En moins d'une semaine, deux polémiques ont conduit Israël à se poser la même et étonnante question : judaïsme et sionisme sont-ils compatibles?
D'une part, la lettre de certains rabbins appelant à ne pas vendre ou louer des appartements à des non-juifs. Cet appel, qui s'investit d'une légitimité religieuse pour imposer cette interdiction par le biais d'un "Psak Halakha (une décision halakhique qui a force de loi religieuse), démontre la peur, la frilosité, l'intolérance, bref, tout ce qui est à l'opposé du judaïsme.
Heureusement pour l'honneur d'Israël, cette initiative a été condamnée par les dirigeants et les forces vives de la nation, comme le président de l'Etat, le Premier ministre, le président de la Knesset, Yad Vashem et de nombreux rabbins sionistes.
Certains diront qu'il n'est pas possible pour un Juif d'habiter dans une localité arabe. Est-ce une raison pour nous comporter, nous Juifs, comme les obscurantistes? En suivant cet argument, nous devrions répondre à chaque attentat-suicide par l'envoi d'un kamikaze juif avec une ceinture d'explosifs dans une localité arabe…
Le judaïsme, c'est la lumière, l'ouverture, l'intelligence, la raison et non pas le repli sur soi.
D'autre part, le refus par des partis ultra-orthodoxes de reconnaître les conversions effectuées par le rabbinat militaire. Il est, pour le moins, paradoxal que les dirigeants d'une communauté, dont seule une infime minorité effectue son service militaire, se permettent de remettre en cause les décisions du rabbinat de l'armée dont on connaît le strict respect pour la Halakha.
Les militaires de Tsahal qui sont concernés par ces conversions, et sont prêts à affronter, en plus du danger quotidien, par sionisme, le difficile parcours qui mène au judaïsme, ne méritent pas ce dédain et ce déni de la part de ceux dont l'adhésion aux valeurs sionistes n'est pas toujours la priorité.
C'est parce que nous sommes des juifs sionistes, et fiers de l'être, que nous nous devons d'être plus exigeants avec Israël, c'est-à-dire avec nous-mêmes, plus intransigeants sur nos valeurs humanistes, sans concession avec la tentation de l'exclusion.
Parce que nous sommes sionistes, nous n'acceptons aucune discrimination, que ce soit à l'égard du non-juif, du juif éthiopien mis à l'écart, des jeunes filles séfarades interdites dans les écoles ultra-orthodoxes ashkénazes, et du soldat, converti par Tsahal, qui risque sa vie pour l'Etat juif d'Israël.
C'est par notre tolérance qui n'est pas un aveu de faiblesse, mais bien au contraire notre force, que nous maintiendrons, face à nos ennemis, notre judaïsme sur notre terre d'Israël tant aimée.
C'est dans cet Etat que nous voulons vivre, juif et démocratique, c'est-à-dire sioniste et tolérant.
Ce sont sur ces valeurs communes, qui ont permis au Peuple juif de ne pas disparaître, que se rejoignent, au-delà des querelles politiques légitimes, le judaïsme religieux sioniste et le sionisme laïc, chacun avec ses "Tsadikim" et ses "Menschs".
Tsadik : mot hébreu signifiant "un juste" ou "un saint"
Mensch : mot yiddish signifiant "Homme" dans le plus noble sens du terme
Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, aux mains des terroristes du Hamas depuis 1635 jours. Espérons qu'il pourra rapidement retrouver ceux qui l'aiment et qui souffrent de son absence.
Marc Femsohn
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