Le chemin qui mène de la guerre à la paix
Dans son discours à l'Arc de Triomphe, et qu'il adressait à la Chancelière d'Allemagne, mercredi 11 novembre, le Président français Nicolas Sarkozy a prononcé cette phrase retentissante et belle, "quand on va à Douaumont, du cimetière français au cimetière allemand, dans le lourd silence de ces lieux où dorment tant de morts, on parcoure dans sa tête le chemin qui mène de la guerre à la paix". Avant la paix des braves célébrée désormais, il y eut la guerre des braves, celle des poilus, et la foule innombrable, dont la France se souvient, des mutilés, des défigurés, des gazés.
La foule des malheureux, qui portèrent le souvenir de millions d'hommes morts dans l'un des plus grands massacres organisés dans l'histoire, n'est plus. Le dernier témoin de la "sale guerre" est mort l'an dernier.
L'histoire se souvient que la France et l'Allemagne condamnèrent leur jeunesse à la mort, et la guerre ne laissa aucun sursis aux braves, ces hommes dont la première qualité était de se battre jusqu'au bout ; le courage de mourir pour sa patrie, le vaillant défi à la mort que porte tout soldat, ainsi exaltés, réussirent à enflammer l'imagination patriotique.
Mortelle idéologie, la guerre honnie par des Européens d'après, dont Nicolas Sarkozy et Angela Merkel qui participait aux cérémonies célébrant l'Armistice du 11 novembre. Geste exceptionnel d'amitié, et de maturité aussi. L'Allemagne et la France se sont engagées dans un processus politique destiné à rendre la guerre impossible. Après s'être tant combattus, le peuple allemand et le peuple français décidèrent de regarder ensemble vers l'avenir. Le souvenir commun de l'horreur des tranchées et du malheur des veuves a fait du 11 novembre un jour pour la paix en Europe.
Le conflit franco-allemand aura duré soixante dix ans, ponctué par trois guerres traumatisantes et humiliantes, enchaînant haine et ressentiment. La paix franco-allemande dure depuis plus de soixante dix ans, invoquée, célébrée, entretenue et forgée par l'Europe.
Cette réconciliation franco-allemande ne s'est pas faite en un jour. Après les réparations, le plan Marshall, la CECA et la CEE, l'Union européenne est l'aboutissement d'un processus lent et difficile. Ces épreuves politiques ont été passées grâce à une volonté ferme et partagée. En Europe, le chemin menant de la guerre à la paix fut long et parfois tortueux, tracé par des hommes de bonne volonté, hantés par la guerre.
Le conflit israélo-palestinien dure depuis plus de soixante ans. Depuis le vote sur le plan de partage à l'ONU en 1947, rares furent les signes exprimant une volonté réelle de rapprochement, de dialogue, voire de paix. Après l'initiative d'Yitzhak Rabin et Shimon Peres qui, sous la houlette de Bill Clinton, entreprirent de signer des accords avec Yasser Arafat, Ariel Sharon fut le premier chef de gouvernement israélien a exprimé clairement qu'un Etat palestinien devait voir le jour. Il mit son plan en œuvre, selon ses propres méthodes, en se retirant de Gaza. Ehoud Olmert se montra aussi très enclin à négocier avec les Palestiniens, jusqu'à la guerre contre le Hamas au cours de l'hiver dernier, qui mit un terme à toutes les discussions, bloquées depuis un an.
La proposition martelée par Benyamin Netanyahou de relancer les pourparlers de paix sans conditions préalables est, dans l'histoire des relations israélo-palestiniennes, la troisième opportunité en vue de parvenir à une solution durable entre Israéliens et Palestiniens.
Le leader de l'Autorité palestinienne, qui exige le gel des constructions dans les implantations comme préalable à la relance des négociations de paix, décline encore une fois la proposition de Netanyahou, et manque peut-être une chance historique. Mahmoud Abbas va même jusqu'à mettre en jeu son rôle politique au sein de l'Autorité palestinienne. Le Président palestinien menace de ne pas se représenter aux prochaines élections palestiniennes, bloquées par le Hamas qui refuse de les organiser à Gaza. Ultime tentative de rétablir son autorité perdue.
Au Proche-Orient, le chemin qui mène de la guerre à la paix n'est pas encore tracé. Rien n'est vraiment fait pour rendre la guerre impossible, ou improbable. Aucun grand projet, institutionnel, politique, économique ou lié à la recherche, ne permet encore aujourd'hui aux Palestiniens et Israéliens de regarder ensemble vers l'avenir… L'Europe n'a pas canalisé les conflits. Elle les a transcendés.
Sur le chemin qui mène de la guerre à la paix, se trouve toujours Guilad Shalit, soldat de Tsahal et citoyen français, otage du Hamas à Gaza depuis 1237 jours.
Ce soir, nous pensons à lui.
A la semaine prochaine,
Guy Senbel.
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