Iran, de la diplomatie à la guerre
Rien ne va plus en Iran. Les experts internationaux sonnent l’alarme depuis trop longtemps sur les plans nucléaires à peine voilés de Téhéran, tandis que les sanctions diplomatiques tardent à se mettre en place. Seul le ton a récemment changé. Paris, Washington et Moscou dénoncent enfin une "escalade iranienne" à laquelle le Président Mahmoud Ahmadinejad répond par la menace et promet que "si quiconque cherche à créer des problèmes à l’Iran, la réponse comportera cette fois quelque chose qui leur fera regretter l’adoption de sanctions". A mesure que la pression internationale monte, Téhéran montre son vrai visage et multiplie menaces et sous-entendus belliqueux.
Troisième producteur de pétrole au monde, l’Iran pourrait menacer la Chine enfin sensibilisée aux arguments déployés par les occidentaux de cesser ses livraisons de pétrole. Un accord pétrolier entre l’Arabie Saoudite et Pékin n’empêcherait plus la Chine de rejoindre le camp anti-iranien lors d’une prochaine réunion du Conseil de sécurité, tandis que Riyad craint tout simplement des représailles militaires iraniennes, voire de passer dans le monde arabe pour le pays qui servirait indirectement les intérêts d’Israël. Sur ce point, la ligne saoudienne ne change pas d’un iota, et demeure opposée à tout geste envers l’Etat juif tant que le conflit israélo-palestinien ne sera pas résolu…
Alliée stratégique du Hezbollah, du Hamas et des factions chiites d’Irak, l’Iran pourrait également inviter ses partenaires terroristes à s’attaquer aux intérêts occidentaux ou à ouvrir de nouveaux conflits armés contre Israël. L’argumentaire politique a même été déployé par Mottaki, le ministre iranien des Affaires étrangères, en réaction aux propos tenus par Hillary Clinton lors d’une visite au Qatar, sur le risque de dictature militaire. Téhéran accuse Washington d’avoir tué volontairement des innocents irakiens ou afghans… Mais il y a pire. Ahmadinejad a annoncé mardi 16 février l’installation d’une nouvelle génération de centrifugeuses qui seront bientôt utilisées pour son programme nucléaire…
Fondamentalement, les efforts de Barack Obama pour se rapprocher du monde musulman huit mois après le discours du Caire, comme la nomination d’un américain, Rashad Hussain, "Hafiz du Coran" (terme arabe désignant ceux qui connaissent par cœur le texte sacré musulman) à l’Organisation de la conférence islamique, ne devraient pas lui permettre de trouver de nouveaux appuis arabes dans sa volonté d’isoler les "extrémistes violents"…
Si Israël et les pays occidentaux ne peuvent se passer d’un minimum diplomatique pour empêcher à tout prix l’Iran d’atteindre ses objectifs nucléaires, le rôle de la Russie n’en est pas moins déterminant. Au lendemain de la visite à Moscou de Benyamin Netanyahou, Moscou a annoncé le report de la livraison à l’Iran de systèmes antimissiles S-300 qui pourraient aider Téhéran à repousser des frappes ciblées contre ses installations nucléaires. Mais sur ce point aussi, l’Iran fournit une réponse inquiétante en annonçant début février la fabrication imminente d’un système antimissiles équivalent, voire supérieur aux S-300.
Plus rien n’empêche aujourd’hui l’Iran de poursuivre son programme nucléaire. Les mesures dissuasives semblent épuisées. Il s’agit également de tenir compte d’une donne politique complexe, liée à la situation politique interne de l’Iran. Le régime d’Ahmadinejad n’est plus seulement contesté à Téhéran. L’opposition s’étend désormais à l’ensemble du pays, et les sanctions unilatérales auxquelles songent les occidentaux doivent se limiter aux responsables du régime des Mollahs, et notamment aux chefs politiques et aux Gardiens de la Révolution… Dans un pays où la révolte gronde, il est désormais interdit de pénaliser une population qui se rebelle contre un pouvoir illégitime, et irresponsable.
Les appels successifs lancés par le Premier ministre israélien semblent d’autant plus justifiés que l’Iran annonce le démarrage de la production d’uranium enrichi à 20%, dans un nouveau geste de défi à la communauté internationale. Benyamin Netanyahou exhorte celle-ci à agir, au-delà des mots, soulignant que la politique a ses limites. Pour la première fois en dix ans, l’Etat hébreu continue de demander un durcissement des sanctions internationales contre l’Iran, mais demande que l’option militaire soit ouverte. En écho, Nikolaï Patrouchev, secrétaire russe du Conseil de Sécurité, qui exprime enfin des doutes sur les ambitions nucléaires iraniennes, a rappelé "les limites de la patience" : "Il est très important qu’on en arrive pas à la guerre, mais il existe un risqu e que la guerre commence. Ce risque existe théoriquement et certains pays n’excluent pas des actions militaires".
Ce soir, nos pensées vont vers Guilad Shalit, otage du Hamas, soldat de Tsahal et citoyen français, privé de l'amour de ses parents depuis 1335 jours
Guy Senbel.
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