Bombay, un 11 septembre indien
Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur l’assaut terroriste sans précédent dont a été la cible de la capitale économique de l’Inde, Bombay, dans la nuit du 26 au 27 novembre. Le bilan provisoire fait état de 125 morts et de près de 500 blessés. Si l’incertitude demeure sur l’identité exacte des terroristes, les revendications de cet attentat qualifié de « lâche et odieux » par le Président Sarkozy, et les premiers éléments communiqués par les sources officielles indiquent qu’il s’agit encore d’une action menée par un groupe issu de l’islamisme radical.
L’Inde n’a pas tardé à réagir. Malgré une condamnation officielle de l’attentat par le Pakistan, le Premier ministre indien a « fermement » mis en garde Islamabad. New Dehli tient pour responsable de l’attentat un groupe islamique étranger.
Les « combattants » ont attaqué sept sites différents à Bombay, dont deux hôtels prestigieux fréquentés par des occidentaux, mais aussi deux hôpitaux, un cinéma, un restaurant, et un centre communautaire juif. Solidement armés, les assaillants ont tiré dans toutes les directions, semant une mort aveugle, engageant des combats contres des policiers et des soldats de l’armée indienne. Les Moudjahidin ont pris des personnes en otage, et ce sont des détenteurs de passeports britanniques, américains et israéliens qui ont été choisis.
Certains depuis ont été libérés, dont le rabbin Gabriel Holtzberg, pris en otage par la douzaine de terroristes qui ont pris d’assaut le centre communautaire juif de Bombay, un centre « Habad » qui accueille principalement des touristes israéliens.
L’attentat de Bombay ne ressemble pas aux autres. Il ne s’agit pas cette fois d’explosions de bombes, comme ce fut le cas à Jaipur le 13 mai dernier, Ahmedabad le 26 juillet, New Dehli le 13 septembre, ou dans l’Etat d’Assam, totalisant 220 morts. Cette attaque que certains nomment déjà le « 11 septembre indien », pourrait s’inscrire certes dans l’histoire du conflit entre la majorité hindoue et la minorité musulmane en Inde, mais elle n’a pas pour objectif de « venger » les émeutes anti musulmanes de 2002.
Les attentats de Bombay visent principalement l’Occident, comme le montrent le choix des cibles et la « sélection » des otages.
A Bombay, les terroristes ont mené dans la nuit du 26 au 27 novembre une véritable opération militaire qui implique un haut niveau de préparation et des moyens financiers importants. Il est difficile de ne pas imaginer que le groupe financier qui a revendiqué l’attaque ne soit pas affilié à une organisation terroriste comme Al-Qaïda.
Et comment ne pas rapprocher le 27 novembre à Bombay du 11 septembre à New York ?
C’est la même désolation et le même désespoir dans les rues et dans les cœurs, l’expression d’une même difficulté à lutter contre des organisations qui fondent leur stratégie sur la lâcheté du terrorisme, et qui partagent une idéologie semblable, basée sur la haine de l’Occident et des « Sionistes ».
Soutenus, inspirés, ou tout simplement affiliés au groupe fondé par Oussama Ben Laden, les « Moudjahidin du Deccan », auteurs de cette spectaculaire attaque, étaient encore hier inconnus. On sait aujourd’hui que les « Moudjahidin du Deccan » sont un sous ensemble du mouvement djihadiste indien, proche d’un syndicat étudiant islamiste, le « Simi », fortement influencé par des groupes pakistanais. Les accusations du gouvernement indien ne sont pas infondées.
Ce soir, nous pensons aux otages français, américains, britanniques et israéliens de Bombay, aux innocentes victimes par centaines d’un terrorisme aveugle et dangereux, qui s’implante et s’organise.
Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, soldat de Tsahal et citoyen français, otage du Hamas à Gaza depuis 887 jours.
A la semaine prochaine,
Guy Senbel.
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