Meir Poroush
Né en 1955 d’une famille présente en Israël depuis sept générations, Meir Poroush est père de douze enfants. Il a occupé durant 25 ans des fonctions politiques, dont ministre adjoint de la construction. Il est également député de la Knesset.
Maire adjoint de Teddy Kollek à Jérusalem pendant 7 ans, il est membre du conseil municipal depuis 13 ans. Il a acquis une popularité certaine en faisant voter une loi octroyant des aides et des réductions d’impôts aux jeunes couples qui viennent s’installer à Jérusalem. Avant de commencer sa carrière politique il a auparavant effectué son service militaire.
Projet central :
Meir Poroush entend mettre l’accent, s’il est élu, sur le logement (loyers trop élevés, quartiers vides, manque de logements…), l'éducation (fuite des étudiants vers Tel-Aviv), l'emploi, la sécurité, les transports (dossier particulièrement sensible en ce moment), l'environnement et la rénovation des quartiers défavorisés.
C’est d’ailleurs grâce à ces deux derniers domaines qu’il a bâti sa réputation d’homme de terrain en se spécialisant sur ces dossiers. « Je crois à la construction à Jérusalem. Je pense que c'est une priorité et je ne comprends pas pourquoi nous devrions céder Shdema et d'autres territoires, donner mauvaise conscience aux habitants d'Har Homa, libérer des terroristes, et bien d'autres concessions encore » disait-il récemment.
Il se vante d’ailleurs d’être celui qui, après l’assassinat d’Ysthak Rabin, a « rouvert les vannes de l’implantation et autorisé la construction de nombreux yshouvim ».
Rapport avec les autres communautés :
Bien que religieux, il assure n’avoir jamais favorisé qui que ce soit durant ses 25 années de carrière politique. Selon lui, en dépit des différences de pratique religieuse, « nous sommes les habitants d’une même ville et nous partageons les mêmes intérêts ».
Concernant les rapports avec la communauté arabe il estime que si c’est à l’Etat de faire régner la paix dans le pays, le maire de la ville doit protéger l’ensemble de ses citoyens car « lorsque les citoyens arabes sont satisfaits et épanouis, ils ferment la porte au terrorisme ».
Le mot de la fin :
« Je veux sauver Jérusalem (juive). Mon but n’est pas de promouvoir de nouvelles lois mais d’appliquer celles qui ont déjà été votées. N’oubliez pas que Meir signifie en hébreu ‘celui qui éclaire’».
Arcadi Gaydamak :
Homme d'affaire d’origine russe né en 1952, Arcady Gaydamak possède quatre autres nationalités : française, canadienne, angolaise et bien entendu israélienne.
Après avoir vécu une partie de son enfance en Russie et en Israël, il part s’installer en France en 1972. Sa fortune est estimée à environ 800 millions de dollars et il fait l’objet d’un mandat d’arrêt en France dans le cadre de l’affaire de l’Angolagate où il est suspecté d’être mêlé à un trafic d’armes durant la guerre civile en Angola.
En Israël il s’est fait connaitre du grand public en dépensant plusieurs dizaines de milliers de shekels en faveur des habitants de Sdérot et du nord du pays, respectivement touchés par les roquettes du Hamas et du Hezbollah. Il est également le propriétaire du célèbre club de foot « Beitar Jérusalem ».
Son parti politique « Justice sociale » présente des candidats dans une trentaine de villes.
Projet central :
Il veut faire de Jérusalem la « capitale de toutes les religions monothéistes » afin que la ville puisse profiter d’investissements et du soutien des institutions internationales telles que l’ONU. Le but de ce projet est de générer des emplois dans les secteurs touristiques, hôteliers, immobiliers et celui des transports.
Concernant le tramway, Arcadi Gaydamak considère ce projet comme « bénéfique et nécessaire » et n’envisage pas l’arrêt des travaux. Toutefois, il souhaite avancer étape par étape afin d’éviter un blocage total du trafic en ville.
S’il est élu, il promet de faire travailler les ouvriers de nuit pour terminer les travaux plus tôt car selon lui, la manière dont se déroule les choses est un « désastre. Les ouvriers ne font rien pendant des heures, c’est inacceptable ».
Parallèlement, il projette de diminuer les taxes des commerçants qui connaissent une baisse d’activité causée par les travaux.
Rapports avec les autres communautés :
Selon lui, « la population arabe de la ville est laissée de côté, nous devons faire en sorte que les tensions s’apaisent ». Il dénonce le fait qu’Israël ait « fait usage de la force armée dès qu’il y avait une situation de tension ».
Il souhaite mettre en place un développement économique et de nouveaux rapports basés sur le sport. « J'ai récemment rencontré le mufti de Jérusalem et je lui ai expliqué comment, à travers le sport, je compte mettre en place de nouvelles relations ».
