphone sur ce point ce matin qui me l'a confirmé.
Cette commission nationale des recours est composée de membres que vous avez élus, vous les militants, par un vote du Conseil national. Son président avait été élu sur proposition de mon prédécesseur, Xavier Bertrand, qui était alors secrétaire général de l'UMP. Au sein de cette commission siègent des élus, des militants de tous horizons dont personne n'a le droit de remettre brutalement aujourd'hui en cause la sincérité et l'honnêteté.
J'ai d'ailleurs proposé que la commission nationale des recours travaille en présence de représentants des deux candidats, c'est une évidence, mais aussi d'huissiers, d'avocats, pour que nul ne puisse contester son sérieux et sa transparence.
Cette commission nationale des recours est la seule qui puisse juridiquement vérifier, valider les réclamations ou les recours des candidats, et donc au final les résultats de l'élection.
Si on s'affranchit de cette commission, on s'affranchit de nos statuts et donc on se place, de fait, dans l'illégalité.
N'importe lequel d'entre vous serait en mesure de faire annuler une décision prise en dehors de cette commission.
François Fillon avait accepté hier la proposition d'Alain Juppé. C'était une voie de sagesse et de soulagement pour nous tous, militants de l'UMP.
J'apprends ce matin qu'il fait de nouveau marche arrière.
Il refuse nos statuts en expliquant que désormais il ne leur fait plus confiance. Il explique qu'il ne fait plus confiance à notre règle commune, à ce que chacun d'entre nous s'est engagé à respecter en adhérant à l'UMP.
Pire, il a des mots extrêmement blessants et injurieux pour l'ensemble de notre famille politique, des mots qui provoquent l'indignation de tous.
On ne peut pas donner des leçons de morale à tout le monde en permanence et refuser de se les appliquer à soi-même.
Pour ma part, je le redis, seul vaut le verdict qui sera rendu par la Commission nationale des recours prévue par nos statuts dont j'ai accepté, comme François Fillon, le pensai-je, comme surtout Alain Juppé, que cela soit sous le regard attentif et impartial de la médiation Juppé qui garantira la transparence absolue des résultats proclamés.
C'est vous et vous seuls, les militants de l'UMP, qui avez choisi votre Président.
Chacun est désormais placé devant ses responsabilités.
Jean-François Copé
Président de l'UMP
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