Le poids des mots…ratoires
Il y a des semaines où l'actualité s'emballe quelque peu et il est parfois difficile de faire le tri dans la foultitude de déclarations qui fusent des quatre coins du monde. Rapide tour d'horizon et décryptage.
Nous commencerons comme il se doit par les récentes déclarations en marge de l'Assemblée Générale des Nations Unies. Un évènement ouvert ce jeudi par le président américain Barack Obama qui a tout de suite donné le ton : "l'année prochaine, il pourrait y avoir un accord qui nous mènera à accueillir un nouveau membre des Nations unies : un Etat de Palestine indépendant, vivant en paix avec Israël".
Le ton est ferme, il faut qu'un accord soit trouvé entre Israéliens et Palestiniens dans les douze prochains mois. Certains osent dire que le président américain est un doux rêveur qui a la certitude de faire mieux que ses prédécesseurs. Mais le rêve n'est-il pas un élément important de toute négociation, quelle qu'elle soit ? Si celui qui veut obtenir un accord n'y croit pas un minimum, s'il n'a pas en lui ce rêve qui peut lui permettre d'abattre les objections et les difficultés, il est garanti d'échouer.
L'heure est peut-être venue de mettre les rêves en applications ? Pourquoi pas. Il faut pourtant que toutes les parties soient animées par ce rêve, par cette volonté implacable d'aller au bout de ce sentier épineux qui mène à la paix.
Côté israélien, le Premier ministre a montré une réelle détermination en appliquant un moratoire de dix mois sur les constructions en Judée-Samarie. Il l'a fait au risque de voir ses électeurs se désolidariser de sa politique et de perdre nombre de ses lieutenants. Mais Binyamin Netanyahou a tenu et a imposé sa vision à son camp. Dire que ses opposants naturels ont applaudi des deux mains est inutile, tout le monde sait qu'ils attendaient ce geste depuis longtemps.
Reste à savoir ce que fera M. Netanyahou dans les prochains jours. Reconduire le moratoire ou recommencer la construction ? Il est évident que personne ne souhaite être à sa place en ce moment, tant la décision est lourde d'implications. Il a donc besoin d'aide, de garanties pour éventuellement reprendre la confrontation avec l'aile dure de son parti et avec la droite sioniste religieuse.
Alors Mahmoud Abbas monte au créneau pour essayer de rassurer son partenaire pour la paix. Il s'est adressé mercredi aux représentants des organisations juives des Etats-Unis : "Je parle au nom du peuple palestinien et je le représente. Tout accord qui sera conclu sera soumis à un référendum pour que le peuple palestinien tranche et aucune faction, ni le Hamas ni quiconque d’autre, ne pourra alors s’y opposer. Ensuite je proclamerai la fin définitive du conflit historique avec Israël. Nous respecterons notre signature".
Une Première ! Jusqu'à présent aucun responsable palestinien n'avait osé annoncer publiquement qu'il était prêt à entrer en conflit avec quiconque voudrait saboter les accords de paix avec Israël. C'est peut-être la raison pour laquelle des responsables du Hamas et du Fatah se rencontreront très prochainement à Damas (Syrie).
Et le président Obama d'en ajouter une petite couche : "Ceux d'entre nous qui sont des amis d'Israël doivent comprendre que la vraie sécurité pour l'État juif requiert une Palestine indépendante". Le mot est lancé : Etat juif. Le brouillard s'éclaircit donc quelque peu. Les Palestiniens doivent accepter l'existence d'Israël en tant qu'état juif.
Voilà donc des mots qui pourraient rassurer le Premier ministre israélien et l'inciter à prendre la décision tant attendue : la prolongation du moratoire.
Mais les mots demandent aussi des actes et les actes de violences perpétrés avant et pendant la fête des cabanes (Souccot) sur le mont du Temple donnent à penser que le président Abbas ne maîtrise pas la rue palestinienne aussi bien qu'il semble vouloir le dire.
Les mots… ils sont la base de toute négociation. Ils sont si puissants que si l'on n'y prend garde, ils peuvent vous entraîner dans le chaos le plus total. Et sur ce point la France est, bien malgré elle, entraînée dans une spirale dont personne ne sait où elle mènera.
A ce jour, sept Français, pour la plupart des collaborateurs des sociétés françaises Areva et Satom (groupe Vinci), ont été enlevés dans le nord du Niger. L'enlèvement a été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Pour le moment aucune demande précise n'a été formulée par Al-Qaïda. Côté français, on cherche le dialogue pour tenter de savoir à quoi s'en tenir avec les otages. Mais si l'on se rappelle les propos du Premier ministre François Fillon qui parlait fin juillet d'une véritable guerre contre Al-Qaïda et de ceux du Président Sarkozy, fin août, qui fustigeait les payeurs de rançons aux organisations terroristes, il est permis de se demander ce que va bien pouvoir faire la France dans ce dossier.
L'option militaire ne semble pas d'actualité au vu de la fin tragique de Michel Germaneau, otage assassiné en représailles à un raid franco-mauritanien au Mali. D'ailleurs l'Aqmi prévient la France : "Nous mettons en garde le gouvernement français contre les conséquences d'une nouvelle action stupide, parce qu'elle est condamnée à échouer et qu'ils en paieront certainement un prix élevé".
Escalade de violence verbale d'un côté, tentative de nouer le dialogue de l'autre. Finalement, on se rend compte que si la paix et la sécurité dans le monde requierent bien des mots, elles engendrent essentiellement des maux, dont personne ne sait quand ils se calmeront…
Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, aux mains des terroristes du Hamas depuis 1552 jours. Espérons qu'il pourra rapidement retrouver ceux qui l'aiment et qui souffrent de son absence.
Meir Azoulay
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