Une politique qu’il a déjà mis en pratique par le rachat du club de sport de Sakhnin. Arcadi Gaydamak est d’ailleurs le seul candidat qui courtise ouvertement l'électorat arabe potentiel. Durant la campagne il a publié des encarts dans la presse arabe de Jérusalem en promettant de meilleurs services et en multipliant les visites dans les quartiers concernés.
Son programme n’omet cependant pas la communauté orthodoxe. Soucieux de montrer son soutien à la frange la plus pratiquante de la population, il a racheté l’hôpital Bikour Holim, essentiellement fréquenté par la population orthodoxe.
Selon lui, « les cercles religieux sont très importants car ils maintiennent les traditions à travers les siècles mais ils ne prennent pas en compte les intérêts des autres communautés ».
Le mot de la fin :
« Je crois que je suis le seul à avoir le charisme nécessaire pour accomplir cette tâche ».
Nir Barkat :
Nir Barakat marié et père de trois enfants est né en 1959. Il a grandi et a été éduqué dans la capitale d’Israël. Il a servi l’armée en tant que parachutiste et commandant de sa compagnie. Diplômé de l’Université Hébraïque de Jérusalem en sciences informatiques et détenteur d’un master en business et management, il a fondé le plus grand logiciel éducatif en hébreu existant à l’heure actuelle à destination des écoliers.
Au sein du conseil municipal de la ville, il est membre de la commission des finances, de la planification, de la construction et occupe la fonction de chef de l’opposition. Ses domaines de prédilection ont été le logement, la construction, les transports, la culture, la jeunesse, l’éducation, le sport, les personnes âgées et les nouveaux immigrants.
Projet central :
Nir Barkat souhaite renforcer la place du centre-ville par la réorganisation des transports et le développement des quartiers déjà construits. Dans cette optique il prévoit de bâtir des pistes cyclables et des chemins plus appropriés pour les piétons.
Il entend développer les comités de quartiers afin de faire participer d’avantage les habitants de la ville aux décisions prises par la municipalité. Il planifie aussi de lutter contre les « quartiers fantômes », phénomène engendré par l’acquisition par les touristes de nombreux appartements qui restent vides la plus grande partie de l’année.
Sur le plan touristique, Nir Barkat est particulièrement ambitieux puisqu’il veut atteindre d’ici dix ans le nombre de dix millions de touristes par an. Ce projet devrait permettre la création de 100 000 emplois.(A titre de comparaison, 2,3 millions de touristes se sont rendus en Terre sainte pour l’ensemble de l’année 2008).
En ce qui concerne la jeunesse, il affirme qu’en tant que « chef de la plus grande organisation de jeunesse à Jérusalem ‘Nouvel Esprit’, je sais comment faire pour que les jeunes ne quittent pas la ville ». A destination de cette catégorie de population, il prévoit d’octroyer des réductions d’impôts et des bourses.
De plus, il souhaite adapter les transports de la ville avec les besoin du mode de vie de la jeunesse. Il promet par ailleurs que « conformément à l’esprit du Judaïsme et du Sionisme, l’éducation trouvera une place centrale dans le quotidien de Jérusalem». A cet égard il prévoit la création d’un fond spécial.
Rapports avec les autres communautés :
Sur ce point, le programme de Nir Barkat reste relativement silencieux. Il s’engage toutefois à mettre fin à « l’Est sauvage » (allusion à la partie arabe de Jérusalem ndlr) en augmentant les investissements dans cette partie de la capitale et en y renforçant l’application de la loi et la sécurité.
Le mot de la fin : « Nous voulons tous une Jérusalem différente, revitalisée. La merveilleuse Jérusalem. Ensemble nous bâtirons cette ville. Le temps de notre Jérusalem est arrivé ! ».
Le camp laïc remporte la mairie de Jérusalem
De notre correspondant à Jérusalem, Adrien Jaulmes
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Outsider du scrutin, le controversé Arkady Gaydamak, hier dans un bureau de vote à Jérusalem, est le seul candidat à avoir vraiment fait campagne dans les deux parties de la ville. Crédits photo : AFP
Son candidat, un homme d'affaires fortuné, a obtenu 52% des voix, devançant de 9 points son rival ultra-orthodoxe. Aucun des grands partis traditionnels israéliens n'avait présenté de candidat aux municipales dans la ville sainte.
Le candidat laïc Nir Barkat, un homme d'affaires fortuné de droite, a remporté mardi les élections municipales à Jérusalem, avec 52% des voix, selon les résultats officiels définitifs. Son rival ultra-orthodoxe le rabbin Meir Porush a obtenu 43% des suffrages, tandis que le milliardaire d'origine russe Arcady Gaydamak arrivait en troisième position avec 3,6% des voix au terme d'un scrutin qui n'a mobilisé que 42% des électeurs de la ville sainte.
