En visite à Marseille pour dédicacer son livre "La Cité des hommes" à la librairie "Les Arcenaulx", Dominique de Villepin s'est prêté avec plaisir à l'exercice du tchat avec les Provençaunautes. L'occasion pour celui qui joue les trublions de la majorité de montrer qu'il prépare bel et bien son retour sur le devant de la scène politique
A l'heure où il lance son propre "club politique" (Villepin.fr, les amis de Dominique de Villepin) dans le but de créer une alternative à Nicolas Sarkozy, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac reste discret sur ce qui demeure son véritable objectif : la présidentielle 2012. Mais entre langue de bois habilement maniée et petits traits d'humour bien placés, ses ambitions transparaissent. Retour sur les moments forts du tchat :
- Le nouveau gouvernement
"J'ai toujours été fidèle à mon engagement gaulliste qui est de rassembler au-delà des partis, au-delà des courants", s'est contenté d'analyser Dominique de Villepin. L'ancien ministre de l'Intérieur s'est en revanche montré beaucoup plus prolixe sur la nomination de Frédéric Mitterrand à la Culture : "C'est un homme de culture et qui aime la culture. C'est donc un bon point de départ, reste pour lui à relever un défi d'importance dans ce ministère, se révéler aussi un administrateur".
- Le discours de Sarkozy à Versailles
Domique de Villepin ne s'en cache pas : il n'était pas favorable à la réforme constitutionnelle qui a permis à Nicolas Sarkozy de venir s'exprimer devant les parlementaires. Mais il n'hésite pas pour autant à qualifier "d'historique" le discours du président de la République, "le premier d'un président sous la Ve République ". Et d'ajouter : "Je suis heureux qu'à cette occasion le président de la République ait affirmé avec force l'importance de notre modèle social et de notre modèle républicain" Ce qui ne l'empêche pas de regretter que 'le président n'ait pas choisi de préciser d'emblée ces priorités compte-tenu de la gravité des défis que nous avons à affronter'.
- La loi Hadopi
L'ancien conseiller de Jacques Chirac ne considère pas que la loi contre le téléchargement soit une solution viable car son "volet sanction est loin d'être satisfaisant". Et ne la voit donc pas s'inscrire dans la durée : "Je pense que cette loi a vocation à être provisoire le temps de trouver un mécanisme innovant permettant de rémunérer les auteurs sur une base à définir. La licence globale est une de ces pistes, encore faut-il être capable de définir les modalités de sa mise en œuvre. Je crois que c'est l'enjeu des prochains mois".
- L'emprunt et la dette
L'ancien locataire de Matignon s'est montré rassurant mais critique sur le nouvel emprunt annoncé par Nicolas Sarkozy lors de la présentation du nouveau gouvernement : "L'emprunt peut avoir dans certaines circonstances une valeur pédagogique ou symbolique en mobilisant tous les Français face au problème de la dette". Il a néanmoins rappelé l'urgence d'une "mobilisation générale" face à la position française, "plus dangereuse que nos voisins et notamment l'Allemagne". Et de préciser : "Notre dette se situe en pourcentage un peu au-dessus de 80% de notre PIB (...) mais dans les prochaines années nous risquons de passer le cap des 100%. Il n'est donc pas question de laisser les choses dériver si nous ne voulons pas compromettre nos chances de relance et si nous ne voulons pas grever les chances de nos enfants".
- Clearstream
L'affaire Clearstream est-elle un complot politique ? "Je ne suis pas dupe du fait qu'il puisse y avoir des pressions directes ou indirectes, des instrumentalisations qui puissent peser sur un dossier de cette nature", reconnaît Dominique de Villepin. L'ancien chef du gouvernement s'est montré serein quant au procès qui aura lieu en septembre : "Je suis convaincu que la vérité apparaîtra dans les prochains mois à l'occasion du procès que j'attends avec impatience".
- Ses ambitions
Ses mimiques cachaient moins bien que ses paroles ses objectifs à court et à long terme. Ministre au sein du gouvernement Sarkozy ? "Compte-tenu du parcours qui est le mien, et de l'expérience acquise dans différents postes, je n'ai aucune ambition ministérielle", affirme-t-il. Candidat aux régionales ? "Je souhaite me présenter à des élections. Est-ce que les circonstances s'organiseront pour que cela soit possible aux régionales ou après, nous verrons bien". La présidentielle 2012 ? "J'ai affirmé mon désir d'aller à la rencontre des Français (...) Inch'allah comme on dit dans mon pays de naissance" (le Maroc, ndlr). Et les internautes d'insister en lui demandant s'il pourrait se présenter en candidat libre. Là encore, pirouette : "J'ai passé mon baccalauréat en candidat libre... ça m'a réussi. Mais il est vrai que j'avais 16 ans. Depuis, j'ai pris un peu de bouteille... mais j'ai toujours pris mes responsabilités".
- Son club Villepin.fr
"Mon objectif est de contribuer à la réflexion et à la proposition politique, explique Villepin. J'ai la chance de pouvoir voyager beaucoup en France et à l'étranger, et à ce titre je reçois de nombreux messages ou témoignages qui m'aident à formuler une vision alternative que je crois indispensable pour ma famille politique". Un moyen de se positionner comme le plus sérieux concurrent à Sarkozy dans trois ans ? "Je souhaite que Nicolas Sarkozy et le gouvernement se concentrent sur un nombre plus limité de réformes partagées par l'ensemble des Français et qu'ils s'assurent qu'elles soient efficacement menées à bien. Il y a trop souvent un décalage entre les intentions et la réalité, entre les lois votées et la vie des citoyens", se contente-t-il de répondre. |
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