“Etre des ennemis vrais”
9 janvier 2012
« Il n’est pas de pensée plus opposée à la mienne que la vôtre. Mais être des ennemis vrais, c’est être bien proches. Et je vous admire plus qu’aucun de mes amis [ … ] Le monde est plus riche pour moi, maintenant que je vous connais. Au cours du voyage humain nous nous trouvons aux antipodes, et nous voyons d’autres constellations. Mais le ciel est le même. IGNIS IDEM. »
Cette phrase tirée de la correspondance de Romain Rolland avec Henry de Montherlant révèle davantage qu’une civilité disparue, davantage qu’une courtoisie d’habitude qui a si longtemps été la marque d’un certain esprit français. Elle révèle à mon sens une certaine idée de l’autre, un humanisme de l’écoute capable de devenir un humanisme du dialogue.
En relisant cette phrase dans une page des Fontaines du désir, je pris la mesure justement de ce que devrait être un désaccord qui ne serait pas feint. Le désaccord véritable ne supporte pas l’outrance des propos ni la rivalité des personnes, il n’est à l’aise que dans la paix des personnes, il ne peut s’exprimer qu’en l’absence de toute hostilité factice.
La querelle des idées est en réalité si profonde et si fondamentale qu’elle ne peut cohabiter avec la querelle des hommes. Les combats les plus vrais sont toujours des combats entre amis.
Vijay Monany (http://vijaymonany.com/)
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