«Cette victoire est celle de ceux qui aiment notre incroyable ville, capitale éternelle du peuple juif», a adéclaré Nir Barkat. Crédits photo : AP
«Ce soir, Jérusalem a gagné», s'est félicité Nir Barkat. A l'instar de ses adversaires, le laïc a défendu une ligne dure, se montrant favorable à la poursuite de l'implantation juive à Jérusalem-Est, annexée par Israël et traditionnellement arabe, et rejetant toute éventuelle concession aux Palestiniens dans le cadre d'un futur plan de paix.
La mairie de Jérusalem a été disputée jusqu'à la dernière minute. Le candidat laïc, l'homme d'affaires Nir Barkat, était donné vainqueur hier soir selon les sondages de sortie des urnes avec 50 % des voix, contre 42 % pour le rabbin orthodoxe Meir Porush, son principal rival.
Mais l'écart n'a cessé de se resserrer au cours de la soirée. Le maire sortant, le religieux orthodoxe Uri Lupolianski, ne se représentait pas, et aucun des trois grands partis israéliens n'avait présenté de candidat à Jérusalem pour les municipales qui se tenaient hier en Israël.
Ni Kadima, le parti du centre, ni les Travaillistes à gauche, ni le Likoud à droite n'ont fait campagne dans cette ville, qui représente pourtant 10 % de la population israélienne.
La plus divisée, la plus sensible, et la plus symbolique de toutes les municipalités du pays reste un terrain difficile. La religion pèse à Jérusalem bien plus lourd que les programmes de gestion municipale, et les clivages y sont plus tranchés qu'ailleurs.
Une partie des Hiérosolomytains ne votent pas : les 250 000 arabes de Jérusalem-Est, occupée depuis la guerre des Six Jours en 1967, boycottent dans leur grande majorité le scrutin. Les arabes de la ville peuvent participer aux élections municipales, mais refusent de le faire pour ne pas entériner l'annexion de Jérusalem, dont Israël a fait sa capitale en 1980, sans que ce statut soit reconnu internationalement. Les hésitants hésitent d'autant plus que l'Autorité palestinienne et le Hamas ont officiellement appelé au boycott.
Du côté israélien, la campagne s'est jouée à droite, les principaux candidats s'opposant à toute division de la ville. Mais les électeurs restent très divisés, entre religieux orthodoxes et laïcs.
Les «hommes en noir», juifs traditionnalistes de diverses obédiences, représentent à Jérusalem une force d'autant plus importante qu'ils sont capables de se mobiliser plus qu'aucun autre électorat. Membre de la Knesset, élu sur la liste de l'Union pour la Torah, un parti religieux orthodoxe, Meir Porush a cherché a atténuer son côté austère en se faisant présenter sur ses affiches par le dessin d'un personnage souriant et barbu.
Trop chère, trop religieuse
Son principal adversaire, laïc, n'était pas pour autant un modéré. Nir Barkat, ancien parachutiste ayant fait fortune dans l'informatique, technocrate plus efficace que charismatique, s'oppose lui aussi à remettre en question le principe d'indivisibilité de Jérusalem.
Ses partisans ont fait campagne pour «sauver la ville», alors que beaucoup de jeunes et d'entreprises quittent Jérusalem, trop chère, trop religieuse, et aux infrastructures insuffisantes.
«Nous ne sommes pas contre les orthodoxes, explique Benjamin Lachkar, l'un des conseillers de Barkat, mais on ne veut pas qu'ils imposent leur mentalité de ghetto, préoccupée de leurs seuls intérêts. Nous voulons aussi établir des services municipaux dans la partie est de la ville, qui est complètement délaissée.»
Le seul candidat à avoir vraiment fait campagne dans les deux parties de Jérusalem était l'outsider du scrutin, Arkady Gaydamak. L'homme d'affaires d'origine russe, propriétaire du Betar, le club de football de la ville, prévenu dans l'affaire de l'«Angolagate» actuellement jugée en France, s'est plus que ses adversaires adressé aux arabes des quartiers ouest de la ville, tout en courtisant les diverses catégories d'électeurs israéliens. Mais il n'avait pas réussi ces derniers jours à rattraper dans les sondages ses deux principaux opposants.
Aucun des candidats n'a en revanche vraiment séduit les électeurs de la gauche libérale. Meron Benevisti, ancien maire adjoint, historien et éditorialiste, n'envisageait même pas d'aller voter : «Jérusalem a été une ville dispersée depuis 1967, une série de quartiers reliés par des routes en mauvais état. Ce sont des problèmes existentiels et nationaux, et le maire de Jérusalem ne dispose d'aucun des outils pour régler cette triste situation», a-t-il constaté.
Source: Le Figaro.fr
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