ALLOCUTION DE JACQUES MYARD (Député/Maire UMP de Maison-Lafitte) du 8 MAI 2010
- Le 4 juin 1944, dans la soirée, le drapeau français est hissé sur le Palais Farnèse et flotte à nouveau sur notre Ambassade dans la Ville éternelle.
- Ce geste symbolique et solennel a eu un prix sans pareil, la route de Rome fut chèrement conquise par nos soldats aux côtés des Alliés commandés par le général britannique Alexander.
- La route de Rome s’appelle le Pantano, le Rapido, le Belvédère, la Meinarde, le Garigliano , Espéria, le Mont Cassin, autant de batailles et d’épreuves sanglantes, d’actes d’héroïsme.
- Tout commence ou presque à la Conférence de Téhéran en décembre 1943, Churchill propose d’ouvrir le 2ème front par l’Italie, la Yougoslavie, la Grèce en direction de Vienne, de Prague et Budapest.
Staline s’oppose à cette stratégie, l’avenir en donnera dans les faits, les terribles raisons. Roosevelt appuie la position de Staline, car il veut son soutien pour la création de l’ONU. Mais les Alliés décidés à porter le conflit en Italie ont franchi le détroit de Messine dès septembre 1943, après avoir conquis la Sicile en juillet-août de la même année.
- Le 21 novembre 1943 la 2ème division d’infanterie marocaine (2ème DIM) commandé par le Général Dody débarque à Naples et relève aussitôt la 34ème division américaine qui a été fortement malmenée par la Xème Armée allemande au Pantano. Le Pantano sera enlevé avec de lourdes pertes le 18 décembre 1943 ;
- Le 26 décembre, c’est la Meinarde qui est emportée, puis le Massif de la Monna Lasale.
- Le 1 er janvier 1944 le Général Goislard de Monsabert - le général belle figure - comme le nomment ses tirailleurs arrive à la tête de la 3ème division d’infanterie algérienne (3ème DIA).
- Le 25 janvier 1944 Montsabert traverse le Rapido et s’installe sur le Belvédère. Les combats sont acharnés, le Colonel Roux est tué. Les positions sont prises, perdues et reprises plusieurs fois.
- Le 4ème régiment de tirailleurs après l’attaque du Belvédère a les 2/3 de ses effectifs hors de combat.
- Le 10 février la division néo-zélandaise attaque à Cassin, c’est un échec. Les 15-16 et 17 février, le monastère est totalement détruit mais demeure en ruines, pour les Allemands, un site inexpugnable. Le Général Juin propose à Alexander de contourner le Mont Cassin et de prendre Atima nœud de communications sur la route de Rome. Il ne sera pas suivi.
- Le 15 mars, les Néo-Zélandais attaquent à nouveau, prennent la ville de Cassino, mais la 7ème division indienne échoue sur les pentes abruptes du monastère.
- Le 11 mai l’ensemble des forces alliées attaquent, les Allemands résistent et les repoussent. La 1ère division parachutiste allemande s’enterre dans les ruines et tient les positions.
- Seuls les Français ayant franchi le Garigliano progressent sur le Mont Aurunci, difficile d’accès, mais c’est un djebel familier pour les troupes nord-africaines.
Les mulets aux pieds sûrs assurent avec succès le transport du matériel, là où aucun véhicule ne passe.
Les Allemands sont débordés et les Français menacent de couper l’ennemi de ses arrières dans la vallée du Liki.
- Pendant ce temps les Polonais du Général Anders attaquent le Mont Cassin
Le 18 mai, ils y hissent leur drapeau. Sur les pentes du monastère, ils perdent 4000 hommes qui reposent près de la crête de la tête de Serpent.
« Nous, soldats polonais,
Pour notre liberté et pour la vôtre
Nous avons remis notre âme à Dieu
Nos corps au sol de l’Italie
Nos cœurs à la Pologne. »
- Le 23 mai ; la Xème armée allemande de Kesselring bat en retraite. La course sur Rome est désormais presque libre.
- Le 4 juin au soir les Alliés investissent la Ville éternelle sous les vivats de la foule, la même sans doute qui avait acclamé les fascistes.
- Le 5 juin un soldat américain, Leonard Rosenberg se présente à Vera Cacciatore, c’est dans sa maison qu’est mort John Keats et où ont séjourné Shelley, Leigh Hunt et Byron. Il lui demande de se recueillir dans la chambre mortuaire. Vera témoigne : « Dans la pénombre, je vis, dit-elle, des larmes jaillir derrière ses lunettes. »
L’amour de la poésie n’est-il pas plus fort que la guerre ?
- Le 13 juin la 2ème division d’infanterie marocaine défile devant le Général Juin, au droit du balcon de la Place de Venise, duquel le 10 juin 1940 Mussolini avait déclaré « courageusement » la guerre à la France !
La bravoure sans pareille de nos soldats de toutes origines quelles que soient la couleur de leur peau et leur religion, la valeur exemplaire des officiers, l’intelligence du Général Juin, stratège avisé, lavaient au prix du sang et d’épreuves innombrables, l’outrage fasciste !
Mais les événements de la campagne d’Italie vont bien au-delà des faits glorieux de nos armées, de leurs victoires si chèrement acquises.
Pour le Général de Gaulle, la campagne d’Italie n’est pas la bataille des batailles qui devait commencer le 6 juin sur les plages de Normandie.
Au demeurant, sur le plan militaire elle demeurera une victoire inachevée, « quasi inutile » dira l’un de ses vainqueurs le Général Juin, puisqu’après la chute de Rome les Alliés ne progressèrent qu’à pas comptés vers le Nord.
Kesselring acculé sur les Alpes ne s’est rendu que le 2 mai 1945.
Mais la campagne d’Italie a été pour la France d’une toute autre importance, elle marque son retour dans le camp des vainqueurs.
Pour le Général de Gaulle, chef du Comité français de Libération nationale, les troupes françaises libres ne pouvaient pas être une légion étrangère incorporée aux troupes alliées, comme des unités supplétives.
Mais elles constituaient bien les armées de la France au service de la République qui n’a jamais cessé d’être, même lorsqu’elle n’avait que pour simple abri, au plus fort de la tempête, une modeste demeure à Covent Garden.
L’emploi des forces de la France demeurait pour le Général de Gaulle une prérogative gouvernementale, une question de souveraineté.
N’est-ce pas le 3 juin 1944, à la veille de l’entrée des troupes françaises à Rome que le Comité français de Libération nationale se proclame Gouvernement provisoire de la République ?
Ainsi était inscrite dans l’Histoire la prééminence du politique sur les armes, ce qui demeure l’un des piliers de la République. A charge pour elle de mobiliser tous les moyens matériels mais aussi spirituels nécessaires à la défense et à l’indépendance de la Nation.
C’est de nous et de nous seuls, citoyens en armes, que dépend toujours notre liberté, comme cela a toujours été, depuis les temps multiséculaires de l’Histoire de France.
Nos glorieux aînés de la campagne d’Italie nous ont montré le chemin !
Vive nos Alliés
Vive la République
Vive la France
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