Shalom Guilad,
Tu ne me connais pas, mais je fais partie de ta famille. Je ne pense pas être présomptueux en me revendiquant ainsi un lien familial, car je suis, comme toi, un fils du peuple d'Israël qui, dans son immense majorité, n'a eu de cesse de te faire revenir sain et sauf à la maison.
Depuis ton enlèvement, il y a plus de 5 ans, sachant qu'un des nôtres était aux mains de nos ennemis les plus cruels, sans aucune morale, sans la moindre once de respect, je craignais pour ta vie.
Il m'est arrivé à de nombreuses reprises de penser à toi, au moment où je m'endormais, me demandant ce que tu pouvais bien penser au même instant. Je me suis aussi réveillé plusieurs fois en sursaut ayant rêvé qu'on te torturait. J'étais persuadé, malheureusement à juste titre, que tu moisissais au fond d'un cachot noir et humide où tu as dû crever de chaud en été et de froid en hiver avec des geôliers masqués de noir avec leur fameux ruban vert islam sur la tête.
J'avais, et j'ai toujours, la haine contre ces bêtes immondes qui t'ont ainsi volé plus de 5 années de ta vie, alors qu'à la différence de ceux contre lesquels tu as été échangé, toi tu n'as assassiné personne, tu n'as pas fait exploser des bombes dans des restaurants ou des autobus.
A cause de toi, je me suis retrouvé un jour sans voix et sans réponse devant mon petit-fils de 4 ans, Liran, qui me demandait pourquoi Tsahal n'allait pas chercher Guilad, pourquoi on le laissait ainsi seul chez les terroristes.
Donc très tôt mardi matin, je me suis mis devant la télé pour ne pas rater un seul instant de cette journée historique dont nous avons le secret en Israël, où le pays entier retient son souffle, où l'on ressent physiquement ce lien qui nous unit tous, où nous vibrons aux mêmes moments pour un seul d'entre nous, car tu es notre fils à tous, Guilad.
Pendant quelques heures il a fallu patienter et nous avons eu droit aux préparations des terroristes de Gaza pour accueillir la bande d'assassins. De beaux treillis, des armes toutes neuves, une fanfare, des véhicules de police impeccables dignes des séries américaines, des Iphones, des gardes du corps avec toute la panoplie des accessoires derniers cris. Mais d'où vient tout l'argent, moi je croyais qu'on mourrait de faim et de misère à Gaza à cause du blocus des méchants Israéliens comme toi et moi, je ne comprends plus rien…
A Jérusalem, oui, tu lis bien, à JERUSALEM, une foule attendait avec des drapeaux du Hamas les terroristes prévus pour être relâchés dans la capitale. Pour passer le temps, ils caillassaient les forces de sécurité à proximité.
Incroyable !!! Essaies de brandir un drapeau vert du Hamas à Ramallah (Autorité palestinienne), à une encablure de Jérusalem, je ne te donne même pas une minute pour être arrêté par la police locale. Mais à JERUSALEM, capitale éternelle et indivisible d'Israël, tu peux agiter le drapeau terroriste, symbole de tes tortionnaires, devant le poste des gardes-frontières, et tu ne risques absolument rien.
Enfin, mon cœur ne fit qu'un bond, je t'ai entraperçu, sortant du véhicule des terroristes. Ils t'ont emmené dans un studio de la télé égyptienne pour être, telle une bête de foire, montré à la populace arabe pour une interview qui fut plutôt une vidéo d'otage, avec un homme masqué du Hamas derrière toi. Et j'ai pleuré une première fois devant ta dignité face au caniveau.
J'ai pleuré lorsque je t'ai vu si pâle, si maigre, le visage émacié, j'ai pensé aux rescapés des camps nazis. Tu étais sans lunettes, alors que tes parents t'en avaient envoyé une paire par l'intermédiaire de la Croix-Rouge, que les terroristes ont refusé de te remettre, une preuve de plus de leur inhumanité et de leur volonté de t'humilier.
J'ai pleuré encore lorsque tu fus accueilli par trois officiers de Tsahal qui se sont accroupis face à toi pour écouter tes premières paroles. Enfin tu étais en sécurité.
Puis tu as retrouvé un uniforme, des lunettes, ce fut une nouvelle naissance.
J'éclatais en sanglots lorsque tu fis le salut militaire à Binyamin Netanyahou, qui te prit dans ses bras (j'en pleure encore maintenant en l'écrivant) et qui te dit "comme c'est bon de te revoir à la maison", ainsi que Benny Gantz qui te qualifia de "héros". Bibi te remit à ton père. Il a tenu sa promesse.
Tu rentras à Mitspé Hila, chez toi, ovationné par des milliers de jeunes, brandissant des drapeaux frappés de l'étoile de David. Ton père Noam fit un discours pour remercier tout un chacun, avec une pensée particulière pour les familles endeuillées qui ont payé un si lourd tribut, voyant s'échapper les criminels terroristes. Mais tu ne dois pas culpabiliser, Guilad, ce sont les politiques qui ont pris la décision et la responsabilité de relâcher ces salopards. Ils ont bien fait car tu vaux, comme n'importe quel enfant d'Israël, tout l'or du monde. Puis ton père a demandé qu'on te laisse reprendre une vie normale, si tant est que ce soit possible.
Et le petit Liran, qui a regardé la télé, m'a dit : "Eze Kef (quel pied, quel kif), je suis tellement heureux que Guilad soit de retour à la maison".
Je fus enfin apaisé, je descendis à mon parking pour couper le ruban jaune accroché au rétroviseur extérieur de ma voiture, signe de reconnaissance de tous ceux qui ne t'ont pas oublié durant ces cinq ans.
Repose-toi, rétablis-toi, retourne à l'anonymat au sein de notre famille.
Je te remercie de nous avoir fait honneur, car en saluant le Premier ministre et le chef d'état-major, tu nous as prouvé qu'ils ne t'ont pas cassé, qu'ils ne peuvent pas te briser, car tu as incarné cette force mentale et morale du peuple juif qui nous a permis de survivre depuis des milliers d'années. Tu n'as pas oublié qui tu étais.
C'est moi qui te salue Guilad, car tu es un héros d'Israël.
Marc Femsohn
Les commentaires récents