L’emprunt national sera lancé début 2010.
Un séminaire a réuni dimanche tous les ministres autour de François Fillon pour réfléchir à quoi pourrait servir l’emprunt national. «Une grille de critères» encadre désormais «les grands projets d’avenir» qui seront définis comme prioritaires
Méthode, calendrier et objectifs. Le séminaire qui a réuni dimanche tous les ministres autour de François Fillon avait pour objectif de réfléchir à quoi pourrait servir l’emprunt national annoncé par le président de la République à Versailles. Comme il n’est pas question de «mettre n’importe quoi» dans le futur emprunt, selon l’expression du premier ministre, ce séminaire a surtout servi à fixer les règles du jeu.
«Une grille de critères» encadre désormais «les grands projets d’avenir» qui seront définis comme prioritaires : ils devront notamment avoir une véritable portée économique, être créateurs de richesse et d’emplois, répondre au retard économique de la France et à la fragilité de son tissu industriel, mais aussi répondre à des critères de rentabilité financière. Les investissements devront être productifs. En d’autres termes, l’argent de l’emprunt ne doit surtout pas financer des dépenses normales et pérennes de l’État. Pas plus qu’à créer de l’emploi public, a souligné hier le chef du gouvernement.
Nicolas Sarkozy a déjà esquissé un certain nombre de priorités : aménagement du territoire, éducation, formation professionnelle, recherche, santé, innovation. François Fillon a dès vendredi mis l’accent sur le numérique, les logiciels, les nanotechnologies, les biotechnologies, les écotechnologies et la voiture du futur. Une chose est sûre : l’emprunt ne financera pas un deuxième plan de relance, a assuré François Fillon.
Le calendrier permettant de dessiner «la France de demain» a ensuite été précisé. Le chef de l’État avait donné trois mois au gouvernement pour mener une concertation nationale. Le coup d’envoi a donc été donné hier, avant une seconde étape dès mercredi, jour où Nicolas Sarkozy recevra les partenaires sociaux pour discuter avec eux du sujet. Le mois de juillet devrait servir à affiner la méthode de travail et la prise de contact avec les participants à la réflexion (le monde de l’économie, de la recherche, de la culture, de l’éducation, les parlementaires, etc). Aux mois de septembre et octobre, des réunions thématiques auront lieu sous la houlette du premier ministre - la croissance verte, l’université de demain, la compétitivité du pays… Des conclusions devraient en sortir dans la première moitié de novembre. Restera enfin à les traduire législativement - dans une loi de finances rectificative ou une loi de programmation. Ce qui permettra de lancer l’emprunt dans la foulée, début 2010. Il devrait l’être auprès des marchés et des Français.
Parallèlement à la méthode, le séminaire d’hier a servi à réaffirmer la volonté du gouvernement de réduire le déficit structurel, en diminuant les dépenses. Matignon veut rester le gardien de la rigueur budgétaire… et ne veut pas laisser associer le lancement d’un emprunt à une hausse de l’endettement du pays.
Sur l’emprunt lui-même, aucun détail n’a été donné hier. Ni modalités (taux, durée…), ni montant. Certes, un emprunt national «coûte un peu plus cher» qu’une émission classique de titres, reconnaît-on au sein de l’exécutif. Mais il a «l’avantage important de fédérer les Français autour d’un projet». Selon un sondage Ifop publié dimanche dans le Journal du dimanche, ces derniers se montrent pour l’instant plutôt sceptiques sur la formule : 82 % assurent ne pas avoir l’intention de souscrire à un éventuel emprunt national lancé par l’État, contre 17 % qui y seraient favorables. Un chiffre jugé « énorme » par le ministre de la Relance, Patrick Devedjian. «Si 17 % des Français souscrivent à l’emprunt d’État, le succès est assuré», a-t-il dit hier sur Radio J.
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